En dehors du fait que les propos extrémistes tenus par ce professeur, propos relayés par la presse nationale, n’ont plus rien à voir avec la science et la santé publique, on observe que ce professeur piétine la loi en omettant de signaler qu’il est payé par l’industrie pharmaceutique. Le professeur Bricaire est contraint par l’article L.4113-13 du Code de la Santé Publique de déclarer ses conflits d’intérêts afin que l’on sache si ce qu’il dit est influencé ou non par les lobbys. Il méprise autant la science que le Code de Santé Publique qui régit sa profession. Ce manquement peut lui valoir une plainte disciplinaire ou même judiciaire classique afin de faire cesser cette propagande d’autant que ces cas se multiplient de plus en plus dans les médias qui, en les relayant, deviennent des usines à désinformation et à fake news.
“M. Bricaire a reçu plus de 8 400 € de la part de plusieurs laboratoires, et notamment MSD France, Sanofi Pasteur MSD, Pfizer ou encore Novartis Vaccines and Diagnostics.”
Agnès Buzyn, actuelle ministre de la Santé, vient de lancer un véritable buzz médiatique sur le sujet des vaccins obligatoires et recommandés.
Elle envisagerait sérieusement de rendre 8 vaccins supplémentaires obligatoires, une mesure applaudie par les experts lourdement payés par l’industrie pharmaceutique qui commercialise les vaccins visés.
La déferlante des avis sur les vaccins obligatoires
Après l’annonce de la volonté de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de vouloir rendre obligatoires 11 vaccins pédiatriques au lieu de 3, les interventions se multiplient dans la presse, aussi bien de la part des défenseurs de cette mesure coercitive que des défenseurs des libertés vaccinales.
Ainsi, le journal Le Point publiait, le 16 juin 2017, les propos du Pr Bricaire, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris et décrit comme un « fervent défenseur de la vaccination » qui soutient « la proposition de la ministre de la Santé ».
L’analyse des propos du Pr Bricaire pourrait être résumée en 3 mots :
Extrémisme, désinformation et illégalité.
1. Pourquoi des propos extrémistes ?
Selon l’infectiologue, la problématique des vaccins, et notamment de rendre 8 vaccins supplémentaires obligatoires, ne se résumerait qu’à la question de la surcharge du système immunitaire des nourrissons. Bricaire prévient que « [le système immunitaire des nourrissons] est soumis à bien plus rude épreuve avec tous les antigènes présents dans l’air, la terre ou encore les aliments et avec lesquels nous sommes en permanence en contact. Ce ne sont pas onze antigènes vaccinaux qui vont changer les choses. »
Le Pr Bricaire oublie manifestement que la question des vaccins est éminemment plus complexe que ça, et ne pourrait se résumer à ce seul point. Chaque vaccin implique une discussion autour de son efficacité, de ses risques, de l’épidémiologie et de la biologie de la maladie visée, de la fiabilité et de la qualité des publications scientifiques, du suivi des effets secondaires à travers la pharmacovigilance, ou encore de l’étude des facteurs de risques, etc.
Des propos extrémistes, car le Pr Bricaire ne souhaite pas laisser de recours aux parents pour se substituer aux éventuelles nouvelles obligations vaccinales. Selon lui, tous les enfants doivent y être contraints sans avoir la possibilité d’y échapper légalement. Cette déclaration extrême vous laisse juge sur la volonté abusive de coercition du professeur.
Des propos extrémistes, car le Pr Bricaire ne souhaite pas que l’obligation soit temporaire, de 5 à 10 ans comme la ministre l’a annoncé, mais plutôt définitive. Selon lui, dans 5, 10, 15 ou 20 ans, nous aurions toujours autant d’arguments pour obliger « les gens à se protéger de la rougeole ou de la méningite », selon les exemples qu’il a choisis.
2. Pourquoi de la désinformation ?
Selon le Pr Bricaire, tous les professionnels de santé devraient être vaccinés contre la grippe, car les « explications et les recommandations ne suffisent pas » . L’infectiologue de Paris rajoute « qu’il est important de protéger ses malades […], que l’altruisme doit exister. »
Il est étonnant, même extrêmement étonnant, de noter qu’un professeur en infectiologie soit pour l’obligation vaccinale contre la grippe des professionnels de santé uniquement par « altruisme ».
Et la science professeur ? Qu’est-ce qu’on en fait ? On la laisse de côté ou bien on s’en sert pour produire des recommandations de santé publique efficaces et pertinentes ?
Rendez-vous bien compte, une méta-analyse publiée en 2013 par l’une des revues scientifiques les plus prestigieuses au monde, servant justement à épauler les pouvoirs publics dans l’établissement de ces recommandations, dénonce l’inefficacité des programmes de vaccination contre la grippe des professionnels de santé pour protéger les personnes les plus à risque, les seniors de plus de 60 ans.
Cette analyse complète de la littérature a été publiée dans les Systematics Reviews de la revue Cochrane et précise, formellement, que les programmes de vaccination des professionnels de santé n’ont donné lieu à aucun bénéfice sur les cas de grippes vérifiés, sur les complications, et sur la mortalité des personnes vivant en établissements de soin adapté (EHPAD).
Les chercheurs stipulent depuis 2013 que :
« Nos résultats n’ont pas identifié de preuves concluantes des bénéfices des programmes de vaccination des professionnels de santé au niveau des attendues tels que les cas de grippes vérifiés en laboratoire, ses complications (les infections des voies respiratoires inférieures, les hospitalisations et les morts à cause de ces infections des voies respiratoires), et sur toutes les causes de mortalité des personnes âgées de plus 60 ans qui vivent dans des institutions de soins. »
Le plus grave dans cette histoire de vaccination contre la grippe, c’est la position officielle du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), qui reconnaît l’absence de bénéfice de la vaccination des professionnels de santé, mais recommande, envers et contre tout, l’usage du vaccin.
3. Pourquoi de l’illégalité ?
En tant que professionnel de santé qui s’exprime au sujet de produits pharmaceutiques dans la presse écrite, le professeur Bricaire est contraint par l’article L.4113-13 du Code de la Santé Publique de déclarer tous ses liens avec les entreprises ou établissements produisant ou exploitants des produits de santé, comme les vaccins.
L’article du code de la santé publique est très clair :
« Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu’ils s’expriment lors d’une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits. Les conditions d’application du présent article sont fixées par décret en Conseil d’État. Les manquements aux règles mentionnées à l’alinéa ci-dessus sont punis de sanctions prononcées par l’ordre professionnel compétent. »
Pourtant, ni le professeur Bricaire, ni les journalistes du Point n’ont trouvé bon de mentionner les nombreux conflits d’intérêts du professeur, ses nombreux avantages et conventions signées avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques qui commercialisent des vaccins.
De l’illégalité puisque selon la base de Transparence Santé du Gouvernement qui recense les avantages perçus par les professionnels de santé entre 2012 et 2016, Bricaire a reçu plus de 8 400 € de la part de plusieurs laboratoires, et notamment MSD France, Sanofi Pasteur MSD, Pfizer ou encore Novartis Vaccines and Diagnostics.
Le Pr Bricaire, qui a largement témoigné en faveur de l’obligation contre la rougeole, la rubéole, les oreillons mais aussi la grippe, a reçu précisément plus de 5 100 € de la part de Sanofi Pasteur, Abbott et MSD, qui commercialisent des vaccins (MMR vaxpro, Alfarix Tetra, Vaxigrip et Rouvax) contre ces maladies.
De l’illégalité toujours, car le Pr Bricaire est également le signataire de 63 conventions pour des activités de conseil, pour avoir participé à des études de marché, assisté à des congrès ou des conventions scientifiques ainsi que des évaluations diverses pour le compte des industriels du médicament.
Ainsi, le Pr atteste de 9 conventions avec Sanofi Pasteur MSD pour des contrats d’orateur, pour des activités de conseil ou pour des participations lors de congrès. Des activités qui auraient impérativement dû être déclarées dans l’article du Point. Si les rémunérations de ces conventions ne sont pas connues, car rien ne contraint les professionnels à les déclarer, elles peuvent atteindre 10 000 € la convention pour une journée de conseil.
Le professeur possède également 11 conventions pour des activités de conseil, pour des réunions professionnelles ou scientifiques et des congrès avec la société Pfizer, qui commercialise notamment des vaccins contre les méningites, justement choisi en exemple par le Pr Bricaire dans son exposé.
La rédaction du Point informée
À la lumière des déclarations du professeur Bricaire, extrêmes et inexactes, j’ai immédiatement prévenu la rédaction du Point du manquement au Code de la Santé Publique, qui contraint le professeur de déclarer ses liens d’intérêts avec les industriels dont il commente les produits de santé.
Les positions du Pr confortent l’idée selon laquelle la défense de cette nouvelle mesure est avant tout idéologique, avant d’être scientifique et factuelle.
Ce genre d’article, qui omet sciemment ou non de déclarer les liens d’intérêts des auteurs, n’apporte rien pour enrichir le débat. Au contraire, on doit impérativement les critiquer, et dénoncer le cas échéant les omissions scientifiques ou légales.
– Dur à avaler