Très intéressante information qui résume parfaitement la mécanique de la magouille maçonnique en ce qui concerne les captations d’héritages ou les mises sous curatelle d’adversaires afin de s’approprier leurs biens… C’est une mécanique bien huilée à découvrir en lisant les deux articles ci-dessous dont celui de L’Express de 2010 en fin de page.
L’affaire du legs d’environ 1 million 200000 euros en 2006 par un Cantalien de 93 ans à la Fondation GLNF (dite Fondation pour la promotion de l’Homme) devrait donner lieu à un procès en correctionnelle au printemps 2016… soit dix années après la signature du testament contesté par six héritières de Pierre Gaston. C’est en tout le calendrier le plus probable, selon les informations données à L’Express par le parquet du Tribunal de Grande instance de Draguignan. Cette affaire, L’Express l’avait révélée en juillet 2010.
Comme souvent dans les affaires sans détenu, la justice a été lente. Le dossier a aussi subi deux successions de juges d’instruction et un recadrage par la Chambre de l’Instruction de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence. Du coup, la plainte des héritières Gaston de mars 2009, via leur avocat parisien Me Francis Pudlowski, a conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire du parquet puis une information judiciaire et trois mises en examen pour abus de faiblesse en 2010… une enquête qui aura donc duré six années !
Par ordonnance du 23 mars 2015, trois personnes sont ainsi renvoyées en correctionnelle : Jean Aussel, alors notaire à Vidauban (83) et dignitaire national de la GLNF, sa compagne Christine Kalafatélis, exécutrice testamentaire pour 60000€, et Michel Brun, médecin à qui Gaston a légué son pavillon du Luc évalué à 800000€.
«L’appartenance de Jean Aussel à la franc-maçonnerie est au cœur du débat, car elle est à l’origine partielle de l’infraction commise», écrit le juge d’instruction Matthieu Grand dans son ordonnance. Il reproche au Notaire Aussel d’avoir «profité de l’état de faiblesse de Pierre Gaston pour que ce dernier consente ce legs à sa compagne, de même que pour gratifier une fondation dans laquelle il était très impliqué.» Le magistrat veut-il dire qu’en tant que haut dignitaire national (il est alors Grand Inspecteur) il avait intérêt à enrichir la Fondation de son obédience?
Les facultés mentales très altérées de Pierre Gaston
Deux mois avant la signature du testament chez Me Aussel, Pierre Gaston, 93 ans, borgne, avait fait une chute, avec traumatisme crânien. Le rapport d’expertise concluait à des troubles neuropsychologiques affectant la mémoire, l’attention, les capacités de jugement et de prise de décision. «M. Gaston ne possédait pas les facultés mentales pour signer un tel document [le testament]», résume le praticien expert auprès de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence. Affirmation que cite le juge d’instruction dans son ordonnance. Il observe que le docteur Michel Brun était informé du syndrome frontal de Gaston dès le 2 mars 2006 et s’interroge sur la justification des 60000€ reçus par Christine Kalafatélis pour un «rôle limité au choix du cercueil». Pierre Gaston est décédé le 11 mai 2006, soit moins de deux mois après la signature du testament.
Entendus dans le cadre de l’enquête, Jean Aussel et Michel Brun ont affirmé que Pierre Gaston avait toute sa tête au moment de la signature du testament. Jean-Charles Foellner, ancien Grand Maître de la GLNF, n’a a été interrogé lui que le 13 novembre 2014 par un fonctionnaire de police à la demande du juge d’instruction (et après intervention de la Cour d’appel) et a expliqué (selon le magistrat instructeur) «que Pierre Gaston n’avait aucune raison de gratifier sa loge, ni la fondation qui en dépendait.» Contrairement à des rumeurs malveillantes et insistantes, Jean-Charles Foellner n’a jamais été mis en examen. Sa proximité maçonnique avec Aussel a fait fantasmer, comme sa proximité géographique avec Pierre Gaston (ils résidaient tous deux au Luc, dans le Var).
C’est que le juge d’instruction n’a pas suivi la suggestion des magistrats de la Cour d’appel : ils demandaient que Jean-Charles Foellner soit entendu et «d’envisager le cas échéant à l’issue des investigations la qualification de recel d’abus de faiblesse à l’égard du légataire universel», autrement dit la Fondation GLNF… Fondation qui échappe donc à la mise en examen.
La Fondation GLNF suspendue au procès correctionnel de 2016
En revanche, la Fondation GLNF est visée par une action judiciaire civile des héritiers évincés de Pierre Gaston pour faire annuler le testament litigieux. La Fondation présidée par le Grand Maître de la GLNF Jean-Pierre Servel est donc contrainte de provisionner à la fois le legs de 1 million 206980€ mais aussi le loyer de 75000€ par an (puisque le legs est constitué d’une partie d’immeuble parisien louée à un restaurant), soit un total qui peut être estimé à 1,9 million d’euros. Une somme que les six nièces qui se disent lésées espèrent récupérer après annulation du testament si le tribunal correctionnel prononce une condamnation pour abus de faiblesse.
Je ne suis pas parvenu à joindre ni Jean Aussel, ni les conseils des trois mis en examen.
