Là encore, ce chiffre dramatique n’est jamais traité dans les médias contrairement aux accidentés de la route, par exemple. Mais comme il n’y a aucun moyen d’installer des radars dans les chantiers afin de piller encore plus les citoyens via les amendes, le gouvernement n’en a cure…
En France, environ 500 personnes décèdent annuellement d’un accident du travail.
L’analyse statistique de ces disparitions révèle des disparités – voire des inégalités – en termes de zones géographiques et de catégories sociales. Une matière brute précieuse alors que la pénibilité est un élément central des dernières réformes, celle du marché du travail et celle en cours sur les retraites.
« Moi, je n’adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible ». Ainsi s’exprimait Emmanuel Macron, lors du lancement de la consultation sur l’avenir des retraites, le 3 octobre à Rodez. La pénibilité au travail est de fait au cœur du débat sur la réforme. Les syndicats appellent à de nouveaux critères pour mieux la prendre en compte. Si les mines ou les usines décrites par Émile Zola ou Charles Dickens appartiennent au passé, la pénibilité au travail signifie encore pour certains salariés, dans le pire des cas, la mort. L’analyse statistique rappelle cette réalité cruelle et dément les propos avancées par la députée et porte-parole d’En Marche Aurore Bergé : « Mourir au travail : sérieusement ? On en est encore là de la vision du monde du travail ? », estimait l’élue sur Twitter.
Explorer ces informations chiffrées, c’est également saisir les profondes inégalités qui existent entre les professions sur le terrain des accidents du travail.
Accident du travail
« Est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un employeur ou chef d’entreprise. » selon l’article L. 411-1 du code de la sécurité sociale.
Plus de 500 personnes meurent au travail en France chaque année
Chaque jour 1,5 travailleur a perdu la vie dans un accident du travail en France en 2018, recense le rapport annuel sur les risques professionnels de l’Assurance maladie. Sur les 900 000 accidents de travail recensés la même année, on compte 551 décès.
Les ouvriers, victimes principales du travail
Les ouvriers sont la catégorie professionnelle la plus exposée aux accidents du travail et aux blessures : ils ont 40% de risque de se blesser au cours de leur carrière contre 16% pour les cadres, selon une étude de l’Institut national de statistiques (INSEE), parue en 2013.
Cette vulnérabilité plus élevée se confirme au niveau des décès : 66% des accidents mortels au travail concernaient des ouvriers, relève la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (Dares) en 2012, alors qu’ils représentent seulement 20,3% de la population active.
Le bâtiment et les transports, métiers à risque
Sur les 551 personnes décédées au travail en 2018, les salariés du bâtiment et des travaux publics (BTP) ainsi que ceux des transports sont largement surreprésentés dans ces disparitions : 107 personnes sur des chantiers en 2018 (soit près de 20%). C’est 126 dans l’industrie…
Clément Rouget
Pour l’Éco
17 janvier 2020