
En réalité tous les professionnels du secteur savent qu’une très grande crise est à venir, elle sera plus violente que celle de 2008 avec des conséquences plus lourdes sur l’économie et l’emploi mais tout le monde continue de faire semblant que le système est solide et continuera de fonctionner une éternité. Comment expliquer un tel aveuglement ? D’autant qu’il n’est nul besoin d’avoir une formation poussée en économie ou en mathématiques, car il suffit de constater qu’aucune décision sérieuse n’a été prise à partir de 2008 pour éviter les erreurs de l’époque. Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, il suffit de patienter pour le constater…
Les articles et les livres sur la crise de 2008 ne se comptent plus, au point que l’on y perd parfois son latin : la crise serait-elle due à la complaisance des États, au laxisme des régulateurs, à la cupidité des banquiers ?
Sans doute les trois. Toutefois, s’il fallait retenir deux réflexions de toute cette bibliothèque, nous prendrions celles de Martin Wolf, le chief economist du Financial Times, et de Anat Admati et Martin Hellwig, respectivement professeur à Stanford et directeur de l’institut Max Planck.Dans « The Shifts and the Shocks », Martin Wolf dépasse les simples considérations concernant l’hubris des banquiers. Il souligne que notre système est génétiquement faible, parce qu’il repose sur la monnaie fiduciaire, qui permet certes aux banques centrales de faire tourner la planche à billets, et aux banques commerciales de faire tourner la machine à crédits. Mais lorsque la confiance s’évapore, la crise devient existentielle. Or, cette confiance qui est à la base de la valeur de la monnaie risque d’être soumise à de nouveaux chocs, qui pourraient provenir des déséquilibres mondiaux, de l’excès d’épargne et de l’excès de dette, des changements technologiques disruptifs, des maux non […]
Pierre-Henri Thomas