C’est effrayant le nombre de pseudo intellectuels escrocs plagiaires qui se trimbalent dans nos médias sans rougir et donnant des leçons de morale, d’économie ou de civilisation. Entre Ardisson, le rabbin Bernheim, J. Macé-Scaron, Botul, Alain Minc,… Ah ces phares de la pensée, ces photocopies ambulantes qui ne souffrent aucune sanction et continuent leur entreprise de subversion sous le regard désabusé du peuple.
Le tribunal de grande instance de Paris a condamné, mardi 2 juillet, Alain Minc pour avoir plagié 47 passages dans son dernier ouvrage L’Homme aux deux visages : Jean Moulin, René Bousquet, itinéraires croisés (Grasset) à partir d’une autre biographie.
Accusant Alain Minc de plagiat, Pascale Froment, dont la biographie René Bousquet (Stock, 1994, réédité en 2001) fait référence, avait saisi le tribunal de grande instance en référé. Son ouvrage était cité dans la bibliographie de celui d’Alain Minc, mais nulle part dans le corps du texte. Elle demandait l’interdiction de la diffusion de l’ouvrage et 100 000 euros de dommages et intérêts.
47 reprises sur 308 emprunts invoqués
Outre l’insertion d’un encart dans chaque exemplaire du livre, la présidente Marie Salord a condamné solidairement M. Minc et son éditeur à verser à Pascale Froment 5 000 euros de dommages et intérêts provisionnels, et 6 000 euros pour les frais de justice. Dans son ordonnance, la juge a dressé un tableau dénombrant 47 reprises (sur 308 emprunts invoqués). Si chacune d’elles “prise isolément ne constituerait pas une contrefaçon, leur addition dans les 75 pages consacrées par Alain Minc à René Bousquet établit la reprise partielle de caractéristiques essentielles de la biographie de Pascale Froment”.
S’appuyant sur ce tableau comparatif, la magistrate a estimé que contrairement à ce qu’il soutient, Alain Minc “ne s’est pas contenté de reprendre des éléments purement factuels, historiques ou informatifs de l’ouvrage de Pascale Froment”. “S’il n’a pas servilement copié les extraits de la biographie […], Alain Minc a manifestement reproduit, en cherchant à modifier a minima les phrases, le plus souvent en résumant des passages et en changeant quelques mots ou expressions”, a tranché la juge.
Similarités dans la formulation et la construction des phrases
“Cette recherche tendant à donner l’impression de s’éloigner du texte de l’œuvre première n’exclut pas à l’évidence la contrefaçon tant sont similaires la formulation et la construction des phrases” d’Alain Minc, a-t-elle ajouté. La magistrate a en revanche estimé que Pascale Froment ne pouvait invoquer la protection par le droit d’auteur pour les citations inédites qui sont le fruit de son travail.
“L’hommage que je rends à Mme Froment, c’est qu’aujourd’hui on est obligé de passer par elle, seule biographe, pour évoquer la vie de René Bousquet”, déclarait Alain Minc au Figaro du […]
Le Monde / AFP