Voltaire sur les peuples de l’Europe
Il est inutile, quelque temps après l’assassinat de la députée travailliste anglaise, qui macule de son sang cette opération de sortie annoncée et non encore réalisée, car accompagnée de marchandages, de la Grande-Bretagne, dont l’ex Président De Gaulle ne voulait pas de la présence sur le Continent, faut-il le rappeler, la voyant, à juste raison, comme le cheval de Troie des USA, chacun y va de son violon : l’Europe est présentée comme une nécessité, et l’indépendance nationale toute utopique par ailleurs, à cause des disparités de la force de travail, la solution immédiates aux difficultés réduisant la misère des villes du Royaume-Uni, pays qui a le plus fort taux de pauvreté d’Europe occidentale, dans l’enfance (sans tenir compte de l’immigration), et ce depuis longtemps, par égoïsme social ! En fait, les observateurs découvrent à un public décontenancé que le pays n’avait adhéré à cette organisation d’une Europe unie théoriquement, et non pas réellement, – car il faut un certain niveau commun pour faire équipe, ce qui n’est point le cas – , que conditionnellement, avec des privilèges dont ne disposent point d’autres Etats. Serait-ce à dire que le Royaume-Uni s’est retiré de ce dans quoi il n’était point franchement entré ? Que cette économie qui a attiré, comme un aimant, la ferraille de tous les traders formés dans nos écoles de commerce, au versant du siècle, campant à Londres et attendant que la manne de la finance tombe sur eux, lancée du ciel des affaires sur la City, n’a pas continué de vivre en vampire non pas seulement du continent, mais du monde ? Il n’y a pas à s’étonner que pareille économie ait pu, par contre coup, favoriser l’autarcisme ou autonomie économique et politique de l’Italie du fascisme naissant, après que la maçonnerie d’un frère Mazzini réfugié à Londres au XIXe siècle ait fait reposer l’unité prétendue italienne sur une monnaie, la lire, liée, durant des générations, à la livre sterling, jusqu’à ce que Mussolini coupe la tête de cette hydre – comme nous le rappelait le suisse italien San Giorgo -, avant de se retrouver plus tard pendu, atrocement mutilé par les partisans du communiste et plus Valerio, et de plus exécuté à la demande, dit-on sérieusement, de Churchill !
Reprenons un mot de philosophe sur l’Europe, qui change des déclamations de nos tribuns et parasites des organisations bruxelloises, ou des piliers de pubs alcoolisés britanniques qui se disent racistes et vivent cependant d’un Empire qu’ils ont transplanté à Londres : il suffit d’aller du port au centre verdoyant des jardins si agréables du reste, pour traverser l’Asie indienne dans des rues sordides favorables aux maladies pulmonaires ! L’hypocrisie est la vraie reine des lieux et son couronnement plus ancien que l’assassinat de la princesse Diana !
« Que les Français sont grands quand un maître les guide ! »
Dans son discours préliminaire à un poème de 1745, sur la fameuse victoire de Fontenoy contre l’Angleterre où les troupes étaient commandées par son brillant camarade d’études du collège de Clermont -devenu Louis le Grand – le Maréchal duc de Richelieu, comme lui de l’Académie française, plus de deux cents ans donc avant l’élection de l’académicien Finkielkraut, Voltaire écrit ainsi sur ce qui fait l’Europe, et que notre oligarchie moderne veut détruire, à coup de guerres et d’administration, justifiant ainsi ce beau mot de Gobineau à un collègue diplomate autrichien (natif de Graz, le comte Prokesch Osten), que « l’administration, c’est la révolution » ! Entendez, le mode d’opérer du bouleversement révolutionnaire ! Car, disons le tout de suite, ce ne sont pas « les nations » que brise l’idée actuelle d’Europe et la politique de ceux qui y entrent et en sortent, mais le terroir de celles-ci, qu’est justement l’Europe réelle, celle que l’ex Président De Gaulle qualifiait d’Europe européenne : elles n’en sont ou n’en forment que la société, alors que l’Europe, ce qui est plus profond, est la communauté de sensibilité et de réflexion : « Les peuples de l’Europe ont« , écrit si élégamment alors Voltaire « des principes d’humanité qui ne sont point dans les autres parties du monde. Ils sont plus liés entre eux, ils ont des lois qui leur sont communes ; toutes les maisons des souverains sont alliées ; leurs sujets voyagent continuellement et entretiennent une liaison réciproque. Les Européens chrétiens sont ce qu’étaient les Grecs : ils se font la guerre entre eux ; mais ils conservent dans leurs dissensions tant de bienséance, et d’ordinaire de politesse, que souvent un Français, un Anglais, un Allemand qui se rencontrent, paraissent être nés dans la même ville. Il est vrai que les Lacédémoniens et les Thébains étaient moins polis que le peuple d’Athènes ; mais enfin toutes les nations de la Grèce se regardaient comme des alliées qui ne se faisaient la guerre que dans l’espérance certaine d’avoir la paix : ils insultaient rarement à des ennemis qui, dans peu d’années, devaient être leurs amis. C’est sur ce principe que l’on a tâché que cet ouvrage » – la célébration voltairienne de la victoire de Fontenoy – fût un monument de la gloire du roi, et non de la honte des nations dont il a triomphé.
Pareil texte est aujourd’hui lisible si un rat de bibliothèque vous l’apporte, mais il était publiquement accessible dans les classiques Garnier, à l’usage des lycées, en 1923, en annexe au poème patriotique sur Henri IV intitulé le chant d’Henri ou en grec la Henriade, 336 pages.
Un vers est à citer (op.cit. p. 329) qui fait sentir la misère présente et vraisemblablement, plus encore future, et de la France et des peuples de l’Europe, comme des autres continents brisés par la même oligarchie qui dévore le monde après avoir incendié l’Europe, deux fois, tant la vérité, à ce niveau d’intelligence, est universelle et se fond avec l’esprit divin :
Que les Français sont grands quand un maître les guide !