En 2008, la crise dite des subprimes avait confronté le gouvernement américain à une « terrible » question : fallait-il laisser les grosses banques faire faillite – au risque de créer un effondrement financier apocalyptique – ou alors renflouer leur caisse avec l’argent du contribuable ? Le choix avait rapidement été fait et les banques responsables de cette crise d’ampleur mondiale se sont vues accorder des sommes astronomiques, et ce, sans contrepartie.
À l’époque, l’administration Bush avait inlassablement invoqué le principe du Too big to fail (trop gros pour tomber) pour expliquer le bien-fondé de sa décision de sauver les banques : il était inconcevable d’abandonner les plus influentes banques du pays, car cela créerait un effet domino qui entraînerait la ruine pour tous.
Dans le scandale Tariq Ramadan, la réaction des fanatiques du philosophe, et surtout celle de certains dirigeants musulmans, interpelle. Tariq était-il Too big to fail ? Sa chute signifie-t-elle la mise en danger des musulmans en France ? C’est l’idée sous-jacente que veulent véhiculer les initiateurs de la détestable campagne de soutien à l’islamologue. Selon ses partisans, cet homme qui aurait tant fait pour l’islam, qui se serait battu pour la veuve et l’orphelin musulmans, qui aurait sauvé tant de jeunes de la perdition, qui se serait, en fin de compte, sacrifié pour la communauté, cet homme donc ne pouvait pas tomber, ne pouvait pas être emprisonné.
Le poids de ses bonnes actions perçues l’aurait rendu intouchable, en aurait fait un pilier de l’islam presque. Sa détention provisoire deviendrait, par conséquent, une injustice évidente qui mettrait à mal le travail de toute une vie à défendre l’islam en France et dans le monde.
Pour les tariquiens fanatiques, l’emprisonnement de leur champion annonce une chasse sans merci aux musulmans. C’est ainsi que, dans leur logique, tous les musulmans doivent impérativement se mobiliser pour faire libérer l’accusé et le défendre. Il en va de la sécurité de toute la communauté ! Dans une vidéo visant à soutenir Tariq Ramadan, Mohammed Minta va jusqu’à imposer « l’obligation de lui venir en aide ».
Pourtant, d’autres musulmans, anonymes eux, ont été placés en détention provisoire bien avant Tariq Ramadan, et cela n’avait pas ému outre mesure ceux qui prétendent agir pour le bien-être de leurs co-religionnaires à travers la campagne Free Tariq. Quelle crédibilité faut-il alors accorder à cette action ?
En réalité, ce mouvement s’apparente davantage à de l’enfumage et à de la manipulation qu’à de l’altruisme. La sagesse aurait commandé que les responsables de confession musulmane fassent preuve de réserve, non seulement au vu des accusations portées, mais également de l’ampleur de ce dossier à portée internationale.
Dans son Coran, Allah (سبحانه و تعالى) nous informe qu’Il a fait tomber des peuples dont la puissance paraissait irrésistible ; des hommes semblant inattaquables. La seule chose qu’il reste à dire à ceux qui se réclament de l’islam et à qui la lucidité fait cruellement défaut :
À nous nos œuvres et à vous vos œuvres [Coran 42:15]
Alice