Il y a des gens qui se sont levés un matin en se disant pourquoi ne pas empoisonner de la nourriture halal dans les supermarchés afin de tuer un maximum de musulmans. En dehors du fait que cette action est d’une grande lâcheté, on ne peut que s’étonner et s’épouvanter de l’état d’esprit de certaines personnes, elles-mêmes victimes d’une propagande anti-musulmane spectaculaire et historique.
Parmi les projets d’attaques des dix individus proches d’un groupe de l’ultradroite arrêtés le week-end dernier, et mis en examen mercredi par un juge antiterroriste, certains voulaient empoisonner de la nourriture halal dans les rayons spécialisés de supermarchés, révèlent LCI et BFMTV.
L’opération n’était pas concrètement ficelée mais elle avait un nom, « projet halal ». Elle voulait être menée par plusieurs des membres de l’ultradroite arrêtés le week-end dernier dans toute la France. Ces personnes, liées au groupuscule AFO (pour « Action des forces opérationnelles »), ambitionnaient de faire le plus de victimes possibles au sein de la communauté musulmane en empoisonnant de la nourriture halal dans les rayons spécialisés de supermarchés. C’est ce que révèle jeudi soir LCI, information évoquée également par BFMTV.
Âgés de 32 à 69 ans, les suspects – neuf hommes et une femme – n’ont pas eu le temps de mener à bien cette attaque : le coup de filet antiterroriste dans la nuit de samedi à dimanche les a conduits en garde à vue. Tous ont été mis en examen mercredi soir par un juge antiterroriste pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », certains étant également mis en cause pour des infractions sur les armes et pour la fabrication et la détention d’engin explosif en relation avec une entreprise terroriste.
Ce projet d’attaque divisait le groupe
Des documents retrouvés lors des perquisitions menées au domicile de plusieurs de ces membres d’ultradroite ont permis aux enquêteurs d’en connaître davantage sur leurs différents projets d’attaques. LCI rapporte que leurs recherches avaient commencé concernant les moyens pour accéder aux produits halal et les contaminer. La chaîne d’information précise également que plusieurs des personnes ont reconnu ce projet lors de leur garde à vue. Mais ce plan semblait diviser le groupe de militants, certains préférant s’attaquer à des imams radicaux. Parmi leurs cibles étaient par ailleurs évoqués des islamistes sortant de prison.
Le groupuscule en question, dont le chef serait un policier à la retraite, proclamait son ambition de lutter contre le « péril islamiste », notamment sur le site « Guerre de France ». Il était depuis deux mois dans le viseur de la justice car il « essayait de recruter de nouveaux membres et d’étendre son maillage territorial », avait expliqué mercredi le parquet. Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont rapidement identifié un programme de formation au combat et des stages de survivalisme ainsi que des réunions pour « définir des objectifs et des actions à mettre en œuvre pour les atteindre », selon le ministère public.
Le nom d’un supermarché en région parisienne cité
Une « réunion conspirative » s’était ainsi tenue en avril en Bourgogne, avec entraînement au maniement des armes, et des « débuts de repérages » ont été détectés, a ajouté une source proche du dossier à l’AFP. Celle-ci précisait alors que des suspects avaient aussi l’idée de s’en prendre, outre des musulmans sortant de prison et des mosquées radicales, à des femmes voilées ou des supermarchés halal. LCI précise que le recours à un puissant pesticide pour tuer les rats avait été aussi évoqué lors de ces réunions secrètes. Enfin, le nom d’un supermarché situé en région parisienne avait été cité par des protagonistes comme cible potentielle.
Les enquêteurs ont par ailleurs établi que des membres « cherchaient à se procurer des armes » et que certains « avaient testé des explosifs et des grenades de confection artisanale ». Trente-six armes à feu et des milliers de munitions ont été retrouvées lors de perquisitions chez des suspects, y compris des éléments « entrant dans la fabrication d’explosif de type TATP », avait précisé le parquet mercredi dans un communiqué.Outre leur chef présumé Guy S., né en 1953 et vivant à Tonnay-Charente (Charente-Maritime), un ancien militaire et un ex-professeur, un artisan et un employé de restaurant figuraient également parmi les interpellés, a précisé à l’AFP la […]
Arnaud Focraud – Europe1 [JDD] / AFP