La prophétie de Trump
Il a dit, dans son discours de Floride, ce que nous n’avions point entendu d’autres candidats présidentiels que les Clinton sont criminels, il entendait parler non seulement de son adversaire, mais bien au pluriel, du groupe existant sous ce nom, l’ancien Président appartenant, est-il besoin d’y insister, à la maçonnerie, et son probable successeur à la Maison Blanche escomptant monter au pouvoir en rassemblant ceux que le chant de l’internationale – composé du reste par un franc-maçon parisien – qualifie de damnés de la terre. Les Clinton, assure-t-il sont des criminels, il le martèle trois fois et citons le contexte : “Ils mentent, mentent, mentent et feront pire. Ils feront tout ce qu’il est possible d’entreprendre contre toi. Des gens qui sont capables de pareils crimes contre leur propre nation sont capables de tout.” Mais là est l’estocade finale qui a provoqué la colère du New York Times du 13 octobre écrivant que ces propos justifieraient une intervention de la ligue contre la diffamation car ils font appel, contre Hillary, à une rhétorique usée par le national-socialisme, lequel au regard de l’opinion de plusieurs milieux financiers est bien plus alarmant que toute forme de bolchevisme ou de socialisme brutal : « Car de tels propos, écrit le journal influent, rappellent des calomnies historiques contre les juifs ». Et Trump de poursuivre : « Hillary Clinton s’est secrètement entendue avec des banques internationales dans le but d’extirper la souveraineté des États-Unis pour que la finance internationale soit encore plus puissante et plus riche. Les amis spéciaux d’Hillary attachés à la poursuite de ces intérêts sont également leurs soutiens financiers. » Ce sont en fait non pas cette allusion transparente à la puissance de la FED qui a le plus fait vomir la presse américaine liée à Wall Street, car cette force n’est un secret pour personne, et le plus jeune apprenti en marxisme ou en mélenchonisme, dirions nous ici, en fait sa monnaie courante, mais c’est le jugement proprement politique qui est une nouveauté et que l’on n’entendra jamais dans la bouche du prince des oligarques en Russie, car il y appartient aussi : « La centrale de la puissance politique mondiale se trouve précisément ici en Amérique. Notre système corrompu est la plus grande force derrière les efforts vers une globalisation radicale et une privation des droits de ceux qui travaillent. » En fait ce fameux communisme qui montrait son étoile mondiale dans ses armoiries soviétiques, n’était que l’image trouble de ce qui s’organise depuis les États-Unis, mais un tel discours de Trump a pour mission apparente de donner l’illusion aux Américains que leurs élites, du moins partiellement, luttent contre cette force mondiale établie parmi eux, alors qu’il n’en est rien, et Hillary Clinton va ramasser tous les débris de ce peuple que le système aura mobilisé finalement dans plusieurs conflits pour la réalisation d’intérêts impliquant la perte de toute indépendance politique américaine.
Ce discours restera dans les mémoires américaines et la génération électorale la plus jeune y verra un de ces avertissements prophétiques, au sens biblique de ces paroles inspirées, dites par ceux qui se faisaient systématiquement massacrer par leurs auditeurs. Nul n’est prophète en son pays, dit le sens commun, mais avons nous de ne serait-ce que des petits prophètes en France républicaine devenue le toutou aboyeur de cette globalisation. Imaginez-vous un Mélenchon, pourtant fort en gueule, dire une seule phrase du démagogue cité ?
Chacun sait, en haut lieu de la politique américaine telle serait la valeur de ce discours, l’orientation mondiale du pouvoir occulte qui la dirige, et dont on fait remonter à l’assassinat de Lincoln, la constitution, puis l’affermissement à la fin de 1913 : que chacun se souvienne de ce que les marches de son pouvoir sont la guerre civile et générale, partielle ou totale, et que le candidat Trump aura dit ce sont, parmi les décombres, se remémora une énième génération sacrifiée.
Qu’il nous soit permis de citer un épisode financier des relations américano-européennes que l’on retrouve maintenant. Dans la seconde partie du 19e siècle, les malversations de certains banquiers américains ruinèrent des banques allemandes qui avaient investi dans leurs chemins de fer, et à présent, pour dissimuler leurs responsabilités de 2008, les Lehmann Brothers et Goldmann Sachs pour incriminernt la Banque d’Allemagne, qu’ils accusent d’être à l’origine de ce qu’on n’ose pas appeler leur infortune. C’est ainsi que le système avance masqué, larvatus prodeo !
Pierre Dortiguier