Les positions politiques du FN concernant les questions essentielles sont d’une grande contradiction trouvant son explication dans les derniers recrutements LGBT-maçonniques (F. Philippot, G. Collard…). Idem pour le mariage pour tous, la filiation, donc PMA et GPA… Sans oublier le laïcisme républicain imbécile, contraire à toute l’histoire de l’extrême-droite… Bref, le compte à rebours est lancé, vers une scission prochaine du FN.
Parfois, il faut savoir revenir aux « fondamentaux ». Surtout en période de tensions.
Depuis un peu plus d’une semaine, les dirigeants du Front national – à savoir Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot – s’opposent par médias interposés à propos de l’avortement. Tout a commencé avec un entretien accordé par Marion Maréchal Le Pen à Présent, quotidien catholique traditionaliste.
La députée du Vaucluse y affirmait qu’en cas de victoire à la présidentielle en mai 2017, « il faudra revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement car les femmes sont des êtres responsables qui doivent être traités comme tel ». Elle ajoutait qu’elle défendait « l’adoption prénatale » ainsi qu’un « délai de réflexion pour éviter les décisions précipitées ».
Ce à quoi Marine Le Pen a répondu dans nos colonnes qu’il n’y aurait « aucune modification, ni du périmètre, ni de l’accès, ni du remboursement de l’IVG ».
Florian Philippot, numéro 2 du FN et opposant interne à Marion Maréchal, a estimé pour sa part sur BFMTV que la petite-fille de Jean-Marie Le Pen était « seule et isolée » sur ces questions.
Enfin, Marine Le Pen a voulu clore le sujet, dimanche 10 décembre, lors du Grand-Jury RTL-Le Figaro-LCI en affirmant que ces débats étaient des « bisbilles » sur des « sujets lunaires ». Et a assuré que si, en 2012, elle avait évoqué « les avortements de confort » pendant la présidentielle, c’était « une forme de concession en réalité à ceux qui avaient fait le choix de Bruno Gollnisch » qui s’était présenté contre elle à la présidence du FN et qui représentait l’aile « nationale-catholique » du parti d’extrême droite. Sauf que la vérité est un peu plus compliquée que cela.
Position ambiguë
Marine Le Pen a toujours eu une position ambiguë sur l’IVG, essayant de se montrer plus moderne que son père tout en ne froissant pas l’aile conservatrice et catholique de son électorat. Si elle n’a jamais remis en cause la Loi Veil de 1975, elle a pourtant condamné en 2012 ce qu’elle appelait donc les « avortements de conforts ». Ce sont les conséquences de cette ambiguité originelle que Marine Le Pen doit régler aujourd’hui.
Et si elle l’a fait, ce n’était pas pour faire plaisir à un Bruno Gollnisch, alors presque totalement absent de la campagne présidentielle et qui ne cherchait pas à peser sur les orientations politiques de la candidate à l’Elysée. Elle a, de fait, toujours défendu cette position.
Lors d’un Forum organisé par Elle à Sciences-Po en avril 2012, elle condamnait ainsi « les femmes qui avortent deux, trois, quatre fois » et qui feraient de l’IVG une sorte de « moyen de contraception ». « Je suis attachée à ce droit », assurait-elle.
Avant d’ajouter : « Oui au droit à l’avortement, non à celles qui abusent de ce droit (…) et que la communauté nationale ne doit pas prendre en charge ». Pour Mme Le Pen, « beaucoup de femmes n’ont pas d’autres choix que celui d’avorter », à cause notamment de la précarité économique. Lors de ce même Forum, Marine Le Pen réaffirmait également sa proposition de mettre en place l’adoption prénatale (ce qui risquerait d’accorder un statut à l’embryon, et in fine de remettre en cause le droit à l’avortement).
« Qui est pour l’avortement ? »
Ces prises de position étaient déjà présentes dans son premier livre, A Contre flots, véritable bréviaire du « marinisme »publié par Grancher en 2006. La future présidente du FN y posait les jalons de sa pensée sur le droit à l’IVG.
Sur quatre pages, Marine Le Pen réclamait « un choix » pour les femmes, c’est-à-dire « la possibilité éventuelle de refuser l’avortement en leur accordant les moyens d’assurer à leur enfant un avenir correct ». « N’est ce pas [aux côtés des femmes qu’il faut être] pour leur redonner la chance de garder leur enfant, qu’il faut aujourd’hui mener le combat? », ajoutait-elle, après avoir rappelé qu’une « part infime » des femmes ayant recours à l’avortement le faisaient « comme d’un mode de contraception ».
« Qui est pour l’avortement? », s’interrogeait-elle encore. Et d’affirmer qu’il « fallait tout mettre en oeuvre pour réduire au maximum le nombre d’avortements » tout en ne passant pas par « des mesures coercitives » – qui seraient « inefficaces et cruelles » – ni par l’abrogation de la loi de 1975. Mme Le Pen plaidait au contraire pour des « mesures incitatives, doublées d’une vraie politique d’information et de prévention auprès des adolescentes « afin de mieux « lutter contre l’avortement ».
Soit des propositions quasi-identiques à […]
Abel Mestre – Le Monde