Il faut être d’une grande naïveté pour virtualiser la monnaie et croire à la fiabilité et la longévité de ce système. Déjà, toute l’économie s’est écroulée et l’endettement a atteint des records historiquement inégalés. À partir du moment où la monnaie papier elle-même a été désindexée du métal or, elle ne peut refléter la réalité des échanges et des équilibres économiques. Avec une monnaie totalement virtuelle, c’est encore plus stupide et suicidaire.
Pour permettre à Bitcoin de passer à l’échelle supérieure et de supporter davantage de transactions, une partie de la communauté a fait entorse à ses principes.
La communauté du Bitcoin vit une lutte fratricide. Depuis plusieurs mois, les utilisateurs de cette cryptomonnaie, qui permet de réaliser des mouvements de fonds sécurisés et rapides à travers le monde, s’entre-déchirent sur son avenir. Une frange de la communauté, insatisfaite de l’évolution prévue pour cette monnaie, a tranché ce mardi. Elle prendra son indépendance cet après-midi par la création d’une nouvelle blockchain, Bitcoin Cash. Ce groupe mise sur une augmentation de la taille des blocs utilisés pour chaque transaction, afin de permettre d’en réaliser davantage, sans que le réseau soit saturé.
L’issue d’une telle séparation est encore difficile à prévoir. « L’enjeu est de savoir quelle « chaîne » deviendra la principale et éclipsera, éventuellement, l’autre », remarque Alexandre Stachtchenko. Tout nouvellement créé, le Bitcoin Cash pourrait tout aussi bien disparaître que perdurer, et trouver sa place parmi les centaines de cryptomonnaies existantes.
Les sécessionnistes font appel à un procédé baptisé « hard fork » qui nécessite une intervention humaine, ce qui fait entorse aux principes mêmes de la communauté Bitcoin. « Il y a une sorte d’allergie au « hard fork » sur Bitcoin », explique Alexandre Stachtchenko, cofondateur de Blockchain Partner et président de La Chaintech, qui vise à favoriser la visibilité des acteurs francophones de la blockchain. « Ces dernières années, il y a toujours eu une volonté d’éviter ce recours extrême. » Pour garantir la sécurité et la transparence de ses transactions, la blockchain fait en effet prévaloir le code sur l’intervention humaine. L’an passé, la suggestion d’un « hard fork » pour remédier à un vol important sur une autre blockchain, Ethereum, avait suscité une levée de boucliers. « De manière générale, une telle scission pourrait renvoyer une mauvaise image de Bitcoin », ajoute Alexandre Stachtchenko. « Elle montre que la blockchain n’est pas si inaltérable, mais surtout, que la communauté est sujette à d’importantes tensions internes. »
Une coexistence à venir
À partir de ce mardi 1er août, deux chaînes Bitcoin coexisteront côte à côte. À chacune correspond une philosophie différente. Les partisans de la nouvelle, Bitcoin Cash, promeuvent une démocratisation du bitcoin. « Selon eux, le bitcoin devrait être une monnaie accessible à tous, avec laquelle nous pourrions réaliser des transactions du quotidien », explique Quentin de Beauchesne, de la communauté spécialisée CryptoFR. « Une telle démocratisation implique que le réseau puisse supporter beaucoup de transactions, d’où leur volonté d’augmenter la taille des blocs ». Dans l’absolu, la création de cette nouvelle cryptomonnaie devrait permettre de multiplier par huit le nombre de transactions traitées.
Les défenseurs du Bitcoin traditionnel estiment que sa valeur tient surtout à sa solidité et à sa décentralisation. « Son seul atout est de résister à la censure et d’être difficile à attaquer, du fait de sa décentralisation », précise Quentin de Beauchesne. Ils ont pour leur part opté pour le protocole SegWit. Voté fin mai, lors de l’accord de New York, il mise sur une […]
Elsa Trujillo – Le Figaro