Déjà, avant toute chose, l’escroquerie de cette communication réside dans le fait d’appeler « hausse de salaire » la rémunération de missions supplémentaires qui n’existaient pas avant ! C’est extrêmement gênant et pourtant ça passe, car les journalistes et ce qui est considéré comme le personnel politique français sont d’une profonde stupidité et d’une corruption avancée. À l’instar de la retraite minimum à 1200 € qui était un des gros mensonges, une des grosses manipulations des dernières semaines, nous avons ici un second mensonge du ministre de l’Éducation, sauf que l’AFP considère que c’est une simple « imprécision ». En d’autres termes, le gouvernement ne ment jamais, il ne manipule jamais, il ne trafique pas les chiffres officiels, il manque juste de précision. En revanche, tous ceux qui dénoncent les mensonges du gouvernement sont considérés comme des propagateurs de fake niouzes et sont, évidemment, extrêmement dangereux pour la démocratie !
Bizarrement, les imprécisions sont toujours avantageuses pour le gouvernement ! Curieux non ?! Les augmentations sont toujours et systématiquement revues à la hausse afin de faire accroire que la situation des salariés s’améliore. Si c’était une erreur malencontreuse, elle devrait statistiquement exister dans les 2 sens, jamais en sens unique. Prendre les Français à ce point pour des imbéciles est extrêmement gênant, insupportable, surtout lorsque c’est fait par des incompétents et des vauriens notoires.
Depuis Ganges, dans l’Hérault, Emmanuel macron a comme attendu annoncé (lien archivé ici) le 20 avril 2023 des augmentations de rémunération pour les enseignants.
Elles comporteront une part versée à tous, une “hausse inconditionnelle” de “100 à 230 euros” nets mensuels, et une part pour ceux qui accepteront de nouvelles missions rémunérées “jusqu’à 500 euros par mois” dans le cadre d’un “pacte”, a-t-il expliqué. L’augmentation pourrait atteindre jusqu’à 3.750 euros bruts par an.
C’est ce que résume le ministère de l’Education sur son site (archive) dans son dossier de presse dont est extraite la page ci-dessous :
Capture d’écran, réalisée le 24 avril 2023, du dossier de presse du ministère de l’Education nationale diffusé le 20 avril 2023
Mais pour les syndicats, hors de question (archive) de “travailler plus pour gagner plus” alors que la profession alerte depuis des années sur ses conditions de travail et de rémunération dégradées. Quant aux augmentations promises, “le compte n’y est pas” selon eux.
Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a précisé le lendemain les modalités de cette hausse. Interrogé sur France Inter, il a indiqué que “c’est 10% en moyenne : ça peut dépasser 10% dans certains cas, on est même à plus de 11% dans les premières moitiés de carrière”. “Ensuite c’est moins”, a-t-il ajouté, évoquant des hausses “de 3 à 4%”, tout en faisant valoir qu’“initialement, les secondes moitiés de carrière ne devaient pas connaître d’augmentation”.
C’est ce qu’il détaille à 7 minutes 05 secondes dans la vidéo ci-dessous :
Mais 10% par rapport à quand ? Le ministre ne le précise pas.
Comme nous le verrons, ce taux n’étant qu’une moyenne, il recouvrirait aussi logiquement des progressions très variables, parfois supérieures, mais aussi dans la majorité des cas bien inférieures à ces 10%.
C’est ce qui ressort des chiffres d’un document du ministère que l’AFP a obtenu et authentifié auprès de plusieurs sources les 20 et 21 avril 2023, et mis en ligne ensuite par le ministère.
Ce document, composé de tableaux Excel, n’apparaissait pas sur la page du site du ministère intitulée “ce qui change à la rentrée 2023” pour les enseignants à la date du 24 avril (lien archivé). En revanche, le document y était bien visible le 26 (lien archivé).
Ces tableaux récapitulent les niveaux de rémunération des enseignants avant la mesure, en septembre 2020 et septembre 2022, puis ceux attendus pour septembre 2023, d’une part pour la hausse de la rémunération dite “socle”, d’autre part en cas de souscription aux trois niveaux successifs du “pacte” prévoyant de nouvelles missions.
La hausse de la rémunération “socle” se fera via une hausse de la prime d’attractivité et des indemnités que touchent les enseignants pour le suivi des élèves (réunions de parents, conseils de classe…): l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (Isae) dans le premier degré et l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (Isoe) dans le second degré.
Le document décline des chiffres en deux tableaux : un pour les seuls enseignants du public, un second additionnant rémunérations des enseignants du public et du privé.
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Gaëlle Geoffroy
25 & 26 avril 2023