L’adhésion du corps des magistrats aux revendications populaires est très significative de l’ampleur du mouvement – une véritable Intifada – et de la gravité de la situation du pays générée par une bande de mafieux qui a dilapidé 1000 milliards de dollars en 20 ans, soit la bagatelle de 50 milliards par an. Ces gens qui ne sont jamais sortis de leur tour d’ivoire, se sont tenus très éloignés du peuple, si bien qu’ils n’ont à aucun moment vu venir ce tsunami qu’ils veulent contenir, à présent qu’il est sur le point de les emporter, en construisant dans la précipitation et l’affolement, des digues de sable. Leurs cris d’effroi se perdent dans le large et nul ne les entend. Le peuple est décidé à les faire partir et ils partiront, n’en déplaise aux missionnaires maçons venus leur prêter main forte. Vox populi vox dei.
La crédibilité d’un système en place se mesure par l’application et le respect de ses propres lois.
Un corps spécial pour cette tâche est créé au niveau de tous les pays. La crédibilité de chaque pays se mesure par l’indépendance de la justice. En Algérie, malgré la présence de femmes et homme intègres compétents à l’intérieur de cette corporation, plusieurs embûches et entraves les empêchent parfois à mener à bien leur mission au service du justiciable. Un mal profond ressenti par cette frange dont la seule mission est le respect de la loi et son application. Une loi au dessus de tous. La sortie des magistrats, jeudi dans un sit-in devant la cour de Bouira, épaulés par les avocats et des assimilés de la justice, démontrent le grand malaise qui ronge tous les secteurs y compris celui de la justice. Ils ont crié haut fort, l’indépendance de la justice pour construire un État de droit tout en reprochant aux décideurs d’avoir bradé l’Algérie.
Le personnel du secteur de la santé, public et privé, sont sortis ce jeudi dans une marche grandiose. C’est à 10h30 que la marche s’est ébranlée de l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira, parcourant le grand boulevard de la ville. Les marcheurs ont brandi plusieurs banderoles où sont écrits des slogans qui désavouent le système en place et demandent son départ « nul ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin ». Durant plus d’une heure, plusieurs slogans sont scandés « pouvoir assassin » « nous avons marre de ce pouvoir » « pouvoir dégage ». À la fin de la marche une déclaration a été lue par Dr Tafat, dont le message essentiel est « aucune voix ne peut être au-dessus de celle du peuple ».
Photo d’illustration : Magistrats et avocats rassemblés sur le parvis de la Cour de Bouira – © Abdellah Debbache
Abdellah DEBBACHE
Algérie Brèves News [ABN]