Voici un des plus grands scandales sanitaires de l’histoire, celui de l’amiante. Cette molécule cancérogène dont on connaissait la toxicité depuis le début du siècle dernier et qui a été tout de même commercialisée. Les victimes se comptent par dizaines de milliers en France à cause de la complicité criminelles des autorités politiques et sanitaires.
L’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) appelle à manifester, ce vendredi après-midi, à Paris.
Selon elle, l’exposition à l’amiante a fait plus de 100.000 victimes en France, surtout dans la marine et la construction navale. D’autres professions -couvreurs, mécaniciens et plombiers- sont concernées.
La Bretagne, de par son activité maritime, est particulièrement concernée par le mésothéliome, le cancer de l’amiante qui touche la plèvre, cette membrane thoracique très fine. À ce jour, l’Association départementale de défense des victimes de l’amiante du Finistère et des Côtes-d’Armor (Addeva) compte 1.432 adhérents, auxquels il faut ajouter 320 autres personnes affiliées à l’association morbihannaise.
« Depuis 1999, nous avons traité 3.024 dossiers. Et nous déplorons 465 décès dus à l’amiante. Nous avons soutenu beaucoup d’anciens marins et d’ouvriers de la réparation navale, explique Gérard Fréchou, président de l’antenne brestoise. Mais, depuis quelque temps, on voit apparaître de nouvelles professions frappées par l’amiante. Je pense, en particulier, aux garagistes, qui, longtemps, ont manipulé des plaquettes, des tambours de frein ou des disques d’embrayage. » Pièces mécaniques qui, quand on les démontait, dégageaient de la poussière d’amiante très volatile, précise Julien Le Calvar, président de l’Andeva 56. « Nous avons même accompagné l’épouse d’un garagiste qui travaillait, à part, dans un bureau. Elle a développé un cancer et en est morte », précise Julien Le Calvar, président de l’Andeva 56.
Les plombiers chauffagistes et les couvreurs ont également souvent manipulé de l’amiante à leur insu. « Cette profession est toujours très exposée », poursuit Gérard Fréchou. Car l’amiante est toujours très présente dans beaucoup de bâtiments, même si son usage a été interdit en 1997. Les nombreuses personnes qui ont travaillé à la construction de bâtiments agricoles en fibrociment et aux toits en Eternit sont aussi concernées. « Elles ne prenaient aucune précaution quand elles tronçonnaient ou perçaient ces matériaux. »
Quelques minutes d’exposition suffisent
Les fibres sont insidieuses. Il suffit de les ingérer ou de les inhaler une seule fois pour qu’elles pénètrent lentement dans les chairs. Quelques minutes d’exposition suffisent ? « Et trente ou quarante ans plus tard, on se retrouve atteint de plaques pleurales ou d’un cancer », déplore Gérard Fréchou.
Les professions les plus concernées étant clairement identifiées, les responsables de l’Addeva conseillent à ceux et celles qui auraient pu se retrouver en contact avec de l’amiante de consulter leur médecin traitant et de faire les examens nécessaires. Et d’entamer, si besoin, les premiers traitements.
L’État serre les cordons de la bourse
Lourdeurs administratives
Ce vendredi, l’Andeva explique aller à Paris dans un esprit guerrier. Car plus les années passent et plus le traitement des dossiers d’indemnisation (150.000 euros en moyenne) pour les victimes et leurs veuves est compliqué. « L’État serre les cordons de la bourse. La Caisse primaire d’assurance-maladie et les différents organismes de pensions sont de plus en plus rigides », poursuit Pierre Jubert, permanent de l’association. « On passe d’expertise en contre-expertise. Un vrai parcours du combattant. Alors que le temps est compté. Et que les principaux concernés s’épuisent. » Un rendez-vous est prévu au ministère de la Santé, aujourd’hui, pour évoquer ces problèmes.
Parallèlement, une lueur d’espoir s’est allumée du côté de la recherche. Le CHRU de Lille a développé, ces derniers mois, une nouvelle thérapie innovante. Les chirurgiens enlèvent les tumeurs visibles. Puis, la cavité thoracique est […]
Le Télégramme