Au même moment les Yankees se préparent à récupérer les marchés futurs de reconstructions en Ukraine et ailleurs comme toujours.
La Russie a pesé sur les résultats de Renault au premier semestre mais n’entache pas le redressement rapide du Groupe, un redressement reconnu ce vendredi à la Bourse de Paris.
Renault a en effet publié ce vendredi une perte nette d’1,36 milliard d’euros au premier semestre, perte causée par la cession de ses activités en Russie, où le groupe dominait le marché avec la marque Lada.
Mais avec des marges en hausse, un cash-flow positif, Renault apparait clairement comme sorti de l’ornière. Des résultats soulignés par la Bourse: Renault gagne 3,5% à 11h40 à Paris. La charge de 2,3 milliards liée à la cession de ses activités industrielles en Russie avait déjà été anticipée par les marchés dès le printemps.
4,7% de marge opérationnelleHors Russie, le constructeur présente donc des signes très positifs. Le résultat net des activités poursuivies est de 657 millions d’euros sur le semestre. La marge opérationnelle du groupe se montait à 4,7% et celle de la division automobile grimpe à 2,1%. Et ce, malgré des volumes en baisse par rapport au 1er semestre 2021: les volumes de ventes ont chuté de 12% (hors Russie).
“Ce sont les meilleurs résultats que nous avons faits d’un point de vue opérationnel depuis 10 ans, cela marque un tournant dans l’histoire récente de Renault, explique Luca De Meo, le directeur général, au micro de BFM Business. Nous confirmons que l’urgence est derrière nous et nous regardons les prochains mois comme une phase où nous allons développer tous les projets que nous avons en tête pour remettre Renault où elle mérite d’être”.
« Cela fait quatre semestres que l’on gagne de l’argent »
Comme les autres constructeurs généralistes, Renault a mis en place une stratégie de prix plus élevés et de fin des promotions ont contribué à cette hausse de la marge opérationnelle (+7,4 points).
“Nous vivons un temps d’incertitude de tous les côtés, nous continuons avec la même discipline que nous avons montrée depuis deux ans, mais je pense que les équipes ont fait un travail incroyable chez Renault, nous croyons avoir tourné la page sur cela, cela fait quatre semestres que l’on gagne de l’argent et cela va de mieux en mieux”, poursuit Luca De Meo.
Et le groupe au losange compte d’ailleurs poursuivre dans cette voie :
“”Nous allons pouvoir continuer de tenir cette situation de “pricing” [la capacité à imposer ses prix, NDLR] pour deux raisons. Dans les dernières 24 mois, on a clairement réduit notre capacité de production, donc on ne va pas mettre sur le marché des voitures que les clients ne veulent pas. C’est une règle d’or que nous nous sommes donnés, nous confie Luca De Meo. La deuxième raison est que Renault rentre dans une phase où il va bénéficier d’un cycle de produits positifs, enfin! D’ici 2025, nous allons lancer 25 produits. Quand on a un cycle positif cela aide aussi le pricing”.
Chiffre d’affaires stable
Ce niveau de marge est d’autant plus positif que le chiffre d’affaires est resté stable (+0,3%) à 21,1 milliards d’euros. Et surtout le groupe a généré un cash-flow positif pour sa division automoble, à 956 millions d’euros.
Renault a ainsi légèrement relevé ses prévisions pour l’année 2022. “Nous augmentons nos perspectives de marges opérationnelles à 5%”, a précisé Luca De Meo ce vendredi matin. Renault espère désormais pouvoir se concentrer sur le développement de sa futur gamme.
“Nous allons développer la chaîne de valeur du véhicule électrique, où nous sommes très forts et où nous allons nous renforcer. Il y a beaucoup de travail à faire sur la partie software et les architectures électroniques, nous détaille Luca De Meo. Et je pense qu’il y a peut-être un ou deux segments du marché que j’aimerais bien couvrir mais en faisant quelque chose à la Renault, un peu disruptif mais je pense que nous sommes dans la position d’avoir les moyens de nos ambitions, surtout si nous continuons d’avoir ces résultats”.
Le groupe a confirmé que la crise des semi-conducteurs aurait un impact estimé à 300.000 véhicules sur sa production de l’année 2022. La hausse du prix des matières premières a pesé dans les comptes à hauteur de 797 millions d’euros.
Le remboursement du PGE avance
Lors des résultats financiers, le groupe a fait un point sur le remboursement de son PGE (prêt garanti par l’Etat). Renault a remborusé par anticipation un milliard d’euros du prêt garanti par l’Etat français, versé au début de l’épidémie de Covid-19. Il compte désormais rembourser un autre milliard au second semestre, et un dernier milliard au plus tard fin 2023.
Pauline Dumonteil et Pauline Ducamp
29 juillet 2022