La crise politique en Algérie et l’effondrement possible de l’État des suites de la phénoménale purge au plus haut niveau qui sévit dans ce pays fait surgir une question fondamentale : qu’est ce qui fait la cohésion d’une nation ? D’une société humaine ? Mais pour éclairer cette question cruciale par la lumière de la réflexion, encore faut-il que cette réflexion puisse se déployer sans contraintes. Il y a une chose précieuse, que dis-je, inestimable, que la France a léguée au monde. Non, il ne s’agit pas des perruques de Louis XIV ni des mocassins de Louis XV. Une chose inestimable, disais-je, encore plus inestimable que le Duo des fleurs de Léo Delibes interprété par Sabine Devieilhe et Marianne Crebassa, une chose qui est en train de disparaître, une chose avec laquelle les sémites ont beaucoup de mal, ainsi que les catholiques, une chose qui périt le plus souvent sous le dogmatisme humain trop humain, fût-il européen, il s’agit bien-sûr de la liberté de penser, de parler et d’écrire contre toute forme de tyrannie, politique, idéologique, religieuse, intellectuelle, etc. La liberté d’esprit.
Dostoievski pensait qu’une nation, une société humaine ne peut prospérer durablement que si une foi commune est son principe fondateur et directeur. Si un dogme politique est nécessaire à la cohésion d’une nation, d’une société humaine, peut-on pour autant poser la liberté d’esprit comme un dogme politique ? Car si le but de toute politique doit être d’accomplir une foi commune en un dogme, en un credo, en une direction, la liberté d’esprit, liberté de changer de direction donc, ne peut donc s’accorder complètement avec ce but. Dès lors, ne peut-on faire autrement que de sacrifier de la liberté d’esprit pour sauver la foi commune, seule source de cohésion, de conservation, au demeurant. La liberté d’esprit peut renforcer la foi commune ou la détruire. Le plus souvent, elle la détruit. Elle est donc le plus souvent sacrifiée pour maintenir la cohésion et la foi commune. Mais évidemment, dès lors que l’on sacrifie la liberté d’esprit, la contrainte s’intensifie, devient tyrannie, et la foi s’amenuise et finit par mourir. Prenons un exemple, en France le dogme politique est constitué par la loi Fabius-Gayssot qui dispose que nul ne peut nier le génocide des Juifs par des chambres à gaz sous l’Allemagne nazie ; tous les Français croient en ce que stipule cette loi et sont de toutes façons obligés d’y croire, au moins publiquement, sous peine d’être punis d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende. Ce dogme Fabius-Gayssot auquel tout le monde croit sous la contrainte et la peur de la sanction est donc condamné à mourir en devenant tyrannie. Si ce n’est déjà fait.
Le mot “dogme” vient de l’ancien grec “dogma”, δόγμα, qui veut dire opinion, croyance. Croire, avoir foi sous la contrainte est une contradiction dans les termes. C’est cette contradiction dans les termes qui fait que la foi catholique s’est effondrée, et que la foi musulmane suit le même chemin, ainsi que le dogme Fabius-Gayssot. Quant au dogme juif, Spinoza nous explique comment il a été maintenu dans le chapitre III de son Traité théologico-politique : « Que la haine des nations soit pour les Juifs un principe de conservation, c’est ce que nous avons vu par expérience » ! Spinoza nous dit donc que c’est la haine des nations envers les Juifs qui a maintenu la cohésion de ces derniers, c’est-a-dire que la cohésion des Juifs se nourrit de la haine des nations envers eux, ou pour le dire plus clairement, les Juifs ont besoin d’être haïs pour vivre ensemble ! La haine suprême étant celle qui veut vous génocider, comme le dispose la loi Fabius-Gayssot. En suivant ce que nous dit Spinoza, il apparaît donc qu’une haine génocidaire envers les Juifs induit leur meilleur cohésion possible ! Et l’entretien mémoriel de cette haine décrétée par cette loi induirait donc la pérennité de cette cohésion. Cependant, l’entretien “cohésif” de la haine n’est pas tenable car la nature de la haine désunit comme disait Empédocle. L’effondrement de cette loi est ainsi inéluctable et entraînera fatalement l’effondrement de cette cohésion.
Mais revenons à l’Algérie. Dans Éthique à Eudème, Aristote écrit que “le but de la politique est de faire naître l’amitié”. En appliquant ce principe à l’Algérie, le but politique de l’État devra donc être de faire naître l’amitié entre Berbères et non-Berbères, entre religieux et laïcs, entre femmes et hommes, entre militaires et civils…, il faut donc commencer par dédiaboliser entre elles ces différentes catégories, développer leur connaissances mutuelles, pour que chacun puisse mieux s’amender. Car quand les catégories s’entendent, elles n’ont pas besoin d’être représentées. Étant entendu que les représentants sont souvent des traitres, et que ces traitres constituent le plus souvent l’État. Idéalement, des catégories qui s’entendent vraiment n’ont plus besoin d’État. Il faut donc dédiaboliser, disais-je.
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