C’est ainsi que fonctionne le cerveau du patron d’Uber lorsqu’il est question de condamner un crime, celui de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par MBS, puis de son démembrement afin de faire disparaître son corps. C’est ce qu’il pense, il l’a dit à un journaliste lors d’une interview. Bien sûr, étant donné que la Saoudie maudite est le cinquième investisseur de son entreprise Uber, ce ne sont plus les lois de Dieu ni de l’homme qui sont applicables mais celles de Mammon ! En d’autres termes, l’argent est infiniment plus important que la vie humaine. C’est ainsi que fonctionne la planète terre depuis que l’ultra capitalisme dirige absolument tout ; reconnaissons, néanmoins, au patron d’Uber le courage de le dire.
À propos de l’assassinat et du démembrement du journaliste Jamal Khashoggi, Dara Khosrowshahi prend la défense de l’Arabie saoudite, cinquième actionnaire de la société. Le CEO d’Uber compare l’assassinat à une erreur qu’on doit pardonner, au même titre que celle d’Uber lorsqu’un véhicule autonome a été impliqué dans un accident mortel.
Dara Khosrowshahi, CEO d’Uber est sous le feu des critiques depuis ses déclarations au cours d’un entretien dans l’émission Axios sur HBO. Mais avant d’évoquer ses propos, rappelons les faits.
En 2018, le journaliste Jamal Khashoggi qui travaille pour des médias saoudiens ainsi que pour le Washington Post disparait au consulat d’Arabie saoudite en Turquie. Un commando d’agents venus de Riyad, tous munis de passeports diplomatiques, l’assassine puis le démembre. Le journaliste est coupable de prendre des positions particulièrement critiques envers le pouvoir saoudien, notamment le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS).
L’enquête de la CIA démontre l’implication du prince. Gina Haspel, sa directrice déclare même devant des sénateurs américains : « Si le prince héritier faisait face à un jury, il serait condamné en trente minutes ». Plus mesurées, les Nations Unies enfoncent néanmoins le clou en parlant de preuves crédibles qui nécessitent d’ouvrir une enquête internationale auprès des responsables saoudiens, y compris MBS. Riyad rejette d’abord les accusations, puis MBS reconnait sa responsabilité puisque les faits ont eu lieu sous sa direction, mais pas sa culpabilité.
Dimanche dernier, le journaliste Dan Primack interroge le CEO d’Uber sur les relations de l’entreprise avec l’Arabie saoudite. Le fond d’investissement souverain du pays est en effet le cinquième plus gros actionnaire de la firme. Dan Primack demande donc au CEO d’Uber si le représentant d’un état coupable d’assassinat sur un résident américain a sa place au conseil d’administration de l’entreprise. Dara Khosrowshahi prend alors la défense de Riyad. Il compare l’assassinat du journaliste à une erreur pardonnable, au même titre que celle de l’entreprise lorsqu’un véhicule autonome d’Uber a été impliqué dans accident mortel : « On a aussi fait des erreurs, non ? … Je pense que les gens font des erreurs. Ça ne veut pas dire qu’ils ne pourront jamais être pardonnés. »
Le lendemain de l’interview, Dara Khosrowshahi est revenu sur ses déclarations en indiquant que l’assassinat ne peut être ni oublié ni excusé. Les responsables des relations publiques d’Uber lui auront sans doute soufflé qu’il ne pouvait pas tenir de tels propos, au moins en public.