Voilà exactement ce qu’il ne faut jamais faire au niveau économique, c’est-à-dire devenir un géant avec des millions de clients car s’il y a une crise financière, le système s’écroule entièrement. C’est pourtant l’expérience et l’enseignement de la dernière crise de 2008, mais il semble que les dirigeants occidentaux actuels n’ont aucune capacité d’apprentissage des expériences du passé.
Avec l’acquisition de ce groupe américain, le géant français de l’assurance devient le n°1 mondial du secteur de l’assurance dommages des entreprises.
Axa met la main sur la compagnie XL Group. Le montant de la transaction, officialisée ce lundi matin, s’élève à 15,3 milliards de dollars (12,4 milliards d’euros), réglé en numéraire. «En vertu des termes de cet accord, les actionnaires du groupe XL recevront 57,60 dollars par action. Le montant de la transaction représente une prime de 33% par rapport au prix de clôture de l’action du groupe XL en date du 2 mars 2018», explique l’assureur français dans un communiqué. «L’association de nos positions existantes et de celles du groupe XL propulsera Axa au rang de leader mondial du marché de l’assurance dommages des entreprises avec un chiffre d’affaires en 2016 d’environ 30 milliards d’euros et de près de 48 milliards d’euros pour l’ensemble de l’activité dommages», précise le groupe.
Lorsque la transaction sera finalisée, les opérations du groupe XL, d’Axa Corporate Solutions (l’entité d’Axa spécialisée dans l’assurance dommages des grandes entreprises et de spécialités) et d’Axa Art « seront réunies et dirigées par Greg Henrick, actuellement président des activités dommages du groupe XL», indique Axa. « Mike McGavick, actuel directeur général du groupe XL, deviendra vice-président du conseil d’administration de la nouvelle entité dédiée aux risques dommages des entreprises et conseiller spécial auprès de Thomas Buberl, directeur général d’AxA, notamment sur les sujets stratégiques et d’intégration ».
Réorganisation profonde
L’opération constitue une étape majeure dans la stratégie d’Axa et de Thomas Buberl, aux commandes de l’assureur depuis septembre 2016. XL Group, basé aux Bermudes et coté à New York, pèse 11 milliards de dollars en Bourse. Une valorisation qui a souffert l’an dernier des effets des tempêtes Harvey et Irma. Le groupe est spécialisé dans l’assurance des entreprises et la réassurance. Son profil correspond aux priorités fixées par Axa dans son nouveau plan stratégique présenté l’automne dernier et qui met l’accent sur les métiers de protection (assurance-santé et prévoyance, et assurance de dommages) et la clientèle d’entreprises, plutôt que sur les activités d’épargne. « Cet accord représente une création significative de valeur sur le long terme pour l’ensemble des parties prenantes grâce à une plus grande diversification des risques, un potentiel accru de remontée de trésorerie au groupe ainsi que de meilleures perspectives de croissance. Le profil de risque du futur groupe Axa sera fortement rééquilibré vers les risques assurantiels, avec une plus faible exposition aux risques financiers », explique Thomas Buberl dans le communiqué.
Il y a longtemps qu’Axa n’avait pas réalisé une opération de cette ampleur qui est aussi la plus importante dans le secteur depuis 2015. Allianz, le grand concurrent allemand d’Axa, se serait d’ailleurs aussi mis sur les rangs pour racheter XL Group. Axa en a en tout cas aujourd’hui les moyens, avec plus de 60 milliards d’euros de capitalisation boursière, un bénéfice de plus de 6 milliards d’euros enregistré l’an dernier et la perspective d’une mise en Bourse prochaine de ses activités américaines (gestion d’actifs et assurance-vie).
L’acquisition de XL Group atteste aussi des ambitions de Thomas Buberl pour le géant français de l’assurance. Le jeune dirigeant allemand de 44 ans a l’habitude de dire qu’il n’a « pas été nommé pour gérer le confort ». Depuis sa nomination comme directeur général, il a mis en œuvre une réorganisation profonde du groupe, dont il a redéfini le cap. La priorité est donnée à une dizaine de marchés clés et au développement dans six marchés émergents. Un virage pour […]