Les Échos ont publié un article, pour une fois assez intéressant, concernant le discrédit total de la parole de l’exécutif à propos de la catastrophe de l’explosion de l’usine rouennaise Seveso . Alors que les responsables politiques gouvernementaux sont censés défendre et protéger les populations, face à une telle tragédie, personne ne croit leurs diverses déclarations. À votre avis pourquoi ? Qu’est-il arrivé pour que la parole de l’exécutif perde, à ce point, tout crédit ?
Pour résumer cette affaire de santé publique grave il faut juste rappeler que nous avons une usine Seveso, c’est-à-dire qui contient des produits extrêmement toxiques et dangereux, qui vient d’exploser en plein centre d’une agglomération de 200 000 habitants, et malgré un nuage toxique extrêmement dense et sombre, le préfet local nous explique que l’air est tout à fait respirable et qu’il ne représente absolument aucun danger particulier ! En d’autres termes, c’est comme si on avait lâché dans l’atmosphère des ballons et des colombes ! Rappelons que les premiers policiers qui sont intervenus lors de l’incendie sont en grande majorité en arrêt maladie, selon les syndicats.
En réalité la réponse est très simple. C’est tout simplement la mise en application du proverbe du berger qui criait au loup et que plus personne ne croyait quand bien même le loup était vraiment là et allait dévorer tout le cheptel. C’est trop tard, c’est ainsi. Même si les politiciens font semblant d’oublier le désastre du traitement médiatique de la catastrophe de Tchernobyl, explosion nucléaire qui a produit un nuage qui s’était arrêté aux frontières françaises, selon les autorités de l’époque, pour manque de visa ironisait-on. Un tel mensonge laisse des traces, des taches indélébiles qui resteront encore plusieurs décennies.
Mais la situation est bien plus grave, car d’autres mensonges très importants ont ponctué la vie politique française ces dernières décennies, à commencer par le fameux « les yeux dans les yeux » de Jérôme Cahuzac ministre du budget socialiste face à Jean-Jacques Bourdin ! Il s’est avéré qu’il avait détourné de grosses sommes d’argent afin d’échapper au fisc. Nous avons eu très récemment un procureur niçois qui avait expliqué qu’il avait menti concernant des violences policières contre une dame âgée piétinée inutilement et ceci afin de protéger le président Macron ! Comme si c’était sa fonction de protéger le président ! Pire encore, nous avons vu Madame Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement, expliquer qu’elle était prête à mentir afin de protéger son président ! On a vu également le ministre de l’intérieur Christophe Castaner ainsi que d’autres ministres mentir effrontément dans l’affaire de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui, selon leurs dires, a été attaqué par des gilets jaunes qui voulaient débrancher les monitorings de réanimation ! Tout ceci s’est avéré complètement faux et mensonger et aucune sanction n’a été prise à leur encontre !
Encore plus spectaculaire, nous avons assisté à un feu d’artifice de parjure et de mensonges face à la commission sénatoriale diligentée après l’affaire Benalla. Les plus hauts responsables de l’État que ce soit à l’Élysée ou à Matignon ont menti afin de protéger Emmanuel Macron après les différents scandales causés par Alexandre Benalla ! On peut ajouter à cela les deux parjures de l’ex-patron de l’Assemblée nationale, de Rugy qui, lors des primaires socialistes s’était engagé sur l’honneur à soutenir le gagnant quels que soient les résultats, ce qui ne l’a pas empêché de rejoindre le camp de La République en marche de Macron qui l’a d’ailleurs bien remercié en lui proposant le perchoir. En d’autres termes, plus vous êtes abjects, mieux vous serez récompensés dans le système politique actuel.
Du coup, la question utile et légitime à se poser n’est certainement pas pourquoi plus personne ne croit aux mensonges des politiques, mais plutôt, comment se fait-il qu’il en reste toujours quelques-uns pour leur accorder encore du crédit ?!
Lubrizol : la communication politique en échec
LE CERCLE – Face à une catastrophe de l’ampleur de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le gouvernement est pris en tenaille entre la volonté de rassurer les populations concernées et la nécessité de prendre les mesures de précaution qui s’imposent, écrit Eric Giuily.
L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019.
BEAUFILS/SIPA
Par Eric Giuily (président de CLAI)Publié le 4 oct. 2019 à 16h20Mis à jour le 4 oct. 2019 à 16h24
Bien que le gouvernement n’ait pas ménagé ses efforts, sa communication sur les conséquences de l’incendie de l’usine Lubrizol a suscité une polémique de plus en plus virulente : les pouvoirs publics ne diraient pas tout. Une mise en cause propice à la diffusion de rumeurs, les réseaux sociaux jouant pleinement leur rôle de déclencheur puis d’amplificateur. Une fois de plus, en situation de crise environnementale et sanitaire, la communication publique est en échec, ce qui conduit à se demander s’il est possible de communiquer efficacement dans de tels cas…