Encore un néologisme — affluenza — qui nous vient d’outre-Atlantique, construit en contractant deux mots: affluence (célébrité) et influenza (grippe, maladie virale). Cette trouvaille autant immorale qu’imbécile vise tout simplement à soustraire cette progéniture pourrie, de toute responsabilité pénale quant à ses actes délictueux. Pour notre part, nous appelons cela de la chutzpah. C’est à l’image du parricide qui sollicite la mansuétude des juges, en faisant valoir son statut d’orphelin. Devrait-on en rire ou pleurer ? Voilà ce que peut produire d’insensé cette modernité dégénérée.
Atlantico.fr/Pascal-Emmanuel Gobry – Comme l’a écrit Graeme Wood dans une enquête sur « Les peurs secrètes des gens richissimes », ce problème est une préoccupation constante des familles qui ont
La « grippourite », ou « affluenza » : la maladie de ceux qui ont grandi trop riche. Une blague ? Peut être, mais une blague qui recouvre une réalité.
En 2013, Ethan Couch, un adolescent du Texas, s’écrase avec son pickup et tue quatre personnes et en blesse neuf. Il était en excès de vitesse, son taux d’alcoolémie était trois fois la limite légale, son sang contenait des traces de valium. Sa défense ? Il était malade. Sa maladie ? Être gosse de riche.
Ce n’est pas une blague : c’était sa défense juridique. En cause, le phénomène de l' »affluenza », terme porte-manteau américain qui mélange « affluence » (richesse, prospérité) et « influenza » (terme médical pour la grippe virale)–peut être qu’on pourrait dire, en français, la « grippourite », la grippe des pourris-gâtés. La défense de Couch était que, enfant pourri-gâté par ses parents, il n’a jamais pu développer un sens fort de la responsabilité et du contrôle de lui, et s’est réfugié dans l’alcool et les psychotropes.
Couch et sa défense juridique ont défrayé la chronique à l’époque, et Couch est de nouveau dans l’actualité après avoir été appréhendé au Mexique, en violation de sa remise en liberté conditionnelle.
Le terme « affluenza » vient d’abord d’un livre éponyme, qui n’est pas un livre de psychologie, comme le témoigne le titre français, J’achète!: combattre l’épidémie de surconsommation. L’argument du livre est que la surconsommation, et la boulimie de biens matériels, ne nous rend pas heureux–au contraire, elle nous rend malheureux. L' »affluenza » est la maladie des sociétés consuméristes qui voient tous leurs biens matériels satisfaits, et plus, et ne sont néanmoins toujours pas heureuses.