Il semble de plus en plus évident que la France soit devenue le royaume des pédophiles par le nombre de cas, mais surtout par l’impunité qui les laisse agir à leur guise. Malgré de multiples condamnations et des casiers judiciaires bien remplis, certains pédocriminels continuent à travailler dans des milieux scolaires, au contact des enfants ! Pire encore, lorsqu’ils sont condamnés, les peines ne sont pas du tout exemplaires malgré la gravité des faits ! Comment expliquer un tel laxisme qui se renouvelle un peu trop souvent ? Seul un réseau protecteur peut répondre à tous ces questionnements légitimes, autrement il devrait y avoir des sanctions sévères contre les responsables de ce désastre judiciaire !
Malgré d’inquiétants antécédents, Édouard de B., animateur périscolaire a continué à travailler auprès des enfants.
Cet homme âgé de 29 ans sera jugé en septembre pour des agressions sexuelles et des viols.
De son propre aveu, il avait été « surpris qu’on lui permette de travailler à nouveau avec des enfants ». « Mes parents, ajoute-t-il même face au juge d’instruction, disaient que c’était une erreur… »
Arrêté le 21 octobre 2015, Édouard de B., animateur périscolaire de Courbevoie (Hauts-de-Seine), sera jugé aux assises, ont appris récemment les parents des petites victimes, du 7 au 14 septembre. L’homme de 29 ans, actuellement en détention provisoire, est accusé d’avoir agressé sexuellement pas moins de quinze enfants, scolarisés en primaire, et d’avoir violé deux d’entre eux.
Comment un tel « massacre », comme le qualifie la mère d’un de ces garçonnets a-t-il pu se produire, alors même qu’Édouard de B. avait déjà été mis en cause à deux reprises depuis 2012 ? C’est tout l’objet de l’enquête préliminaire ouverte en octobre 2017 par le parquet pour « non-dénonciation » : ces premiers faits n’avaient en effet jamais été signalés à la justice, alors même que nombre de ses supérieurs hiérarchiques étaient au courant.
Recadré par une simple lettre
En décembre 2012, six mois après son arrivée au VAL, structure de « vacances, animation et loisirs » de la commune, Édouard de B. est accusé par un élève de lui avoir touché le sexe.
Un événement qu’il reconnaît lors d’un entretien avec ses supérieurs, tout en le replaçant dans le cadre d’un jeu. Et de nier toute intention pédophile, ayant lui-même, précise-t-il, été abusé dans le passé… Une inquiétante confession pourtant absente du compte rendu, qui « minimisait » les faits, a admis devant les policiers l’un de ses rédacteurs. À l’époque, Édouard de B. est alors recadré par simple lettre, et enjoint à adopter une « attitude irréprochable ».
Mais en août 2013, un enfant de 8 ans se plaint à son tour. Cette fois, l’animateur est suspendu durant quatre mois, le temps pour la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), autorité de tutelle du VAL, de diligenter une enquête administrative.
« Le principe de précaution a été appliqué »
Pendant cette période, le père d’Édouard de B. monte au front pour le défendre : il évoque son adoption en Inde et sa légère déficience intellectuelle, attribuée à une malnutrition dans la prime enfance. Il fait également parvenir des attestations d’anciens employeurs, des scouts de Neuilly-sur-Seine, mais aussi de particuliers chez qui il avait fait du baby-sitting… et dont les enfants finiront par dénoncer, eux aussi, des agressions.
Là encore, l’animateur échappe à toute sanction : pour la DDCS, les faits ne sont pas établis. La même préconise pourtant la mise en place pour six mois d’un suivi d’Édouard de B. « en lien avec ses pratiques pédagogiques ». Une mesure inédite et non prévue par les textes… qui ne sera d’ailleurs jamais appliquée.
Le VAL, par la voix de son avocat Me Marc Borten, se défend pourtant de tout manquement. S’agissant des faits de décembre 2012, « il a été considéré qu’ils n’étaient pas de nature sexuelle. Erreur d’appréciation ne vaut pas non-dénonciation », tranche l’avocat. Quant à la seconde alerte, il insiste : « Le principe de précaution a été appliqué », et rappelle qu’il revenait à la DDCS, le cas échéant, de faire un signalement au Parquet.
Les pertes de mémoire étonnantes des collègues
Pour l’avocate des parties civiles Me Marie Grimaud, pourtant, les faits sont là : « On a privilégié un agent au détriment d’enfants en toute connaissance de cause ». La pénaliste, dans un courrier adressé à la juge d’instruction, s’étonne aussi des « nombreuses pertes de mémoire » des collègues et supérieurs de l’animateur. L’un d’entre eux a ainsi nié, contre l’évidence, avoir été présent lors de l’entretien d’Édouard de B. en décembre 2012… et même se souvenir d’un quelconque incident.
Une directrice d’école est revenue sur ses propos après avoir évoqué un autre épisode inquiétant – Édouard de B. aurait suivi une fillette après l’école -, épisode du reste absent de son dossier administratif. Quant à la directrice chargée du suivi de l’animateur après sa réintégration, elle jure que rien n’aurait pu éveiller ses soupçons… alors même que plusieurs collègues d’Édouard de B. l’ont maintes fois mis en garde sur son comportement tactile et ses propos équivoques.
« Si des pressions avaient dû être exercées sur des témoins, le résultat ne serait pas différent », conclut l’avocate, relayant l’exaspération de ses clients, qui […]
Louise Colcombet – Le Parisien