Voici encore une fois un mensonge du Premier ministre et de son ministre de la santé Olivier Véran qui affirmaient que la France allait réaliser 700.000 tests par semaine au déconfinement ! On en est d’ailleurs très loin des 700.000, vraiment loin !
On en est à combien de mythos déjà ?!
Pour réussir le déconfinement, le gouvernement table sur 700 000 tests virologiques par semaine.
L’enquête de la cellule investigation de Radio France montre que cet objectif sera très difficile à atteindre.
Révélations sur les véritables chiffres du dépistage, et sur des robots de test chinois installés dans la plus grande improvisation.
« Testez, testez, testez. » Depuis le 16 mars 2020, c’est le message très clair martelé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Mais en France, les retards s’accumulent dans l’organisation de ce dépistage, poussant même le gouvernement à mandater un cabinet privé afin de l’assister « dans le développement des capacités de production nationale » de tests. Le 28 avril 2020, le Premier ministre, annonce “700 000 tests virologiques à partir du 11 mai” et la mise en place de « brigades » dans chaque département, chargées d’identifier les contacts des personnes présentant des symptômes du coronavirus Covid-19. « À la sortie du confinement, nous serons en capacité de massifier nos tests », assure Édouard Philippe. Mais qu’en est-il réellement ?
« Le nombre de dépistages a connu de fortes fluctuations au cours des dernières semaines. Il varie entre 200 000 et 270 000 tests par semaine », assure le ministère de la Santé à la cellule investigation de Radio France. Mais sur quoi reposent ces chiffres ? Difficile de le savoir. L’observatoire Géodes de Santé publique France ne centralise pas et n’actualise pas toujours ces données. Les bulletins épidémiologiques régionaux sont disparates. Santé publique France n’a pas été en mesure de nous donner un chiffre précis. Il n’existe pas de système d’information automatisé. Les manques apparaissent aussi dans les bases de données mondiales comme celle de l’université d’Oxford. La collecte des chiffres relève du parcours du combattant.Des estimations du nombre de tests incomplètes
Pendant plusieurs semaines, lors de son point quotidien sur la progression de l’épidémie, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, évoquait le nombre de tests réalisés, à l’hôpital et dans les laboratoires de ville. Puis cette mention a disparu. En agrégeant les données publiques disponibles, 149 800 tests virologiques ont été réalisés la semaine 18 (du 27 avril au 3 mai 2020) en France. Très loin donc des 300 000 tests avancés par la direction générale de la Santé. Quant à l’objectif affiché des 700 000 dépistages hebdomadaires à partir du 11 mai, aucune donnée détaillée ne vient l’étayer. Selon des chiffres disponibles sur le site de Santé publique France, depuis le 24 février, 831 174 tests virologiques ont été réalisés, à la fois dans les hôpitaux publics et dans les laboratoires privés de ville (respectivement 627 464 et 203 710). Un peu plus de 830 000 tests en 10 semaines d’épidémie quand on parle d’en faire 700 000 par semaine, on se dit qu’il va falloir mettre le turbo !
Santé publique France affirme dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire : “Les sources de remontées d’information que nous utilisons ne sont pas exhaustives et ne préjugent pas de la capacité à diagnostiquer en France”. Si les données hospitalières semblent complètes, celles remontées par les laboratoires de ville sont amputées d’environ un tiers. « Sur 88 plateaux techniques, seuls 55 font leur remontée à l’ARS », précise François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDB). Il s’agit du réseau 3 Labo (Eurofins Biomnis, Cerba et Inovie) qui a automatisé la transmission des données.
Or dans certaines régions, le Grand Est ou la Bretagne par exemple, ce réseau est sous-représenté. Selon les données qu’ils publient, les quatre départements bretons ne réalisent qu’une moyenne de 54 tests par semaine depuis le 12 mars ! Dans les faits, corrige l’agence régionale de santé (ARS) de Bretagne, 798 prélèvements hebdomadaires en moyenne ont été analysés dans les laboratoires de ville depuis cette date. Il faudrait donc les prendre aussi en compte. Sauf qu’il est impossible de s’y retrouver dans ces données. Car chacun cuisine son bulletin épidémiologique hebdomadaire à sa façon. Les Bretons comme la région Centre-Val de Loire ne reportent que les tests virologiques positifs. « Tous les systèmes d’information ne sont pas en place et nous devons faire le travail d’enquête quotidien à la main », reconnaît Pascal Durand, directeur du premier recours à l’ARS Occitanie.Un objectif « difficilement atteignable »
Partout les graphiques en attestent : la montée en puissance des tests n’existe pas. Ils ont démarré en février pour les premières régions touchées, puis ils ont augmenté jusqu’au 23 avril. Ensuite, leur nombre stagne. Depuis le 20 avril, il diminue même chaque semaine, soit le contraire des propos répétés du Premier ministre, Édouard Philippe, et du ministre de la Santé, Olivier Véran. Aujourd’hui, selon notre décompte, la France n’a en fait jamais dépassé les 150 000 tests par semaine. C’est dire si la marche pour atteindre les 700 000 est haute. Pour le président du Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), Xavier Palette, « c’est impossible d’arriver à 700 000 tests en une semaine. Il manque des surblouses, des kits de prélèvement, du personnel…»
« C’est encore un peu le bazar : tous les lieux de prélèvements n’ont pas encore été recensés vers la plateforme censée centraliser ces données. » à franceinfo
« Cette liste est en cours de consolidation », répond la direction générale de la Santé. « La connexion informatique ne fonctionne pas partout, poursuit Xavier Palette. Mon labo n’est pas encore connecté à la base nationale. Pour l’instant, on fait remonter nos résultats avec des tableurs Excel. Je doute qu’on soit vraiment prêts le 11 mai. » « 700 000 dépistages, ça me paraît difficilement atteignable, estime aussi Jean-Paul Feugeas, président du Syndicat national des médecins biologistes des CHU (SNMBCHU). Pas tellement par manque d’automates mais à cause des problèmes de logistique. » « J’affirme que dans le privé, on a la capacité de faire plus de 140 000 tests par jour, assure en revanche François Blanchecotte, le président du Syndicat des biologistes. Bien sûr, s’il arrive un foyer de contamination important, on risque de manquer de bras pour prélever dans un temps court beaucoup de personnes. Mais dans mon labo, en Indre-et-Loire, j’ai 100 000 tests dans mes frigos… pour seulement 1 000 demandes par jour à Tours. Je pourrais faire beaucoup plus. »
La réquisition tardive des laboratoires non médicaux
Comment en est-on arrivé-là ? Dans un premier temps, seuls les laboratoires hospitaliers avaient été mobilisés. L’épidémie progressant, les laboratoires de ville ont été ajoutés au dispositif. Dès la fin mars, les laboratoires agro-vétérinaires, (ils sont 72 en France), ou encore ceux de la gendarmerie, de la police et les laboratoires de recherche publique sont intégrés au dispositif. Les autorités ont répondu favorablement à la proposition de nombreux biologistes. « La PCR [Polymerase Chain Reaction ou réaction de polymérisation en chaîne, méthode employée pour détecter le virus] a été inventée par des chercheurs. C’est un outil qu’on utilise tous les jours dans nos laboratoires de virologie, donc on le maîtrise », rappelle une biologiste du CNRS.
Nous sommes alors le 20 mars. L’Inserm et le CNRS lancent un inventaire du matériel et des hommes et femmes disponibles dans leurs laboratoires. Cinquante équipes sont identifiées. L’État en publie la liste, et précise qu’ils vont
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Photo d’illustration : un laborantin manipule des tests dans un laboratoire d’analyses médicales à Montpellier, le 20 avril 2020 (illustration). (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)
Sophie Bécherel et Benoît Collombat,
11 mai 2020