Vous n’avez probablement pas entendu parler du Free Nations of Russia Forum ou en français le Forum pour les nations libres de Russie. Pourtant, il mérite d’être connu afin d’analyser les projets américains visant à créer une post-Russie, démantelée à l’instar de l’ex-Yougoslavie en une multitude d’États « démocratiques ». Ce forum se donne pour objectif, rien de moins que d’abattre la Russie, le tout en se voulant défendre les minorités nationales opprimées par l’État russe, et d’agir au nom des droits de l’homme et de la Charte des Nations Unies.
Ce forum, s’est réuni une première fois en mai 2022 à Varsovie, et la deuxième fois, en juillet 2022 à Prague, en République Tchèque. A l’issue de la dernière conférence, les participants ont adopté une déclaration dans laquelle ils définissent la Russie comme un « État terroriste, dont les pratiques coloniales depuis des siècles, telles que les expulsions forcées et le génocide, ont fait des peuples autochtones des victimes d’injustices historiques ». Pour les participants à ce Forum, Poutine conduit la Russie vers le chaos et la guerre civile et « seule une décolonisation complète et contrôlée de la Russie peut empêcher cela ». Autrement dit, le séparatisme ethnoculturel ainsi que la disparition de la Russie et de l’État russe en tant que tel.
Si nous allons sur leur site : freenationsrf.org – devenu inaccessible aujourd’hui mais que nous pouvons retrouver sur Web.archive.org, nous pouvons consulter les quatre objectifs affichés du forum :
- Dé-impérialisation et décolonisation (démantèlement de la Russie et de l’État fédéral russe)
- Dépoutinisation et dénazification (purge des administrations russes)
- Démilitarisation et dénucléarisation (disparition de l’armée russe, du FSB, et renoncement à la dissuasion nucléaire pour faire des USA la seule grande puissance militaire mondiale)
- Changements économiques et sociaux (transition vers un capitalisme à l’américaine, réaffirmation des identités ethniques locales et effacement progressif de la culture ainsi que de l’histoire russe).
Nous pouvons aussi observer des cartes où la Russie est remplacée par une myriade de nouveaux États indépendants :
Au nord de ce qui serait l’ex-Russie, proche des pays scandinaves, il y aurait la Pomorie, l’Ingrie avec pour capitale Saint-Pétersbourg ainsi que la Carélie. La région de Kaliningrad (anciennement Königsberg) serait indépendante et formerait un nouvel État baltique, la « désoccupation » de la Tchétchénie, le Tartarstan, Bashkortostan, une République de l’Oural, la République des Komis, une fédération de la Volga, le Dagestan, la Circassie, la République Nogaï (peuple turcophone près de la mer Caspienne), le Kouban (territoire bordant la mer d’Azov), la Bouriatie (à proximité de la Mongolie), la Sibérie, la république du Don, une Fédération pacifique (territoire des régions Primorsky Krai et Amur Krai – à l’Extrême-Orient autour de Vladivostok), une république de Moscou, la Mordovie, la République de Sakha (à l’extrême nord bordant l’océan Arctique), la Kalmoukie (dans le Caucase), la République de Touva (à la frontière avec la Mongolie), la Tchouvachie, la Mordovie, la Khakassie, l’Oudmourtie, la République des Maris (Mari El), Altaï, etc.
En somme, créer un maximum d’États pour affaiblir une grande puissance. Cette stratégie n’est pas nouvelle, elle correspond à une pensée multimillénaire :
DIVIDE UT REGNES ou diviser pour mieux régner.
Les lecteurs de L’art de la guerre de Sun Tzu, de La guerre des Gaules de Jules César, ou Le Prince de Machiavel, ne peuvent que trop bien le comprendre.
Dans « une déclaration de décolonisation », le Forum appelle les membres des Nations Unies à porter assistance à la décolonisation en reconnaissant la « souveraineté et l’indépendance » de ces États , d’encourager à la transition des gouvernements ainsi qu’au retour des peuples natifs dans leur nation. Le Forum se veut préparer les nouvelles constitutions de ces nouveaux États , ainsi que « d’initier la formation de légions nationales » soit des forces d’auto-défense pour « protéger la souveraineté et les droits des peuples afin d’assurer la paix ». En d’autres termes, former des combattants et donner des armes pour combattre l’État russe. Enfin, le forum travaille pour établir une « administration transitoire unie » (United Transitional Administration) c’est-à-dire de recruter les futurs membres des gouvernements de transition chargés d’assurer le transfert de pouvoir.
En faisant une synthèse des objectifs du Forum, nous nous rendons compte que c’est une véritable déclaration de guerre contre la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité de l’État russe, et contre le peuple russe. Prôner un changement de régime, le démantèlement du territoire, financer des groupes d’auto-défense séparatistes pour contrer le pouvoir central et renoncer à la puissance nucléaire, symbole de puissance mondiale, pour finir vassal d’un empire étranger.
Soutenir et appuyer le Forum des Nations Libres de Russie (Free Nations of Russia Forum) revient ipso facto, déclarer une guerre totale à la Russie.
Or, ce Forum affirme que parmi les participants et les orateurs figurent des militants de l’opposition et des politiciens de Russie, mais également des « hommes d’État, des diplomates et des politiciens d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Nord, des experts militaires, des économistes, des politologues, autorités religieuses, journalistes. »
L’événement a été organisé par l’Institut des Régions de Russie (Institute of Russia’s Regions) dont le président est Andrius Almanis, un homme politique lituanien, membre du parti de la liberté (Laisvės partija) de tendance centre libéral et européiste, affilié au sein du parlement européen au Parti de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) dissout en 2019 pour prendre le nom de Renew Europe.
Le directeur de l’Institut des Régions de Russie, se nomme Vadim Shtepa « philosophe et idéologue du régionalisme russe, originaire de Carélie », et rédacteur en chef de Region.Expert (Регион.Эксперт), un site d’information faisant la promotion du séparatisme régional en Russie, au nom des identités culturelles locales. Il a été ancien élève de cours sur le fédéralisme américain, à l’université du Missouri, aux États-Unis. Il publie régulièrement des articles du site de la Jamestown Foundation, un institut américain de recherche et d’analyse qui fut fondé en 1984 et utilisé à l’époque comme plateforme pour les dissidents soviétiques durant la guerre froide. Donc proche des services de renseignement américains. Cet institut a publié des articles faisant état que la Russie est sur le déclin et que sa décomposition est quasi inévitable.
Parmi les autres intervenants au Forum du 8 mai 2022 à Varsovie, nous avons :
- Pawel Latuska, ancien ambassadeur biélorusse dans plusieurs pays d’Europe, ayant rejoint en 2020 le camp de l’opposition au régime pro-russe de Loukachenko, en devenant le président de « l’administration nationale anti-crise » une sorte de gouvernement non officiel d’opposition et de « transition démocratique », ainsi que membre du bureau du Conseil de Coordination créé à l’initiative de Sviantlana Tsikhanouskaya, ancienne candidate d’opposition à la présidentielle bélarusse de 2020. Ce Conseil de Coordination déclare sur son site internet qu’il est reconnu comme « représentant de la société civile du Bélarus » à la fois par l’Union Européenne et par les États-Unis. Le Sénat américain a adopté une loi « sur la démocratie, les droits de l’homme et la souveraineté en Biélorussie » ( H.R.8438 – Belarus Democracy, Human Rights, and Sovereignty Act of 2020), reconnaissant le Conseil de Coordination comme «le représentant légitime du peuple biélorusse ».
- Nafis Kashapov, leader du mouvement civique « Free Idel-Ural » militant pour l’indépendance de plusieurs pays dans la région de l’Oural dont le Tatarstan.
- Inna Kurochkina, journaliste d’origine géorgienne. Elle a réalisé plusieurs documentaires dénonçant « l’impérialisme russe », et créatrice d’une chaîne Youtube I-NEWS (Ichkeria NEWS), qui représente le « premier ministre » autoproclamé de la République Tchétchène, Ichkeria Akhmed Zakayev. Ce dernier prône l’indépendance de la Tchétchénie et vit en exil à Londres avec son gouvernement de la « République tchétchène séparatiste d’Ichkérie (ChRI) ». Il est considéré par la Russie et le FSB comme un terroriste dangereux. Et celui qui dirige les forces armées commandées par le chef de gang Arbi Yavmerzaev, et “bras droit” du chef islamiste tchétchène Doka Umarov. Doka Umarov a créé en 2007 “un “Émirat du Caucase” et s’est autoproclamé émir, il mena plusieurs actes terroristes avant d’être tué en 2013 lors d’une opération militaire russe. À noter que la Jamestown Foundation ne manque pas de recadrer les accusations de la Russie sur ce dossier.
- Anna Fotyga, ancienne ministre polonaise des Affaires étrangères et députée européenne sous l’étiquette du parti Droit et Justice, membre du Groupe des Conservateurs et Réformistes européens.
- Pavlo Klimkin, ancien ministre ukrainien des Affaires étrangères, sous la présidence de Petro Porochenko, et a participé à la réunion du 23 au 26 janvier 2018 en Suisse, du WORLD ECONOMIC FORUM de Klaus Schwab.
Autres figures de second plan du Forum : Tars Steckiw, Deni Teps, Vadim Petrov, Ilya Ponomarev (ancien député russe de la Douma), Mariusz Marszewski, Yerzhan Turgumbay, Ruslan Gabbasov, Zurtan Khaltarov, Pavel Sulyandziga, Wladimir Ponomarev (ancien entraîneur de football soviétique), Jewgienij Mitrofanow, Pavel Mezerin (politologue et coordinateur du mouvement « Free Ingria »), et Jaroslav Romanchuk (opposant biélorusse).
La promotion au lancement du Forum en mai 2022 a été organisée par la Fundacja Solidarności Dziennikarskiej ou traduit du polonais au français, la Fondation de Solidarité du Journalisme dont l’objectif est « d’aider les journalistes dans leur métier ». Cette fondation est financée par l’agence gouvernementale polonaise Narodowy Instytut Wolności ou l’Institut national de la liberté qui œuvre à « l’émergence d’une société civile forte ». Au cours des années 2018-2030, l’institut va soutenir à hauteur de 585 millions de Złoty près de 12 000 ONG opérant en Pologne.
Nous avons comme autre relais, le Centre pour la résistance civile « Res Publica » basé à Vilnius en Lituanie. Une « organisation non gouvernementale fondée par un groupe de volontaires » surveillant « les campagnes de désinformation » et « la propagande hostile contre la démocratie ». Sauf que nous retrouvons parmi ses partenaires le Ministère de la Défense Nationale de Lituanie (Lietuvos Respublikos Krašto apsaugos ministerija) ; mais également l’Open Information Partnership, une organisation d’individus unis pour « dénoncer la désinformation » et qui compte parmi ses membres le NATO Strategic Communications Centre of Excellence. Sur leur site, voilà comment ce type de centre est présenté officiellement : Ces centres sont « des organisations militaires internationales qui forment et éduquent les dirigeants et les spécialistes des pays membres et partenaires de l’OTAN. Ils offrent une expertise et une expérience reconnues qui profitent à l’Alliance et soutiennent la transformation de l’OTAN ».
Parmi les journalistes et les médias qui font la promotion du Forum et de son programme, nous retrouvons l’ukrainienne Alya Shandra, rédactrice en chef d’Euromaidan Press, ce site de presse, est soutenu par l’International Renaissance Foundation créée en 1990 au sein de l’Open Society Foundations, toutes les deux créées par l’inénarrable Georges Soros, et financées en grande partie par le congrès américain, via la National Endowment for Democraty (NED), autrement dit, une annexe de la CIA.
Mais ce n’est pas terminé. L’Euromaidan Press est soutenue par l’ambassade britannique de Kiev et le think tank américain National Democratic Institute (NDI).
On retrouve les mêmes organisations que lors des révolutions de couleurs dans les années 2000, et dans l’Euromaïdan de 2014.
Nous vous renvoyons à ces deux documentaires indispensables pour comprendre comment l’empire américain utilise les ONG, les fondations, les instituts, la société civile, voire des groupes extrémistes, pour avancer leur agenda géopolitique :
- États-Unis : à la conquête de l’Est, de Manon Loizeau (2005)
- Ukraine : les masques de la révolution, de Paul Moriera (2016)
Mais la cerise sur le gâteau, le programme politique et géopolitique du Forum a des échos à la Commission on Security and Cooperation in Europe – CSCE (Commission sur la Sécurité et la coopération en Europe) ou Commission Helsinki.
Cette commission américaine, supervisée par le Congrès, est présidée par le sénateur Ben CARDIN avec comme coprésident, le représentant Steve COHEN. Les deux sont membres du Parti Démocrate.
Le 23 juin 2022, un briefing a été organisé par la Commision américaine sur YouTube autour d’un thème : « Decolonizing Russia – A Moral and Strategic Imperative » ou en français « Décoloniser la Russie – Un impératif moral et stratégique ».
Parmi les orateurs, nous retrouvons le journaliste néoconservateur américain, et expert au Hudson Institute, Casey Michel.
Ce dernier a écrit un article dans The Atlantic, « Decolonize Russia », en date du 27 mai 2022. Dans cet article, il affirme que « pour éviter d’autres effusions de sang insensées, le Kremlin doit perdre l’empire qu’il conserve encore ». Pour lui, « l’histoire de la Russie est celle d’une expansion et d’une colonisation presque incessante ». Et d’affirmer que « c’est la Russie – et plus précisément l’impérialisme russe- qui présente la menace la plus urgente pour la sécurité internationale ».
Il tacle également la Chine, l’accusant de superviser “le plus grand système de camps de concentration que le monde ait connu depuis l’Holocauste, dédié à l’élimination des Ouïghours en tant que nation distincte”. Point Godwin, nous voilà.
Casey Michel déplore que l’administration de George H.W. Bush n’ait pas appuyé le démantèlement de la Russie, après la chute de l’URSS, comme le proposait Dick Cheney. Il s’est plaint que le soutien occidental aux mouvements séparatistes en Russie n’était pas allé assez loin.
Il rajoute, et c’est gravissime : « Tant que l’empire de Moscou ne sera pas renversé, la région – et le monde- ne seront pas en sécurité ». Pour terminer sur cette phrase affirmée : « le projet de décolonisation russe doit enfin être achevé ».
Traduction : Tant que la Russie existera en tant que puissance mondiale, la domination américaine à long terme sur le monde ne sera pas réalisée.
En matière de propagande, d’inconscience, de va-t-en-guerre, et sur un ton qui ressemble à du fanatisme, avec Casey Michel nous atteignons des sommets stratosphériques. On peut déchirer la Charte de Munich sur le journalisme.
Autre intervenant lors du briefing, Fatima Tlis (Tlisova), journaliste d’investigation russo-américaine, elle est connue pour défendre l’identité et le nationalisme circassien, pour ne pas dire séparatisme, dans le nord du Caucase. Elle a obtenu une bourse de la National Endowment for Democraty (NED) – la CIA nous revoilà. Elle a aussi travaillé pour les organes de propagande américaine comme Radio Free Europe/ Radio Liberty (financés par le Congrès U.S.). Enfin, elle a réalisé des reportages pour la Jamestown Foundation (encore elle). Bref, une agente de subversion qui n’a rien à voir avec le journalisme, mais davantage avec la propagande au service de l’empire américain.
Enfin, parmi les autres participants, nous avons : Botakoz Kassymbekova, Erica Marat, Hanna Hopko (députée ukrainienne de la Rada) et comme modérateur du breefing, Bakhti Nishanov.
Il est amusant de voir des « anti-impérialistes » s’appuyer sur un autre impérialisme, bien pire, pour arriver à leurs fins.
Ils veulent « décoloniser la Russie » au nom de la paix et des droits de l’homme. Cependant, ils vont chercher de l’aide auprès d’un pays comme l’Amérique qui a été bâti justement sur la colonisation, mais aussi sur le génocide des autochtones amérindiens, l’esclavage, la ségrégation raciale, la guerre en permanence ayant provoqué des millions de morts à travers le monde, et la faillite d’un modèle économique (en 1929, et en 2008).
Comment pouvons-nous prendre ces gens au sérieux ?
Conclusion :
Il est clair que les partisans de ce Forum pour les nations libres de Russie (Free Nations of Russia Forum) sont des agents au service de l’empire américain. Il ne s’agit pas de défendre les droits de l’homme, ni même la démocratie. En réalité, il s’agit, sous ces faux prétextes, de servir les plans géostratégiques atlantistes en tant qu’agents d’influence, de subversion, et de propagande. Ces plans ambitionnent ni plus ni moins d’affaiblir la Russie dans un premier temps, mais surtout, à long terme, de la détruire, de la démanteler en plusieurs dizaines de sous entités étatiques qui seraient sous la domination atlantiste. Les multinationales américaines pourront ainsi piller ses ressources énergétiques, comme elles l’ont fait dans d’autres pays, comme en Irak.
Seulement, la Russie n’est pas l’Irak, et elle dispose du premier arsenal nucléaire au monde, ce qui est assez pour renvoyer l’empire américain, et le reste du monde à l’âge de pierre.
Ce projet de démembrement de la Russie est une folie pure qui ne peut que conduire à la guerre contre l’intérêt et l’avis des peuples, et pas seulement d’Europe, mais aussi des peuples du monde qui ne veulent pas d’un potentiel hiver nucléaire.
Cet agenda s’inscrit pourtant dans le programme OTAN 2030, qui place les pays membres de l’alliance atlantique dans une confrontation inéluctable avec la Russie et la Chine :
« L’ordre international fondé sur des règles, essentiel à la sécurité, à la liberté et à la prospérité des Alliés, est menacé par des régimes autoritaires comme la Russie et la Chine, qui ne partagent pas les mêmes valeurs que les Alliés, ce qui n’est pas sans conséquence pour la sécurité, les valeurs et le processus démocratique des pays de l’Alliance. En donnant suite aux décisions découlant de l’initiative OTAN 2030, l’OTAN va s’employer à étendre et approfondir ses partenariats conformément à ses valeurs et à ses intérêts afin de préserver l’ordre international fondé sur des règles. »
OTAN, fiche d’information de juin 2021
En somme, la Russie et la Chine sont une menace pour l’ordre international, essentiellement sous domination américaine. Comme nous l’avons dit plus haut, les « valeurs » de liberté et de démocratie ne sont qu’un prétexte. Il suffit de voir comment en Occident, les dirigeants ont réprimé aussi bien le mouvement des Gilets Jaunes, que les mouvements anti-passe sanitaire/vaccinal (blocage des comptes bancaires au Canada, tire à balles réelles sur les manifestants aux Pays-Bas, création d’un apartheid, censure des contestations sur les réseaux sociaux par les GAFAM, propagande médiatique au service des pouvoirs en place). Sans oublier les référendums français, hollandais, irlandais sur l’Union Européenne piétinés, la mise sous tutelle de la Grèce lors de la crise de 2008, et des guerres américaines étalées sur des décennies et basées sur des mensonges, provoquant ainsi des MILLIONS DE MORTS (les 2 guerres d’Irak, l’Afghanistan, Syrie, Libye ; bombardements du Pakistan, du Yémen, de la Serbie, etc.).
Une hypocrisie que le reste du monde et que les populations à l’intérieur de l’Occident ne pourront plus supporter longtemps.
Le démantèlement de la Chine fait aussi partie des réflexions des impérialistes américains. Ce n’est certainement pas pour rien si la présidente de la Chambre des Représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, s’est rendue sur l’île de Taïwan, provoquant la colère des autorités chinoises qui ont vu dans cette visite un soutien à l’indépendance de l’île. Une visite qui n’a pas manqué de raviver les tensions en mer de Chine. Une proclamation de l’indépendance de Taïwan provoquerait immédiatement une réaction militaire de la Chine. Avec les tensions qui s’accroissent avec la Russie, la 3e guerre mondiale ne serait pas loin.
Il en va de même pour le soutien envers les séparatistes Ouïghours, une minorité musulmane vivant dans la région du Xinjiang, dans l’Est de la Chine. L’objectif est de créer une « République de l’Est Turkestan ». D’ailleurs, il existe un « gouvernement en exil », et dont le siège est basé… aux États-Unis (The East Turkistan Government in Exile, 1325 G Street NW, Suite 500 Washington, DC 20005).
Il y a eu d’autres projets de démantèlement des États-nations au profit d’entités plus faibles, et donc, plus facilement contrôlables par un empire étranger (Diviser pour mieux régner). Le docteur en sciences politiques Pierre Hillard avait déjà montré dans ses ouvrages, notamment, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, les cartes de la revue militaire américaine, Armed Forces Journal, de juin 2006 sous la plume du lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters.
Elles montraient les États du Moyen-Orient recomposés : la création d’un Kurdistan indépendant ; l’Irak divisée en trois sur les critères sunnites, chiites et kurdes ; des pays comme l’Iran, le Pakistan, la Turquie et même l’Arabie Saoudite seraient démantelés.
L’Europe est aussi touchée par le remodelage. Puisqu’il s’agit également de démanteler les nations sur des critères ethniques et au profit exclusif de l’Allemagne qui regrouperait l’Autriche, les sudètes, la Silésie, le Luxembourg, l’Alsace-Lorraine, et la Suisse germanophone. Projet appuyé par l’Union Européenne, et bien entendu, par l’Allemagne qui soutient des partis politiques « autonomistes », « régionalistes » (pour ne pas dire indépendantistes) à travers l’Europe, selon Pierre Hillard dans son livre : La décomposition des nations européennes – De l’union euro-atlantique à l’état mondial.
Il est à noter que ces projets de démantèlement des États touchent même les alliés de l’empire américain. Comme quoi, être l’allié d’un empire n’est pas forcément synonyme de protection permanente.
Pour terminer, nous sommes en train d’assister à la confrontation entre plusieurs empires pour la suprématie mondiale (USA, Chine, Russie). Est-ce que l’empire qui dominera le monde de demain restera celui des États-Unis ou bien ce sera celui de la Chine avec comme partenaire la Russie, ou alors aucune de ces puissances ? Les paris sont ouverts. Pourtant, l’historien français Jean-Baptiste Duroselle, avait écrit un livre, Tout empire périra, annonçant près d’une décennie à l’avance la chute de l’empire soviétique.
Puisque tous les empires finissent par périr, et plus de 3 000 ans d’histoire nous le démontre, qu’en est-il de l’empire américain ?
Nous avons quelques signes qui montrent son déclin.
Nous avons un empire qui veut maintenir à tout prix sa domination mondiale, alors qu’elle est remise en cause à travers le monde et a connu de multiples défaites militaires (Afghanistan, Irak, Syrie). Un empire dont la population est de plus en plus fracturée par les inégalités sociales et les conflits ethnoculturels ; ce qui laisse présager l’explosion de la société américaine, voire l’unité de la fédération. Un empire dont le modèle économique est en quasi-faillite. Sa monnaie, le dollar, dont l’ hégémonie est contestée par d’autres monnaies (le rouble et le yuan), ne repose sur rien depuis l’abandon de l’étalon or par le président américain Richard Nixon, en 1971. Un empire avec une dette publique ayant dépassée les 30 trilliards de dollars, si nous rajoutons la dette privée, nous arrivons à une dette totale à plus de 92 trilliards de dollars. Autant dire que cette dette colossale n’est pas remboursable et que l’Amérique va devoir affronter une nouvelle crise financière qui pourrait lui porter le coup de grâce pour finir comme l’empire romain à sa chute. À moins qu’une guerre contre la Chine et la Russie soit la solution pour enterrer les dettes, et en même temps, quelques centaines de millions, voire milliards de personnes.
Est-ce que le piège de Thucydide va se refermer sur nous ? C’est la question de ce siècle.
Eudoxe, 04 octobre 2022.
Captures d’écran du site internet du Free Nations of Russia Forum (freenationsrf.org).
Intervention de François Asselineau (UPR) au Dialogue Franco-Russe en septembre 2022 :
“Le plan américain pour démanteler la Russie”