Nouvelle étape concernant l’affaire LBD. Alors que Christophe Castaner décidait d’équiper les forces de l’ordre de caméra piéton afin de déterminer les circonstances de l’utilisation de la force, Jérôme Rodriguez, l’un des leaders des Gilets Jaunes était grièvement blessé avec un risque important de perdre un œil. De l’huile sur le feu.
Du côté des forces de l’ordre, quelques voix confessent de mauvaises utilisations. Mais plusieurs rumeurs font aussi état d’une mauvaise conception de l’arme et de défauts en tous genres qui favoriseraient les « accidents ». Une rumeur démontée par le fabricant lui-même.
Entre le point de visée et le point d’impact, il y a moins de 10 cm à 50 mètres
Il faut se rendre du côté de Thoune, en Suisse, pour retrouver la trace du fabricant du GL-06 de 40mm. GL pour Grenade Launcher, lance-grenade en VF, mais utilisée avec des munitions plastiques en France. Bref, voici le LBD 40 fabriqué par Brügger & Thomet.
Face aux polémiques, le fabricant n’a pas hésité à pointer du doigt directement le gouvernement français en affirmant que des munitions de moindre qualité sont utilisées pour le maintien de l’ordre.
« Nous devons prendre en compte le fait que, comme nous l’avons déjà dit, les munitions utilisées portent la principale responsabilité des effets et de la précision. C’est pourquoi il est techniquement faux d’accuser le lanceur de la mauvaise précision et du risque de blessures élevé. Par conséquent, le lanceur ne peut pas être jugé comme fondamentalement imprécis et dangereux »
Brügger & Thomet
Ainsi, B&T AG rappelle que les cartouches fournies par le fabricant sont utilisées en Suisse et que le risque de blessure est faible. Pour compléter ces déclarations, la présentation technique du LBD rapporte que la différence entre le point visé et le point d’impact est de « moins de 10cm à 50 mètres de distance. »
Plusieurs conclusions donc : d’abord, on peut questionner les données transmises par le fabricant sachant que les tests sont, dans la majeure partie des cas, réalisés dans des situations optimales.
Cependant, ces déclarations questionnent aussi le rôle du gouvernement dans ces blessures constatées. Des munitions de qualité moindre sont-elles réellement utilisées, avec une précision qui s’en ressent à tel point qu’en visant le torse d’un manifestant, c’est sa tête qui puisse être atteinte ? Ou certains agents viseraient-ils délibérément la tête avec une arme ultra-précise ?
« Les munitions du fabricant ont été écartées »
Après avoir contacté le ministère de l’Intérieur, une source policière a souhaité nous répondre. Ainsi, notre contact confirme que ce ne sont pas les munitions du fabricant suisse qui sont utilisées par les forces de l’ordre.
Actuellement, les agents ont à leur disposition deux types de cartouches : les unités type CRS utilisent des CTS, du nom du fabricant américain Combined Tactical Systems, ayant une portée de 10 à 50m. Les autres agents, entre autres ceux des BAC, utilisent des munitions MDU ayant une portée plus courte.
Ces munitions ont été choisies à la suite de la publication de l’appel d’offre de 2016 passé par le ministère de l’Intérieur. Et les cartouches SIR du fabricant suisse Brügguer & Thomet ont été écartées après plusieurs tests passés au Centre de Recherche et d’Expertise de la Logistique (CREL).
Il y avait un problème d’effet rebond avec ces munitions. Et contrairement à ce que le fabricant déclare, l’effet lésionnel était supérieur à la munition MDU que l’on a choisie.
Source policière
Notre informateur précise que toutes les conditions de tests étaient présentes dans le cahier des charges remis lors de l’appel d’offres. Ainsi, les deux munitions, MDU et CTS, remplissaient toutes les conditions précisées.
L’interdiction du LBD sera examinée par le Conseil d’État ce mercredi après les saisies conjointes de la CGT et de la Ligue des Droits de l’Homme.
Photo d’illustration : Christophe Castaner, Ministre de l’Intérieur – D&E
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