Son ex-avocat, Me Corentin Delobel, nous explique que le forcené de Nice était un “bourrin”, “un violent”, “pas très intelligent” et très “désagréable” , mais voilà que d’un coup de baguette magique, il serait devenu le génie qui a trompé son monde. Ceci n’est ni logique, ni raisonnable. En réalité, ce monsieur était un malade mental qui devait être traité et soigné et peut-être même interné, mais qui est tombé malheureusement entre de très mauvaises mains.
En mars dernier, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a été condamné à un an de prison avec sursis pour violences, mais n’avait pas éveillé les soupçons de la justice.
Quatre mois à peine avant de perpétrer le terrible attentat de Nice du 14 juillet au soir, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait eu maille à partir avec la justice. Mais à l’époque, comme le raconte son avocat commis d’office Me Corentin Delobel à Francetv info, “rien ne laissait penser qu’il en viendrait à commettre des actes aussi inhumains”.
Cette précédente affaire concerne des violences commises le 25 janvier 2016 à Nice, lors d’un conflit routier. Comme le décrit Nice-Matin à l’époque, tout commence par une altercation verbale avec deux frères embarqués dans une voiture, qui s’impatientent de voir Mohamed Lahouaiej-Bouhlel mettre beaucoup de temps à décharger son camion au milieu de la route. Le ton monte et les automobilistes sortent de leur véhicule pour s’expliquer avec le chauffeur. Ce dernier se saisit alors d’un long morceau de bois et frappe violemment l’un des deux frères.
“Il n’avait pas l’air d’un radicalisé”
Rapidement, la police est prévenue et l’agresseur est arrêté. Une fois sa garde à vue finie, il est relâché, placé sous contrôle judiciaire et convoqué au tribunal pour le 24 mars. “Il n’était pas du tout inquiet, se souvient son avocat, Me Corentin Delobel. Moi non plus d’ailleurs. Je savais que, vu les faits, à savoir une banale agression, comme on en voit tous les jours au tribunal correctionnel de Nice, il ne risquait pas grand chose.” L’homme de 31 ans s’en sort avec un an de prison avec sursis.
Quatre mois plus tard, vendredi 15 juillet au matin, son avocat découvre horrifié que c’est le même homme qui a commis le massacre de la promenade des Anglais. “J’ai eu du mal à y croire en apprenant son nom. Quand je l’ai défendu en mars, il n’avait pas de problème psychologique apparent, et il n’avait pas l’air d’un radicalisé. Il n’avait ni le look du ‘barbu’ très religieux ni le profil d’un tueur de masse. Il ressemblait au petit criminel de droit commun, avec un petit casier. Et puis il avait un travail, un domicile. Mais il n’avait rien d’agréable à défendre, car il n’était pas du tout respectueux des policiers ou de la justice. Il était très calme, nonchalant, désinvolte. Rien ne semblait pouvoir l’atteindre.”
Christophe Rauzy — France TV Info