JEAN-GUY ALLARD (1948-2016) : UN JOURNALISTE LIBRE A POSÉ LA PLUME
Triste nouvelle, la mort mardi 16 août, à 68 ans, de notre ami et collègue Jean-Guy Allard, basé à Cuba, journaliste et auteur spécialisé dans le terrorisme états-uniens en Amérique du Sud.
Ancien directeur de l’information au Journal de Montréal et au Journal de Québec, Jean-Guy avait, un jour, décidé de partir soutenir, à La Havane, les forces révolutionnaires qui résistaient, sur place, à l’impérialisme américain et à son blocus inhumain.
Devenu résident, ayant épousé une jolie Cubaine, il loua un appartement à La Havane et se spécialisa dans la lutte contre les terroristes états-uniens, qui faisaient sauter des bombes dans l’île (dans les hôtels, par exemple) ainsi qu’en Amérique latine, sans que jamais le monde occidental ne fût tenu informé par les médias officiels de ses investigations (on se souvient pourtant que la CIA a élaboré pas moins de 368 façons de tuer Castro !).
Son livre Posada Carriles, 40 ans de terreur reste LA référence sur le terroriste le plus dangereux d’Amérique latine, payé par la CIA et surprotégé par les autorités US. Allard devint sa bête noire !
Tenant bon, têtu, toujours très informé, il offrait régulièrement le fruit des ses nombreuses enquêtes dans les colonnes du quotidien cubain Granma, l’organe officiel du Parti communiste cubain où « le compañero Fidel » donnait ses chroniques après avoir pris sa retraite. Jean-Guy Allard était très fier d’avoir un jour été cité dans l’un de ses discours !
Avec Marie-Dominique Bertuccioli, Jean-Guy fut le premier à dénoncer dans un livre les agissements troubles de Robert Ménard (aujourd’hui maire FN de Béziers) et de son association bidon Reporters sans frontières, financée par la CIA (Ici).
En 2009, il rédigea aussi avec Eva Golinger, « l’ange gardien » de Hugo Chavez L’Agression permanente, une enquête extrêmement fouillée et ultra-référencée nous informant des méfaits de la CIA, de la NED et de l’USAID.
« C’était incroyable de voir les contacts qu’il a établis, notamment avec des membres des services secrets. Il y a très peu d’étrangers qui pénètrent dans ces cercles-là », souligne son éditeur.
Il passait souvent à la télévision cubaine comme expert sur les menées terroristes menées depuis les milieux extrémistes de Miami. Son attrait pour la précision, sa facilité de parole et son grand sens de l’humour faisaient de lui un excellent pédagogue.
Ami de Paul-Éric Blanrue, Allard fut aussi l’un signataire « surprise » de la pétition contre la loi Gayssot en 2011 (Ici). Il avait aussi soutenu Blanrue lors de la sortie en 2009 de Sarkozy, Israël et les juifs (Ici).
Depuis plusieurs mois, Jean-Guy était paralysé par une terrible arthrose qui ne lui laissait aucun répit et lui rendait la vie impossible. Il a attendu trois jours après le 90e anniversaire de son héros Fidel pour rendre l’âme.
Quand on lui demandait, quelques années plus tôt, si la critique était possible à Cuba, il répondait : « C’est rien de très original que de critiquer ici la qualité des transports, les services d’électricité, le fonctionnement des entreprises, etc. C’est pas exactement le pays où les gens sont muselés. Faire taire un Cubain, c’est aussi difficile que d’empêcher un Parisien de râler ! »
Et si on lui disait qu’il travaillait pour un régime ayant des problèmes avec la liberté d’expression, sa réponse fusait : « La presse cubaine est la presse d’un pays qui est attaqué depuis 45 ans par les États-Unis. On rigole pas, là. C’est une presse militante, qui défend les idées du pouvoir, c’est indéniable… Mais je n’ai pas de gêne à dire où je travaille. Je suis pas mal plus fier d’être branché sur la révolution cubaine que sur un régime qui bombarde des enfants à Bagdad. Vous dites que je travaille pour le régime. Si je travaillais pour La Presse (journal québécois), je travaillerais pour le régime capitaliste. Je ne suis pas un partisan aveugle de tout ce qui se trouve ici, mais je pense que Cuba se bat pour des causes justes. »
Nos prière et nos pensées les plus sincères vont à sa femme Tamara et à ses fils Thierry et Sebastian.
La Rédaction du Libre Penseur.