L‘affaire est grave et sérieuse puisque le journal Le Monde accuse le directeur de la direction générale de la santé, Jérôme Salomon, d’avoir voulu modifier le rapport de Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble, en exerçant une pression continue insistante sur Monsieur François Bourdillon, directeur de Santé publique France (SPF, jusqu’à la mi-2019), afin de ne pas inscrire dans le rapport des données chiffrées, le fameux milliard de masques indispensables pour faire face à une pandémie !
C’est ainsi que fonctionne la haute administration française, par ce genre de petits arrangements lamentables et mesquins afin de tordre la réalité. Heureusement que Monsieur François Bourdillon a malgré tout résisté à cette pression et que tout ceci a laissé des traces informatiques. Vous remarquerez également en fin d’article les excuses catastrophiques du professeur Jean-Paul Stahl qui veut nous faire croire qu’il n’a aucune version précédente du document afin que personne ne se rende compte des modifications. puis pire encore, il affirme ne pas pouvoir fournir les échanges de mails car un gros bug informatique au CHU de Grenoble aurait tout détruit ! Comme si l’Assistance Publique n’avait pas des disques durs de secours, des serveurs doubles afin de sécuriser des données d’une extrême importance comme le sont les données de santé ! Faut-il croire qu’ils ont perdu tout leur dossier patients pendant qu’on y est ! Décidément, être professeur de médecine ne protège pas de commettre des actes complètement stupides qui rappellent d’ailleurs la disparition des agendas de Nicolas Sarkozy lorsque la justice les lui a demandés !
Ceci est le résultat d’une enquête extrêmement légère du Sénat ; on vous laisse imaginer ce que pourrait découvrir la justice si des perquisitions et des fouilles plus poussées étaient réalisées dans le cadre de cette affaire très grave…
Selon les informations du « Monde », la commission d’enquête du Sénat s’est procuré un échange d’e-mails entre le directeur général de la santé et Santé publique France, attestant de pressions pour empêcher la publication d’un rapport d’expertise établissant que la France aurait dû avoir à sa disposition un milliard de masques.
Le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, a-t-il fait pression pour modifier un rapport d’experts recommandant au gouvernement d’avoir à disposition un milliard de masques en cas de pandémie, alors que lui-même venait d’en commander seulement 100 millions ? C’est ce que semble penser la commission d’enquête du Sénat, chargée de tirer les leçons de la crise sanitaire, qui doit dévoiler ses conclusions jeudi 10 décembre, à l’occasion d’une conférence de presse.
Selon plusieurs sénateurs, qui ont pu avoir accès, les 7 et 8 décembre, aux conclusions de la commission d’enquête, M. Salomon a bien tenté de modifier un avis remis en août 2018 à l’agence Santé publique France (SPF) par Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses au CHU de Grenoble.
Ce document établit des recommandations sur les différentes « contre-mesures médicales » à déployer en cas de pandémie grippale : médicaments, matériel médical et masques. Prenant pour hypothèse une atteinte de 30 % de la population française, il indique – dans la version de l’avis qui sera finalement publiée un an plus tard, à l’été 2019 – qu’« en cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30 % de la population », soit 1 milliard de masques. « L’importance du stock est à considérer en fonction des capacités d’approvisionnement garanties par les fabricants », est-il précisé.
« Stock dormant »
Hasard du calendrier, ce rapport arrive sur le bureau de François Bourdillon, directeur de Santé publique France (jusqu’à la mi-2019), en même temps qu’une analyse révélant l’état calamiteux du stock national : plus de 80 % des 735 millions de masques ne seraient plus conformes.
Photo d’illustration : Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors d’une conférence de presse au ministère de la santé à Paris, le 7 décembre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Chloé Hecketsweiler et Solenn de Royer
Le Monde9 décembre 2020