Voici comment la justice traite un individu lambda, sans aucune pitié et avec des conséquences dramatiques. Comment est-il possible de mettre un individu en détention provisoire pour un pneu crevé sachant qu’il est en dépression profonde depuis 5 ans ?
Pendant ce temps d’autres sont accusés de viols, de très grosse fraude au fisc… ils sont pourtant libres !
Un enseignant dépressif placé en détention provisoire aux Baumettes depuis plus d’un mois, pour avoir crevé des pneus s’est suicidé.
« Mon fils a été la victime tragique d’une succession d’incompétences, de fautes et d’insensibilité. », dénonce son père.
Un homme de 52 ans, s’est donné la mort dimanche 2 août dans sa cellule de la maison d’arrêt des Baumettes, a confirmé à La Marseillaise la Direction interrégionale des Services pénitentiaires.
Luc Viviani était un ancien professeur de mathématiques au lycée Joliot-Curie d’Aubagne. En dépression profonde et en invalidité depuis plusieurs années, il n’exerçait plus depuis 5 ans et avait été mis à la retraite d’office en septembre dernier. Il avait été interpellé à la Bouilladisse le 28 juin par les gendarmes de Roquevaire pour avoir crevé les pneus d’un véhicule. “Pour des raisons totalement obscures, il a crevé à 7 ou 8 reprises les pneus de voiture d’une même personne, ce qui démontre bien l’obsession maladive qui l’envahissait. Deux gars lui ont tendu un guet-apens dont un policier qui n’était pas en service. Ils l’ont attrapé, l’ont gazé et l’ont frappé avec des manches de pioche” relate un ami de la famille.
A l’issue de 48h de garde-à-vue et après avoir été examiné à sa demande par un médecin, il était déféré à l’audience de comparution immédiate du 1er juillet. Le tribunal décidait de demander une expertise psychiatrique, mais désignait un expert en congé. Luc Viviani était placé en détention provisoire aux Baumettes. À l’audience suivante, 28 juillet, où l’absence d’expertise s’est révélée, un nouveau renvoi s’est imposé. Les débats ont porté uniquement sur le prolongement ou pas de la détention provisoire. L’avocate du prévenu, Me Louise Lanata, que nous n’avons pas réussi à joindre, a mis en garde le tribunal sur le risque que son client attente à ses jours, suscitant une réaction de la présidente qui aurait fait observer qu’elle ne pouvait « admettre un chantage au suicide ». Quittant le box, Luc Viviani se jetait très violemment la tête contre une cloison de verre. Il était admis à l’hôpital Nord pour la nuit où des points de suture lui ont été posés. Le vendredi suivant, son avocate qui le visitait au parloir le découvrait avec des pansements. Il s’était tailladé les avants-bras. Il sera dit à la famille qu’un chef de détention avait adressé deux courriels d’alerte en interne…
Photo d’illustration : « Mon fils a été la victime tragique d’une succession d’incompétences, de fautes et d’insensibilité. Il a été abandonné à lui-même. La Justice a fonctionné comme une machine à broyer. » déclare Mr Jean Viviani, le père du défunt. Photo D.C
David Coquille
La Marseillaise11 août 2020