Heureusement qu’il existe des médecins dignes de confiance et investis dans leur mission de sauvegarde de la qualité du système de soins, comme l’urgentiste Christophe Prudhomme, afin de diffuser ce type d’information que personne ne retrouvera sur les médias officiels. Curieux non ! Vous trouverez un nombre incalculable de sottises, d’âneries, de faits divers et autres gossips mais rien concernant cet appel au secours du centre hospitalier de Saint-Égrève ! Pourtant, c’est beaucoup plus important pour le public surtout ceux qui habitent non loin de ce centre hospitalier et qui pourraient avoir du jour au lendemain besoin de ses services. Les grévistes appellent le gouvernement et les autorités sanitaires à réintégrer tout le personnel soignant suspendu pour cause de non injection. Ils refusent également de participer à la visite de certification de l’établissement prévu à la fin du mois se septembre car ils estiment que ceci n’a aucun sens étant donné les difficultés qu’ils vivent au quotidien. Comment est-il possible de certifier quelque chose qui ne fonctionne plus ?
C’est à la fois une lettre, un appel au secours… et un réquisitoire que la CGT du Centre hospitalier Alpes-Isère (Chai) de Saint-Égrève adresse au ministre de la Santé François Braun. Daté du 2 septembre 2022, et comportant le seul mot « Alerte » comme objet, la missive dénonce sans prendre de gants « la ruine de l’hôpital public et l’état déplorable de la psychiatrie française ».
La CGT pointe ainsi du doigt les « adaptations » de fonctionnement des urgences nocturnes, qui concernent (entre autres) Grenoble et Voiron. « L’heure n’est plus à jouer sur les mots ou à édulcorer la situation : nous vivons une catastrophe sanitaire », lance le syndicat. Pour qui les fonctionnements perturbés des urgences, mais aussi dans certains cas des Smur, peuvent réellement mettre des vies en danger.
Les urgences psychiatriques en souffrance
Quid des urgences psychiatriques ? Celles-ci sont saturées, affirme le courrier. Et notamment l’unité de court séjour d’hospitalisation du Chai, « créée pour faciliter les hospitalisations à la suite des urgences ». Son objectif initial ? Des séjours d’une durée maximale de 72 heures. « En juin, un patient y est resté hospitalisé plus d’un mois », assènent les syndicalistes.
La psychiatrie pèse également sur le fonctionnement des urgences du CHU Grenoble-Alpes, qui se voient adresser des patients atteints de troubles psychiatriques qu’elles essayent ensuite de renvoyer sur d’autres services, quitte à « tendre les contacts » entre les uns et les autres : « Plusieurs fois, des ambulances ont présenté des patients sans accord préalable, et alors que notre établissement était complet ».
Le courrier note encore que les psychiatres du Chai, qui réalisent les avis psychiatriques aux urgences du CHU de Grenoble, ne disposaient même pas de lieu dédié dans les nouveaux locaux. Et que le CHU, faute de place, est contraint d’ouvrir des lits en catastrophe dans les anciennes urgences… avec « parfois un seul soignant [pour] prendre en charge de façon totalement isolée des patients en crise aigüe ».
Des refus d’admission auraient également été enregistrés, quand des « problématiques somatiques [ne sont pas] associées aux troubles psychiatriques ». Le risque ? « Ce genre de tri écarte dangereusement les patients avec des idées suicidaires, qui ne peuvent être évalués efficacement autrement que par un entretien ». Un jeune homme en aurait été victime au mois de juin.
Le manque de moyens dénoncé
Sans surprise, c’est le manque de moyens que cible le syndicat pour expliquer une telle situation. La CGT dénonce la fermeture de 78 lits au Chai en 2018, et « un appauvrissement clinique général » sur fond de baisses des formations. En résulte une explosion des délais de consultation. Parfois jusqu’à l’absurde, comme… trois ans d’attente pour un premier rendez-vous en pédopsychiatrie.
Outre une stagnation des patients aux urgences, faute de pouvoir être pris en charge au Chai, le manque de moyens entraînerait une dégradation de l’ambiance au sein de l’établissement. Qualifié au mieux de « déplorable », au pire de « délétère ». Un climat qui toucherait autant les personnels que l’équipe de direction, dont plusieurs membres ont quitté leurs fonctions durant l’été 2022 pour rejoindre dans deux cas sur trois le secteur privé.
Le syndicat dresse même une véritable liste de « violences », qui vont de l’inscription raciste (« Arabe dehors ») sur la porte d’un cadre à une agression sexuelle d’un agent « passée sous silence pendant plus de trois semaines »… en passant par une tentative de suicide « sur le lieu et le temps de travail, avec des produits pharmaceutiques, après une altercation avec un directeur ».
La CGT appelle au boycott de la visite de certification du centre hospitalier
Syndicat oblige, le courrier déploie une série de revendications. Qui mentionne « la réintégration sans délai des collègues suspendus [pour cause de refus de vaccination, ndlr] », « la titularisation de tous les contractuels », une augmentation « significative » des rémunérations des personnels, et « la mise en œuvre d’un plan national de formation et de recrutement de 100 000 postes supplémentaires ».
Quand la CGT “accueillait” Emmanuel Macron à l’occasion d’une visite présidentielle au Centre hospitalier Alpes-Isère en septembre 2021. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Nous ne voulons pas une réponse sous la forme d’une communication policée », ajoute la CGT. Pour qui seuls manquent « des engagements politiques et des financements publics ».
Les syndicalistes appellent enfin les personnels du Chai à ne pas participer à la visite de certification de l’établissement prévue du 26 au 30 septembre, jugée « ubuesque ». Et leur recommandent de « transmettre aux experts-visiteurs l’état de leurs conditions de travail ». Tout en déposant un préavis de grève sur cette période, « pour les personnels qui ne souhaiteraient pas participer à cette mascarade ».
Florent Mathieu
9 septembre 2022