C’est un véritable arsenal qui a disparu en début de semaine des stocks de l’armée, sur le site militaire de Miramas dans les Bouches-du-Rhône. On ne peut concevoir que l’armée fasse preuve de tant de laisser-aller et de désinvolture dans un domaine aussi sensible et surtout à une époque où le pays est pratiquement en état d’alerte général, après les attentats perpétrés. Il est une certitude en tout cas, une telle opération ne peut être montée sans des complicités internes. Il s’agit là de prémices à l’installation d’une instabilité interne, car les objets disparus ne sont certainement pas de banals articles pyrotechniques destinés à illuminer le ciel de Paris pour la fête du 14 Juillet, mais ont été volés pour perpétrer des attentats et faire couler le sang. Ceci rappelle à s’y méprendre les premières années de sang algériennes. Lorsque des explosifs de ce type se retrouvent dans la nature, c’est malheureusement pour une utilisation certaine.
À qui profitera encore le crime ? Affaire à suivre…
Au moins 150 détonateurs et des pains de plastic ont été volés sur un site militaire de Miramas (Bouches-du-Rhône) dans la nuit de dimanche à lundi, posant la question de la protection des sites militaires et entraînant l’ouverture de plusieurs enquêtes. Le ministère de la Défense a annoncé mardi avoir demandé en interne une évaluation “sous quinzaine” de “la protection de l’ensemble des sites militaires de stockage de munitions”. Cette évaluation, demandée à la Direction de la protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID), permettra de “proposer les mesures correctrices qui s’imposeraient”, précise le ministère dans un communiqué. Une enquête de commandement a également été ordonnée “pour analyser les faits, l’organisation et les éventuelles responsabilités” du vol survenu à Miramas, selon la même source. Le vol, révélé par Europe 1 et découvert lundi, visait l’établissement principal de munitions “Provence” dépendant du service interarmées des munitions, a précisé de son côté le procureur de la République à Marseille, Brice Robin. Il a entraîné l’ouverture d’une enquête pour vol avec effraction commis en bande organisée et introduction frauduleuse dans une enceinte militaire. Le versant judiciaire de l’enquête est quant à lui diligenté par la section de recherches de la Gendarmerie nationale de Marseille ainsi que par l’IRCGN – l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale – pour les constatations. “De nombreux moyens ont été mis en ?uvre incluant la mobilisation du groupement de gendarmerie départementale des Bouches-du-Rhône ainsi que celle d’un escadron de Gendarmerie Mobile”, a encore assuré M. Robin.
-Un précédent en 2008-
Selon une source proche de l’enquête, les malfaiteurs ont pénétré dans l’enceinte du vaste site militaire après avoir découpé les grillages qui l’entourent. L’établissement principal de munitions de Miramas couvre au total environ 200 hectares, et 200 militaires y sont déployés, selon le maire PS de la ville, Frédéric Vigouroux. Cette base logistique, connectée au réseau ferroviaire, est notamment utilisée pour les opérations extérieures (OPEX) militaires de la France. Elle a ainsi servi lors de l’intervention de la France au Mali, selon M. Vigouroux, qui a précisé à l’AFP qu’un “changement de commandement” de cette base “où beaucoup d’habitants de Miramas ont travaillé” avait eu lieu “il y a une dizaine de jours”. Ce vaste terrain est situé à quelques centaines de mètres de la ville de Miramas elle-même. De grands bâtiments y abritent du matériel et, à quelques dizaines de mètres de la route qui longe le terrain militaire, sont alignées derrière deux grillages surmontés de barbelés des dizaines de petites constructions, semblables à des petites maisons à un étage, avec une seule fenêtre : c’est notamment ici que reposent, à demi enterrées, explosifs et munitions. A l’entrée du site, des militaires et des gendarmes empêchaient badauds et journalistes d’approcher. A quelques centaines de mètres, à l’un des coins du terrain, une camionnette de gendarmes empêchait les curieux de se lancer dans le tour complet du site le long de ses grillages. Interrogé sur RTL mardi matin, le Premier ministre, Manuel Valls, a dit n’avoir “aucune information sur ce sujet et sur les causes mêmes de ce vol”. En juillet 2008, 28 kilos d’explosifs avaient été volés dans un centre de déminage de la banlieue de Lyon, un vol attribué par la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, à des “défaillances dans la sécurisation du site”. À l’époque, une enquête préliminaire avait été ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris.
Martin de Montvalon AFP