Dimanche dernier dans le métro, la rame où je me trouvais s’arrête soudain. En plein tunnel. Le conducteur nous informe alors que “suite à un accident de voyageur la rame est arrêtée pour un moment”, et nous “remercie de notre compréhension”. Un type au foulard rouge s’emporte : “Ils nous emmerdent, bordel ! Ils peuvent pas se suicider ailleurs ! Ou aller bosser ! Fainéants !”. Les passagers dans le wagon ne réagissèrent pas beaucoup. Discrètement, j’enroulai autour de mon cou un foulard rouge qui traînait dans ma poche et, comme si de rien n’était, je m’approchai de lui. “On devrait sanctionner les suicides, ça pénalise l’économie. Faire payer l’épouse, ou l’époux, par exemple, ou les enfants plus tard, ou la famille”, lui dis-je assez fort pour que l’on m’entende alentour. “C’est sûr qu’une amende de 30 000 euros ça leur ferait passer l’envie de se suicider”, fit le type d’un sourire. “Et tous les manifestants qui s’opposeraient à cette loi, on les fusillerait, et pas avec des balles en caoutchouc… “, continuai-je. “Vous m’enlevez les mots de la bouche, cher monsieur. Il y a tellement de choses à faire…. “. À ce moment là, j’enlève mon foulard rouge et enfile un gilet jaune qui traînait dans mon autre poche. Et le regarde droit dans les yeux sans rien dire. Une armoire à glace s’approcha alors de nous en souriant. “Bonjour, je vous écoutais… c’est intéressant”, dit-il. Puis, très tranquillement, il enfila un gilet jaune, en sifflotant. “La colère m’a fait dire n’importe quoi, vous savez… “, balbutia le mec au foulard rouge. “Appelez votre patron, vous n’allez pas au boulot aujourd’hui”, fit le balèze en préparant son poing droit avec sa paume gauche. Un silence de mort écrasait le wagon toujours à l’arrêt. “Excusez-moi, j’aimerais réparer mon offense, s’il vous plaît”, implora piteusement le rouge de honte en sueur. “Vous avez offensé beaucoup de gens… beaucoup trop… vous ne pourrez pas payer les réparations… “, fit le costaud. L’autre rangea son chéquier timidement. “La violence ne règle rien. On peut parler, on peut vivre ensemble… “, dit une vieille dame à lunettes à triple foyer à l’adresse du malabar. “J’ai pas envie de vivre ensemble avec la vermine”, fit le robuste après avoir envoyé un uppercut massif dans la tronche de l’offenseur qui s’écroula bruyamment. Une petite flaque de sang apparut, puis le conducteur annonça que nous allions repartir. La rame se mit enfin mouvement. Arrivé à la station suivante, je descendit de la rame en repensant aux paroles de la vieille dame à lunettes à triple foyer, “on peut vivre ensemble”. Un emprunteur peut-il vivre ensemble avec son usurier qui le mettra à mort financièrement ?… “L’intérêt est comme la morsure d’un serpent. Elle n’engendre (au début) qu’une plaie anodine et indolore au pied, puis subitement elle gonfle et monte jusqu’à la tête. De même l’intérêt semble (au début) imperceptible et insignifiant, jusqu’à ce qu’il s’accumule et qu’il fasse perdre beaucoup d’argent”, disait le rabbin Rashi commentant un midrash sur l’Exode (Rashi Chémot 22, 24). Une morsure pour une mort sûre, donc. Peut-on vivre ensemble avec un serpent ?… Avec des serpents ?… Avec des serpents qui dirigent le monde ?… Les serpents peuvent-ils respecter une loi qui interdirait totalement l’usure avec quiconque, et la respecter sans contourner l’interdiction ? Ou faut-il sacrifier les serpents en guise de sacrifice à la vie ? À Dieu ? Après tout le Maharal, rabbin de Prague, écrivait : “Celui qui prête avec usure s’associe à la puissance du serpent qui mord et prend la vie : il n’est pas digne de vivre”. Et s’il n’y avait pas de bonne politique sans les bons sacrifices… Étant entendu que les mauvaises politiques font, elles, les mauvais sacrifices : millions de civils sacrifiés par le bolchevisme en Russie, par le maoïsme en Chine, par la démocratie occidentale en Irak et au Moyen-Orient, et centaines de milliers de civils sacrifiés par la Révolution Française qui le 30 octobre 1789 promulgua l’abolition de l’interdiction de l’usure…
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