Après la pénurie des vaccins DTP et souvenons-nous de la perte des fioles de souches du virus du Sras en avril 2014, on nous parle aujourd’hui de la rupture de stock d’anti-venin !!! Voilà ce qui se passe lorsqu’on laisse la santé à des entreprises privées dont le seul intérêt est l’argent et les actions boursières… Par contre, comme toujours, il n’y aura aucune sanction contre une telle faute, une mise en danger des citoyens !
L’association Médecins sans frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme face à l’épuisement des stocks de traitements anti-venin produits par le laboratoire français Sanofi Pasteur, qui risque de mettre en danger des dizaines de milliers de personnes dans le monde.
« Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d’un traitement et d’un sérum antivenimeux », prévient MSF dans un communiqué diffusé à l’occasion d’un colloque organisé mardi à Bâle (Suisse) sur la médecine tropicale.
L’association rappelle que Sanofi a cessé la production de Fav-Afrique, le seul sérum antivenimeux « certifié sûr et efficace » en 2014, que les stocks seront périmés d’ici à juin 2016 et « qu’aucun produit de remplacement ne sera disponible pendant au moins deux ans ».
Selon des estimations citées par MSF, quelque 100.000 personnes décèdent chaque année à la suite de morsures de serpent, dont 30.000 en Afrique sub-saharienne. Les morsures se produisent principalement dans les zones rurales où les personnes mordues renoncent à se faire soigner en raison du coût élevé du traitement (250 à 500 dollars par personne) ou se tournent vers les guérisseurs traditionnels, note encore MSF, qui invite l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à jouer « un rôle de premier plan » pour améliorer l’accès des populations aux traitements anti-venin.
En ce qui concerne Sanofi, MSF espère que le laboratoire « va mettre à disposition les substances de base nécessaires à la production du Fav-Afrique » et trouvera « une capacité de production pour affiner ce produit en anti-venin qui pourra à terme remplacer Fav-Afrique ». Le laboratoire a pour sa part indiqué qu’il avait pris la décision de stopper la production de son anti-venin en 2010 en raison des prix affichés par des produits concurrents fabriqués en Asie, en Amérique latine et en Afrique et sur lesquels « Sanofi Pasteur ne pouvait s’aligner » et avait entrepris de se concentrer sur la production d’un antirabique pour lequel « la demande est croissante et planifiable », a précisé mardi Alain Bernal, son porte-parole.
Ce dernier souligne également que le laboratoire « regrette » d’avoir dû arrêter la production du Fav-Afrique et « sensibilise depuis plusieurs années les autorités internationales de santé » sur ce problème. « Cette situation, que l’on peut considérer comme une défaillance de marché, démontre clairement comment la pression sur les prix conduit à faire des choix au détriment de la durabilité et de la fiabilité de l’approvisionnement et, potentiellement, de la qualité, avec un impact sur la santé publique », conclut M. Bernal.
Jérome Tréglia