Il est important et vital que les femmes sachent que certains types de prothèses mammaires provoquent le cancer à l’instar d’un grand nombre de pilules contraceptives. C’est peut-être joli, il est vrai, mais le diktat esthétique des médias est extraordinairement violent et il importe de savoir quels sont les risques encourus au niveau de la santé des patientes, comme l’exige d’ailleurs la loi, dans le Code de Santé Publique.
C’est tout de même un comble voire même une ironie divine puisqu’une chirurgie qui se doit d’être très simple et sans effets secondaires se termine en cancer avec obligation de retirer le sein touché, la perte des cheveux après la chimiothérapie… on est loin du résultat esthétique escompté au départ !
Les prothèses mammaires fabriquées par la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP), au cœur d’un vaste scandale en France, étaient surtout vendues à l’étranger, notamment en Amérique du Sud et dans plusieurs pays européens.
Depuis le scandale des prothèses PIP qu’il avait contribué à dévoiler, la parole de Christian Marinetti est écoutée. Ce jeudi, le chirurgien esthétique s’est exprimé au micro de franceinfo pour mettre en garde contre le risque de cancer provoqué par certains implants mammaires. « Le risque est faible, mais maintenant que nous le connaissons il faut en tenir compte » a expliqué le praticien. Jusqu’à quel point faut-il s’inquiéter ? 20 Minutes vous résume tout ça.
Que reproche-t-on à ces prothèses mammaires ?
En sept ans, en France, 50 femmes ont développé un « lymphome anaplasique à grandes cellules » liés à leurs implants. Trois sont décédées suite à l’aggravation de la maladie. Ce type de cancer a aussi été détecté aux Etats-Unis, où quelques dizaines de cas ont été recensés. Interrogé il y a quelques mois par 20 Minutes sur le sujet, le chirurgien esthétique Vladimir Mitz expliquait les causes probables de la maladie : « Ce serait lié à la texture même de la prothèse ». Les implants dits « texturés » – par opposition aux implants « lisses » « pourraient avoir un effet irritant chez certaines femmes, provoquant une réaction inflammatoire qui peut conduire, dans des cas rarissimes, à l’apparition d’un lymphome ».
Dans son interview à france info, Christian Marinetti précise que les implants Biocelle de la société Allergan sont impliqués dans la majorité des cas de cancers recensés. Le PDG de la société visée a réagi sur la radio : « C’est parce que nous sommes aussi la marque la plus implantée (…) Nos prothèses sont marquées, donc facilement identifiables lorsqu’on les retire ». Pour autant, les cas de cancers restent très rares : ils concernent environ 0,01 % des prothèses implantées en France.
Comment la question est-elle traitée par les autorités ?
Les complications liées aux prothèses font l’objet d’un suivi depuis plusieurs années. Comme l’explique le journaliste santé – et médecin de formation – Jean Daniel Flaysakier sur son blog, « c’est en 2008, à l’occasion d’une publication néerlandaise dans la revue JAMA (…) qu’on a vraiment commencé à s’intéresser à ce phénomène ». Depuis, plusieurs études ont suivi : l’Institut national du cancer (INCa) avait produit un rapport en 2015, qui listait quelques cas de cancers. Et en juillet 2018, l’ANSM a publié un nouveau bilan recensant le nombre de lymphomes déclarés.
Concernant les prothèses d’Allergan, les autorités sanitaires devraient publier des recommandations dans les prochains mois. Dans son rapport, l’INCa préconisait de son côté de bien informer les patientes avec « la remise d’une fiche d’information (…) avant la pose d’un implant mammaire, sur le risque de lymphome et les signes cliniques qui doivent les inciter à consulter ».
Ce risque est-il le même que celui des prothèses PIP ?
Non. Dans l’affaire des prothèses PIP, la société utilisait sciemment un silicone industriel pour remplir les implants, au mépris des règles médicales. Ces prothèses présentent des risques de rupture et d’irritation. Environ 30.000 femmes ont été concernées par cette affaire en France, et 400.000 dans le monde. Au total, près d’un million de prothèses mammaires défectueuses ont […]
Nicolas Raffin – 20 minutes