C’est ce qui terrorise les dirigeants félons, les traîtres et corrompus qui dirigent les nations : la révolte populaire pacifique.
Opposés à la prolongation du confinement et au « coronapass », le passeport vaccinal, les membres du mouvement sont toujours aussi nombreux au Danemark.
Ils sont cagoulés, masqués et se donnent rendez-vous sur Facebook chaque samedi depuis la mi-décembre, fumigènes ou bougies en main. Environ un millier de « Men in Black » – les hommes en noir – réclame avec constance la fin des mesures sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19 au Danemark. La plupart des manifestations se font dans le calme à Copenhague, mais certains dérapages sont régulièrement constatés.
Samedi 27 février, avec 1200 participants, le cortège était plus fourni qu’à l’accoutumée dans les rues de la capitale danoise. Cette fois-ci, huit personnes ont été arrêtées pour avoir visé les forces de l’ordre avec des feux d’artifice. «Liberté pour le Danemark» scandaient les militants, fumigènes en main. « Si cette maladie est si dangereuse, pourquoi n’y a-t-il pas plus de morts ? », s’insurgeait un manifestant « coronaseptique ». Ils se mobilisaient contre le prolongement de la plupart des restrictions en vigueur jusqu’au début du mois d’avril : les bars et les restaurants, entre autres, resteront fermés.
L’autre motif d’inquiétude des manifestants est la mise en place d’un « coronapass » numérique, une application mobile qui permet de prouver sa vaccination à l’aide d’un QR code, d’abord pour les voyages à l’étranger et à terme pour aller au restaurant, dans les stades ou dans d’autres lieux publics. «Le parlement a adopté une loi épidémique qui peut nous priver de nos droits constitutionnels, s’alarmait la semaine dernière le mouvement sur sa page Facebook, dans un inventaire à la Prévert. Il y a maintenant la possibilité de privation de liberté, de tests forcés (aussi pour nos enfants), d’isolement forcé, de traitement forcé, de vaccins forcés, la possibilité d’une surveillance intensive et d’enregistrement des citoyens…».
« Anonymous » et hooliganisme
Pour Eric Sadin, philosophe spécialiste des révoltes liées aux réseaux sociaux, ce mouvement s’appuie sur un postulat très répandu depuis un an dans le monde. «La crise du coronavirus serait un formidable moyen de soumettre le peuple en amplifiant les procédés de surveillance. C’est grotesque mais les choses sont gérées de façon très pyramidales. Ainsi, tout va très vite dans cette période où les affects sont à la limite de l’implosion et les réseaux sociaux permettent de relayer très vite de les opinions», confie l’auteur de l’essai L’ère de l’individu tyran, la fin d’un monde commun.
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Photo d’illustration : environ 1200 manifestants masqués samedi 27 février, à Copenhague. MADS CLAUS RASMUSSEN / AFP
Paul Carcenac
Le Figaro [International]1er mars 2021