Cet article décrit parfaitement l’état de la politique marseillaise (et pas que) avec toutes ses magouilles électorales. Les moralisateurs, donneurs de leçons, n’hésitent pas à établir de faux témoignages pour nuire à un autre candidat, Patrick Mennucci en l’occurrence, dont on doit rappeler, ici, l’appartenance à la secte maçonnique. Le cas Narducci est exceptionnel de girouettisme : elle fut PS, se présenta contre le candidat PS en 2012 avant de rallier le PRG et de se jeter dans les bras de l’UMPiste Jean-Claude Gaudin en 2015 pour les municipales. Concernant Omar Djellil, c’est encore pire, puisqu’il est passé par quasiment toutes les étiquettes politiques, avec même un passage remarqué au FN…
Bref, ce n’est qu’un petit échantillon de ce qu’il est coutume d’observer dans le Landerneau politique français. Rien de nouveau sous le soleil du porteur de Lumière.
Un sentiment rapproche tous les protagonistes de cette affaire, révélée à l’époque par La Provence : la haine de Patrick Mennucci. À peine est-il élu, en juin 2012, député (PS) de la 4e « circo » des Bouches-du-Rhône qu’un recours est formé par Omar Djellil, l’un des « petits » candidats – sans étiquette, au parcours politique plus que sinueux – compilant nombre d’irrégularités supposées, dont des achats de votes, parfois à grands renforts de billets de 20 et 50 euros en pleine rue.
Mennucci contre-attaque dans la foulée en déposant plainte. Si les « sages » du Conseil constitutionnel balaient d’un revers de main la tentative d’annulation de l’élection, la brigade criminelle de la sûreté départementale estime que nombre d’attestations de la quasi vingtaine versée au dossier sont frauduleuses. Parmi ces faux témoignages recueillis principalement auprès de « pauvres gens » des quartiers de la Belle-de-Mai et de Félix-Pyat, un aurait été rédigé dans un tramway, plusieurs autres dans la mairie même des 2-3e arrondissements, celle de Lisette Narducci, que l’on a dit « téléguidée » par Jean-Noël Guérini, l’ancien président du Conseil général, pour barrer la route à… Patrick Mennucci lors de ces législatives.
Si pour l’heure, trois hommes sont mis en examen pour « établissement d’une attestation faisant état d’un fait inexact », dont Farid Soilihi, lui aussi autre « petit » candidat de cette élection, et dont plusieurs « faux témoins » affirment qu’il disait recueillir ces attestations pour Lisette Narducci, la justice n’a pas encore ciblé de commanditaire. Omar Djellil, à l’origine du recours, et qui a reçu sur un plateau une seconde fournée d’attestations, contacté par La Provence, assure être « le dindon de la farce » de cette affaire.
« Bien sûr, je voulais la mort politique de Mennucci mais pas à ce prix-là, avec de telles magouilles », jure-t-il, assurant avoir voulu retirer ce recours alors qu’il nourrissait des doutes quant à l’honnêteté des témoignages. Dans une lettre au vitriol adressée au Procureur en mai 2014, et que La Provence a pu consulter en exclusivité, l’homme affirmait même qu' »informée de mon désir de ne plus saisir les Sages, madame Narducci me fit convoquer en urgence dans son bureau et me supplia de ne pas mettre un terme à la procédure (…). Elle me jurait que ces attestations étaient authentiques ». Précisant que « durant les rencontres Michelle Azoulay (sa directrice de cabinet, Ndlr) et Lisette Narducci enlevaient les batteries de leur portable au prétexte qu’elles étaient sur écoute » . Djellil précisait même que, devant sa colère, « Michelle Azoulay reconnaissait avoir orienté les témoins dans l’élaboration de fausses attestations ».
Narducci, « concernée ni de près ni de loin »
C’est pour tenter de se forger enfin une opinion que la juge d’instruction Cathy Escola a organisé le 28 janvier dernier une confrontation entre Omar Djellil, Lisette Narducci, Michelle Azoulay, tous trois sous le statut de témoin pour l’heure, ainsi qu’Abdourazak Bakari, l’un des faux témoins mis en examen, et Farid Soilihi, mis en examen lui aussi… lequel ne s’est pas présenté. « Normal, on lui a à coup sûr demandé de ne pas venir parce que sinon, il aurait tout avoué concernant Mesdames Azoulay et Narducci : que la première était à la manœuvre et que la seconde est coupable d’avoir su mais de n’avoir rien dénoncé », peste Djellil…
« Je ne connais pas le mobile de Farid Soilihi pour accuser les gens comme ça, cela me sidère », a confié lors de cette confrontation Michelle Azoulay, ajoutant concernant Omar Djellil : « Je pense que celui-ci est resté dans l’amertume de ne pas avoir été élu ».
La maire des 2-3, Lisette Narducci, elle, concluait cette confrontation en assurant au magistrat : « Je ne supporte pas qu’on mette un doute, aussi minime qu’il soit, sur mon travail et le travail qui est fait en mairie ». Jointe hier, l’élue se dit « ni de près ni de loin concernée par cette affaire », et assure que les rencontres qu’évoquent Omar Djellil, au cours desquelles selon lui il était question des fameuses attestations, « avaient en fait pour but de venir en aide à Monsieur Djellil qui à l’époque avait de gros problèmes personnels et financiers ; on l’a aidé avec nos moyens, c’est pour cette raison que je ne le trouve pas très sympa d’agir ainsi« .
Alors que la juge n’a pas décidé de mettre en examen Omar Djellil, Lisette Narducci et Michelle Azoulay, le Parquet a trois mois pour faire connaître sa position…