Mon propos n’est pas d’anticiper sur la culpabilité des uns ou des autres dans ce vaste trafic de stupéfiants opéré à ciel ouvert dans la deuxième ville de France. Il est dans le paradoxe entre les déclarations excessives de cette sénatrice lorsqu’elle avait souhaité l’intervention de l’armée pour endiguer ce fléau et le peu d’assurance dont elle fait preuve concernant l’innocence de son chauffeur. Car, plutôt que de faire appel à l’armée, elle aurait dû déjà, à son niveau, faire montre de plus de vigilance dans le choix de son personnel de service. Si tel avait été le cas, elle aurait pu aujourd’hui se montrer garante de l’intégrité de son chauffeur. Or, ce n’est pas ce qu’elle a déclaré. Sans remettre en cause le principe fondamental de la présomption d’innocence, elle n’écarte pas la possibilité d’une implication à un quelconque niveau, auquel cas elle serait intransigeante, bla bla, bla.
«Plus d’une vingtaine d’interpellations» ont eu lieu lors d’une très grosse opération de démantèlement de filière» de trafic de drogue à La Castellane (16e), a annoncé lundi le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, sur BFMTV.
«Il y a eu 20 à 25 interpellations pour trafic de stupéfiants», a confirmé le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, évoquant une opération menée sur commission rogatoire d’un juge d’instruction. L’intervention a été menée sous la supervision de la police judiciaire. Parmi les gens interpellés se trouve le chauffeur de la sénatrice socialiste Samia Ghali. La sénatrice s’est dit «évidement abasourdie» par cette nouvelle. «C’est quelqu’un qui, à ma connaissance, n’a jamais eu de problème, indique-t-elle dans un communiqué. Sans remettre en cause le principe de la présomption d’innocence, il est clair que si toutefois il devait être confirmé son implication à quelque niveau que ce soit, je serais intransigeante et sans aucune concession». L’élue, qui avait réclamé l’intervention de l’armée dans les quartiers Nord pour mettre un frein aux trafics de drogues, a ajouté : «Je suis entrée en politique à l’âge de 17 ans pour lutter contre le fléau de la drogue. C’est le combat de toute ma vie et les raisons de mon engagement. Il ne pourrait y avoir pour moi plus grande trahison et j’en tirerais évidement toutes les conséquences».
Un chiffre d’affaires quotidien de 40 000 à 50 000 euros
La cité de La Castellane avait notamment été au centre de l’actualité le 9 février, lorsque, quelques heures avant une visite du Premier ministre, Manuel Valls, une soixantaine de coups de feu avaient été tirés aux fusils d’assaut Kalachnikov, visant plusieurs voitures de police. Le scénario aujourd’hui privilégié par les enquêteurs pour expliquer cette fusillade est celui d’une «opération visant à la conquête» d’un territoire du marché de la drogue dans la cité. Fin mai, 28 personnes ont été renvoyées devant le tribunal correctionnel de Marseille et devraient être jugées d’ici quelques mois pour leur participation supposée à un important réseau de stupéfiants de La Castellane. La cité est décrite par les enquêteurs de la PJ comme le plus grand lieu de vente de cannabis de Marseille, un « supermarché » qui, selon le procureur Brice Robin, générerait un chiffre d’affaires quotidien de 40 000 à 50 000 euros. A la mi-mai, une vaste opération policière contre le trafic de drogue avait déjà permis l’interpellation de plus d’une vingtaine de personnes dans la cité des Lauriers (13e).