Quelque soit X, que le président vienne ou pas, cet organisme ne représente absolument personne et son utilité, après 15 ans d’existence, reste à démontrer. Nous constatons néanmoins que les politiciens font la queue pour aller au dîner annuel du Crif malgré son tarif exorbitant (900 €), mais personne ne se bouscule quand il s’agit des musulmans, ce qui donne une idée de leur importance dans la société française. Encore une fois, ceux qui parlent de communauté musulmane sont de fieffés menteurs ou de parfaits rêveurs.
Le Conseil français du culte musulman, qui existe depuis quinze ans, organise ce mardi son repas annuel pour célébrer la fin du ramadan.
Seul le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb est annoncé, alors qu’à l’Élysée, on prépare hors de cette institution une “réforme de l’islam de France”.
Au dîner du CFCM, ce n’est pas tant l’absence d’Emmanuel Macron qui provoque le débat que le probable passage en coup de vent du Premier ministre. Édouard Philippe devrait venir ce mardi soir, mais rester très peu de temps. Surtout, l’absence de discours du chef du gouvernement signifie qu’il donnera pas ce mardi le détail de la grande réforme de l’islam, annoncée par le président Macron en juin 2017.
Le CFCM peine décidément à séduire
Les gouvernements successifs, depuis sa création en 2003 par Nicolas Sarkozy, n’ont eu de cesse que de lui demander de se réformer, lui reprochant souvent, à l’instar d’Emmanuel Macron, d’être trop proche de pays étrangers.
De leur côté, les quelque 5 millions de musulmans vivant en France se disent pas ou peu représentés par ce CFCM, qu’ils jugent loin de leurs préoccupations.
Des responsables du Conseil ont dit leur « incompréhension » après avoir appris que le Premier ministre Édouard Philippe ne s’y exprimerait pas. Ce lundi, il avait tout simplement annoncé qu’il annulait sa venue, avant de promettre finalement de passer prendre « le thé de l’amitié ».
Gérard Collomb, chargé des cultes en tant que ministre de l’Intérieur, sera donc à la tribune pour prononcer le discours au nom du gouvernement lors de cet iftar (rupture du jeûne).
Un revirement qui déçoit
Les choses avaient pourtant bien commencé entre le CFCM et Emmanuel Macron. L’an dernier, le chef de l’État s’était rendu au dîner du CFCM, alors que depuis dix ans plus aucun président ne répondait favorablement à l’invitation.
Ahmet Ogras, président du CFCM pense que le Premier ministre a évité ce dîner afin de ne pas évoquer la réorganisation de l’islam en France. Le président de la République, qui pilote directement ce chantier, a préféré repousser sa prise de parole sur ce dossier. Le délégué général du CFCM, Abdallah Zekri, est plus amer. Au micro de France Inter, il se dit « vexé » et « déçu » par ce « revirement » :
Il ne se le permettrait pas avec les représentants d’un autre culte.Débranchage du CFCM par le gouvernement
Pour Marwan Muhammad, ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France, l’absence du Premier ministre et du président de la République sont « une preuve supplémentaire du débranchage du CFCM par le gouvernement ». Alors qu’il organise en ce moment une consultation des Français musulmans pour « penser de nouvelles institutions cultuelles », sans le soutien ou l’avis du CFCM ou de l’État, Marwan Muhammad constate que sur le terrain un peu partout en France, il n’y a aucune colère contre le CFCM « mais simplement une indifférence pour une institution dont ils ignorent presque tout et dont ils savent qu’elle ne les représente pas ».
C’est aussi ce que semble penser le gouvernement qui prépare, lui aussi sans le CFCM, la réforme de l’islam de France. Mettant une fois encore cette institution sur la touche.
Ouafia Kheniche – France Inter