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Ferghana.rue a annoncé dès le 29 août au soir le décès du président Islam Karimov, qui serait, selon les sources du média russophone, survenu dans l’après-midi du même jour. Mais aucune information officielle à ce sujet n’a encore été diffusée. Comme le rapporte le quotidien russe
Gazeta.ru, un message de la fille cadette du dirigeant, Lola Tillaeva, sur Instagram, a signalé le 29 que son père avait été hospitalisé le 27 août au matin en raison d’une hémorragie cérébrale et que son état était stationnaire. Le titre moscovite, se référant à ses propres sources en Ouzbékistan, confirme cependant l’annonce de
Ferghana.
Un infarctus à la suite d’un banquet trop arrosé ?
Pour la première fois, le gouvernement a annoncé à la télévision nationale qu’Islam Karimov était hospitalisé et se trouvait dans un état stationnaire. Selon
Gazeta.ru, les informations sur les problèmes de santé du président ne circulaient auparavant que sous forme de rumeurs, dans la presse régionale ou sur Internet.
Selon les informations publiées sur le site officiel du
Mouvement populaire d’Ouzbékistan, une formation d’opposition, le président, âgé de 79 ans, serait mort d’un infarctus après avoir consommé trop d’alcool lors du banquet qu’il avait organisé le 26 août pour le retour des athlètes ouzbeks de Rio.
Vingt-cinq ans, c’est trop
Pour l’ensemble de la presse russe, néanmoins, il semble que l’après-Karimov ait commencé. Le président ouzbek a dirigé sans partage l’ancienne république soviétique d’Asie centrale pendant vingt-six ans. Comme l’écrivait le rédacteur en chef de
Ferghana Daniil Kislov dans le quotidien populaire russe
Moskovski Komsomolets en 2013, alors que Karimov fêtait ses 75 ans,
“Karimov est aujourd’hui le plus vieux président de la Communauté des États indépendants et, avec Noursoultan Nazarbaev, son homologue kazakh, l’une des deux reliques de l’époque soviétique qui demeurent chefs d’État”.
Goulnara Karimova va-t-elle succéder à Islam Karimov ?
C’est dire si sa succession constituera un événement et comme ses enjeux seront importants, tant sur le plan intérieur que régional. Dans ce régime quasi monarchique, sa fille aînée Goulnara avait un temps fait figure de possible successeur, mais l’extravagante jeune femme, prise dans des intrigues politico-financières et familiales, est tombée en disgrâce et a subi une répression féroce de la part de son propre père.Cité par
Ferghana, le journaliste et spécialiste de l’Asie centrale Arkadi Doubnov, la figure la plus susceptible de succéder au président Karimov est le Premier ministre Chavkat Mirziaev, 59 ans, en poste depuis 2003. Sa proximité avec la famille Karimov et avec le tout-puissant chef des services de renseignement Roustam Inoiatov plaide en sa faveur.
Dans ce cas, toujours selon Doubnov, l’influence de Moscou se renforcera, dans ce pays qui joue un rôle majeur pour contenir les poussées islamistes en son sein, dans les pays ex-soviétiques voisins, et face à la progression des talibans en Afghanistan. A ce titre, l’Ouzbékistan héberge une base militaire américaine.
La question essentielle est alors pour Akadi Doubnov :
“Que deviendra l’Ouzbékistan après Karimov ?” “Dans ce pays de 32 millions d’habitants, certains espèrent une période de ‘dégel’, comme après la mort de Staline en 1953 ;
d’autres craignent l’arrivée au pouvoir des islamistes radicaux, considérant que seul Karimov était en mesure de les en protéger.” Quoi qu’il en soit, le pays fêtera le
[…]
Laurence Habay