C’est tout simplement immonde, abject et totalement décadent. Nous savons déjà que l’argent a pris une place prépondérante dans la société moderne occidentale, que la seule valeur qui compte aujourd’hui est l’argent. La richesse permet de modifier le réel, travestir la vérité ou tout simplement éviter la case prison. C’est un signe de décadence manifeste dont les conséquences sont funestes. Mais comme il y a toujours pire, et vu que le pouvoir de l’argent n’a pas de limite, la société moderne occidentale a commencé à faire commerce du vivant c’est-à-dire de l’être humain !
La clinique IVI en Espagne fait des offres spéciales étonnantes en matière d’aide à la procréation médicalement assistée. Décryptage.
Bébé garanti ou remboursé. Cela pourrait être le slogan de l’Institut Valencien de l’Infertilité, dit IVI, qui s’engage à rembourser les femmes et les couples qui n’arriveront pas à avoir un bébé avec leur tout nouveau programme : IVI Baby. Fondé en Espagne, IVI fait partie d’un groupe présent dans 13 pays, avec plus de 70 cliniques dédiées à la médecine reproductive. Un poids lourd dans son domaine qui compte dans son album de naissance pas moins de 160 000 enfants qu’il a aidé à venir au monde.
Alors que s’achèvent aujourd’hui en France les réunions publiques des États Généraux de la bioéthique, l’enjeu des débats était notamment de savoir si oui ou non il faut ouvrir les techniques de procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules . La fameuse « PMA pour toutes ». En Espagne, sur n’en est plus là.
« Avec IVI Bébé, vous aurez votre bébé à la maison dans un délai maximum de 24 mois », s’enorgueillit de l’Institut sur son site Internet. Une communication rappelant furieusement le champion lexical publicitaire. Que cela choque ou pas, cette garantie pourrait séduire nombre de Françaises.
Entre 2012 et 2016, plus de 4600 d’entre eux se sont rendus chez IVI dans l’espoir de mener à bien une grossesse. Des femmes non-admissibles à une PMA en France mais qui sont de l’autre côté de la frontière … à leurs frais. Type de profil: des célibataires, des couples de lesbiennes ou des femmes trop âgées pour entreprendre cette démarche dans l’hexagone (plus de 43 ans).
En France, seules quatre tentatives de FIV peuvent être prescrites
Chez nous, une PMA est en effet réservée aux couples hétérosexuels qui souffrent d’une infertilité ou qui fait de transmettre une maladie grave à l’enfant. Seules quatre tentatives de fécondation in vitro (FIV) peuvent être prescrites et prises en charge par l’assurance maladie. Des couples ayant reçu ce quota partent donc aussi en Espagne mais aussi en Belgique, en Grèce ou en République Tchèque pour un projet bébé qui n’a pas abouti sur notre territoire.
La révision de la loi Bioéthique, qui doit intervenir au premier semestre 2019, reviendra-t-elle sur ces conditions strictes? Dans son avis de juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est déjà prononcé en faveur de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes sperme. « En Espagne, l’accès à la médecine est un droit pour toutes les femmes, sans distinction », rappelle le dr Roberto Matorras, gynécologue à la clinique d’IVI Bilbao.
Quid du concept « satisfait ou remboursé »
Des critères excluent toutefois du programme IVI Bébé, comme une importante obésité chez le patient ou des graves problèmes à l’utérus. Quid du concept «satisfait ou remboursé» qui peut heurter? « C’est une façon de faire en sorte que nous soyons si sûrs de l’excellence de nos laboratoires que nous sommes en mesure de constituer un tel contrat. »
IVI met aussi en avant un gain en sérénité pour les patientes, libérées de la crainte de manquer d’argent pour une nouvelle tentative en cas d’échec. Les traitements sont personnalisés, les prix donc très variables. Une FIV est par exemple affiché à un prix initial de 5000 € mais cela peut monter beaucoup plus haut. Avec le nouveau programme, la patiente peut aller jusqu’à trois traitements avant d’être remboursé «si l’enfant ne naît pas», précise le dr Matorras.
« C’est surtout un coup marketing »
« C’est surtout un coup de marketing automobile avec toutes les conditions et contraintes du programme, la tranche Philippe Roussel, vice-président de l’association Les Cigognes de l’Espoir qui accompagnent ses membres dans leur parcours de PMA. Dans l’état actuel de la médecine, c’est-à-dire 70-75% de taux de réussite avec ces conditions. Le solde de 2 ou 3 sur 10 que le prix doit assurer une marge confortable », avance le responsable, avant de conclure. «Personnellement, je trouve que c’est un peu trop« jouer »avec la détresse des gens à des fins commerciales. »
« Si cela peut démocratiser cet acte …»
Le concept «satisfait ou remboursé» est aussi un peu Marie, maman célibataire d’une petite fille, passée chez IVI à Barcelone en 2017 pour une FIV avec donneur. «Ça donne un côté commercial à la démarche alors que ce n’était pas le tout pour moi». Mais elle tempère toutefois: «Cela m’a coûté 8000 € et j’ai la chance de pouvoir la financer. Je comprends que cette nouvelle garantie d’IVI peut intéresser et rassurer des femmes ou des couples qui ont peur de perdre leur argent sur un seul essai. Si cela peut démocratiser cet acte … »
« S’engager de cette façon montre qu’ils sont sûrs d’eux »
Caroline, elle, applaudit sans retenue. «Lorsqu’on arrive chez IVI c’est qu’on est déjà derrière soi des années d’un parcours douloureux. Ils sont souvent notre dernier recours. Moi, c’est mon gynécologue français qui m’a conseillé d’aller voir. Je sais qu’il n’a pas le droit de faire mais vous avez face à vous une patiente en détresse … S’engager de cette manière chez IVI montre qu’ils sont sûrs d’eux. »
Caroline a mis 11 ans à avoir un premier enfant. «Je suis allée chez IVI en 2013 pour un double don, je suis tombée enceinte tout de suite. »Son couple a un deuxième enfant l’été dernier, après un […]
Christine Mateus – Le Parisien