C’est tout de même dingue de voir autant de responsables politiques piquer dans les caisses et c’est d’autant plus grave, dans le cas présent, que ce sont des personnes handicapées qui sont lésées ! Surtout que ces dérives peuvent durer des années avant d’être découvertes et que leurs auteurs ne se fassent prendre, ce qui prouve qu’il n’y a quasiment pas de contrôles effectués…
Un procès pour abus de confiance l’attend au printemps prochain. Yannick Bethermat, 60 ans, malade et hospitalisé, selon son avocat qui a obtenu le renvoi de l’affaire, comparaîtra en mars prochain devant le tribunal correctionnel de Pontoise.
Le sixième maire-adjoint de Pontoise devra s’expliquer sur l’argent détourné au préjudice du comité d’établissement d’une association d’accueil de personnes handicapées à Jouy-le-Moutier. Il s’agit alors de l’Apei le Gite, reprise en 2016 par l’association Anais, dont le siège est à Alençon (Orne), partie civile dans le dossier. Elle regroupe plusieurs structures d’accueil spécialisées et médicalisées, pour des personnes handicapées physiques ou mentales dépendantes.
Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2014. Au cours de cette période de trois ans et demi, le prévenu est soupçonné d’avoir détourné quasiment 150 000 € à son profit. Des faits qu’il aurait reconnu au cours de l’enquête qui l’a menée en garde à vue en novembre dernier.
Yannick Bethermat, 60 ans, était alors employé par l’Apei le Gîte en tant qu’éducateur. Il était aussi le trésorier du comité d’établissement de la structure. Il avait à ce titre la gestion de la comptabilité du CE. C’est ainsi qu’il a pu signer des chèques avant de les encaisser à son profit, sans prendre de précautions pour dissimuler les transferts d’argent. Mais selon l’avocate de la partie civile, Me Blandine Rogue, le trésorier ne rendait pas vraiment compte de sa gestion et les détournements ont pu perdurer plusieurs années.
Pour lui, tout a basculé en 2014 avec l’arrivée d’une nouvelle responsable au sein du CE qui a souhaité regarder de près la comptabilité.
Le manque d’argent dans les caisses avait aussi détérioré le climat social au sein de l’association et instauré une inégalité entre les salariés au plan des œuvres sociales, indique l’avocate. « Certains avaient des chèques vacances, d’autres non, faute d’argent… »
C’est à ce moment-là, avant que l’affaire n’éclate apparemment sur le plan judiciaire, que l’adjoint, qui est toujours en charge à Pontoise du développement social, des séniors, et du monde combattant, a remboursé un peu plus de 20 000 €. C’est à ce jour le seul remboursement effectué.
Reste à comprendre le motif de ces détournements. « Il a été indiqué que c’était pour des raisons personnelles et qu’il aidait aussi des salariés. Il aurait par ailleurs été surpris du montant lorsque celui – ci lui a été soumis par les enquêteurs. Nous serons éclairés à l’audience » ajoute la partie civile qui ne demande que la restitution des quelque 120 000 € restants dus. L’avocat du prévenu n’a pas souhaité s’exprimer.
« Je n’ai pas pu le voir depuis longtemps du fait de sa maladie. C’est sa deuxième opération chirurgicale », confie ce vendredi le député-maire LR de Pontoise, Philippe Houillon, « attaché à la présomption d’innocence ». « Dès qu’il sera remis sur pied, je vais le rencontrer pour qu’il s’explique. Je prendrai la décision qui […]
Frédéric Naizot/Le Parisien