Ceci est le résultat calamiteux auquel est parvenue la société moderne décadente faisant la promotion de chanteurs élevés au rang de stars, cultivant une cour de fans dégénérés qui lui procurent le sentiment enivrant et trompeur de surpuissance et d’invulnérabilité, allant jusqu’à s’octroyer, pour ainsi dire, un droit de cuissage. Il faut savoir qu’il n’est pas à son coup d’essai puisqu’il a déjà eu maille à partir avec la justice de trois pays dans trois continents. Il faut également savoir que le roi Mohamed VI avait annoncé en 2017 qu’il prenait en charge ses frais d’avocat à la suite de déboires qu’il avait connus en France dans un même contexte. Une telle annonce, sachant que l’accusé avait largement les moyens financiers de faire face à une telle dépense, sonne comme un blanc-seing et une protection qui ont certainement joué dans sa libération sous bracelet électronique. Il reste néanmoins étrange qu’une personne aussi exposée et visée par de nombreuses plaintes de viol et de violences n’ait pas été jugée. La détention préventive aurait permis de le soustraire à toute tentation de subornation de témoins et à toutes autres manœuvres à même de travestir les faits et d’occulter la vérité. Il est aussi étrange qu’un roi accorde sa protection à un sujet aussi extraverti et pour le moins douteux.
Le chanteur marocain Saad Lamjarred, soupçonné de viol, est en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Saint-Tropez (Var) depuis dimanche 26 août au matin, selon le parquet de Draguignan (Var).
Les faits se sont déroulés dans un établissement de Saint-Tropez, dans la nuit de samedi à dimanche. Une enquête en flagrance a été diligentée après la plainte d’une femme pour « faits caractérisés de viol ». Saad Lamjarred, 33 ans, est en garde à vue pour une durée de 24 heures, pouvant être prolongée de 24 heures, dans les locaux de la brigade de recherches de Gassin-Saint-Tropez.
Déjà mis en cause en France, au Maroc et aux États-Unis
La star marocaine, dont les clips ont été visionnés des millions de fois sur internet, avait déjà été mise en examen en octobre 2016 à Paris pour « viol aggravé » et « violences volontaires aggravées » et écroué. À la veille d’un concert qu’il devait donner, une jeune femme de 20 ans avait porté plainte affirmant avoir été agressée quelques heures plus tôt par le chanteur dans la chambre d’hôtel de ce dernier. Défendu par les avocats Éric Dupond-Moretti et Jean-Marc Fedida, Saad Lamjarred avait été remis en liberté en avril 2017, sous bracelet électronique, sur décision de la cour d’appel de Paris. Ses frais de justice avaient à l’époque été pris en charge par le roi du Maroc, Mohammed VI.
En mars dernier, autorisé par la justice française à voyager au Maroc, le chanteur, célèbre dans le monde arabe pour son titre Enty (91 millions de vues sur YouTube), avait lancé la promotion de son dernier single, Ghazali Ghazali.
Il avait par ailleurs été mis en examen pour « viol » le 11 avril dernier, dans une enquête ouverte après la plainte d’une jeune Franco-Marocaine affirmant avoir été abusée et frappée par le chanteur à Casablanca en 2015. Il a également été mis en cause aux États-Unis dans une affaire de viol présumé datant de 2010, mais les poursuites ont été abandonnées.
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