Encore une casserole pour Ghalinette à une semaine des primaires ! Zéribette va en prendre une belle d’ici peu… À la marseillaise, les têtes médiatiques nous réservent bien des surprises.
Azdine Bahou nous a invités au Mercure à deux pas du World Trade Center et des bureaux de la communauté urbaine où, depuis l’arrivée du PS aux manettes, il est chef de projet pour les relations euro-méditerranéennes. Quelques années plus tôt, fin 2006-début 2007, il créait son association de coopération décentralisée, Algérie innovation et obtenait illico ou presque de larges subventions de la région. Dans les deux cas, sa cousine Samia Ghali – avec qui il a été élevé – était vice-présidente de l’institution concernée et son mari, Franck Dumontel, directeur de cabinet du président.
En fouillant dans les dossiers de région, la chambre régionale des comptes a retracé le schéma des subventions versées à Algérie innovation, comme l’a déjà souligné Mediapart [lien payant] dans un article qui citent d’autres membres de la famille de Samia Ghali, également bénéficiaires de subventions régionales. Visiblement bien vue, l’association créée le 9 novembre 2006 se voit attribuer dès le début de l’année suivante deux subventions d’investissement et de financement pour un total de 82 000 euros. “Dans la vie, j’ai deux passions : l’Algérie et l’innovation. Certains parlent de clientélisme, moi non. Moi, je parle de réseau. Je suis ingénieur et j’ai suffisamment travaillé pour que des gens me connaissent”, s’explique Azdine Bahou. Il est en effet l’ancien secrétaire général de Marseille innovation, association gestionnaire de pépinières d’entreprises.82 000 euros à rembourser
Pour la CRC, qui choisit rarement ses exemples au hasard, ce cas “met en exergue la faiblesse des contrôles de la collectivité” : la région en a pris acte et s’est engagé à “émettre des titres de recette”. Autrement dit à réclamer l’argent indûment versé. Sont notamment concernés les 26 000 euros de subventions d’investissement qui “consistaient en des travaux au domicile du président” selon la CRC. Azdine Bahou corrige la vision de la chambre et décrit un local existant, juste à côté de sa villa. Il dégaine son téléphone et nous montre quelques photos en gros plan : la grande porte-fenêtre vitrée donne sur une table et quatre chaises ainsi qu’un petit bureau sans que nous en voyions davantage. “C’est un endroit que j’avais et que l’association a aménagé afin de pouvoir recevoir les gens, notamment les Algériens qui arrivent en France et que je ne veux pas recevoir chez moi”, se défend-il. De même, il évoque une convention d’occupation – que nous ne verrons jamais – liant son association et le bailleur. Azdine Bahou, président de l’association, contracte donc avec Azdine Bahou, propriétaire.
Le loyer est fixé à 508 euros charges comprises mais, tableau Excel à l’appui, Azdine Bahou nous assure qu’il n’a “jamais rien fait payer à l’association” hormis 128 euros de charges mensuelles faisant gracieusement don du reste selon ses affirmations : “Cela fait 32 000 euros que je n’ai pas touché ! Cela fait bien plus que ce que la région a versé ! Mais s’il faut rembourser, je le ferai”, affirme-t-il.
Les soucis d’Azdine Bahou ne s’arrêtent pas là. La même année, son association a obtenu 56 000 euros “pour du fonctionnement. Nous avons mené une mission avec l’objectif d’enrayer le phénomène de dégradation environnementale du parc naturel de Reghaia près d’Alger, appuie Bahou. Il ne s’agissait pas vraiment d’un problème technique. Le problème n’était pas technique. Il s’agissait de lobbying auprès des décideurs. Il y avait des problématiques avec la population”, tente-t-il d’étayer. On s’éloigne alors de l’innovation. “Mais, innover, c’est quoi ? On part sur un chemin et on n’est pas obligé d’aboutir”, philosophe-t-il. Et en effet, si on en croit un article publié en 2011 par le journal Le Temps d’Algérie, la situation semblait toujours chaotique à Reghaia.
Un rapport d’activité vague
La CRC espérait en apprendre plus dans le rapport d’activités de la mission. “Très général, [il] ne rend compte d’aucune action spécifique précise malgré neuf pages d’informations très communes ou peu convaincantes telles que l’indication de la volonté de créer plus de 700 000 PME-PMI en Algérie sur tout le territoire, ce qui constituerait une chance pour la région PACA”, moque-t-elle alors. Après avoir tenté de nous persuader que la chambre confondait avec “une note d’opportunité”, Azdine Bahou nous a finalement donné à lire le rapport. Difficile effectivement de comprendre à la lecture des neuf pages le caractère concret de la visite de 60 jours. Bahou tente de convaincre, exhibe un document signé du président algérien Abdelaziz Bouteflika qui se révèle être “une attestation de participation à la première université d’été de la communauté nationale à l’étranger”.
Si l’on ne comprend pas vraiment de quoi il en retourne à la lecture du rapport, le président Bahou n’y manque pas de saluer “l’expertise” d’Azdine Bahou. Qui est d’ailleurs bien en peine pour expliquer quels autres membres de sa structure ont participé à cette mission. “Il y a des experts qui interviennent et je ne leur demande pas forcément d’adhérer”, se contente-t-il de préciser. Les trésorier et secrétaire de l’association sont des membres de sa famille proche. L’un d’eux émarge d’ailleurs comme signataire de la motion de Samia Ghali au congrès de Toulouse du parti socialiste.
“On avait vraiment besoin de lui”
Comment, devant toutes ces incohérences, jamais cachées, la région a-t-elle pu laisser passer une telle situation ? Azdine Bahou a-t-il bénéficié d’appuis ? “Samia Ghali n’a rien à voir là-dedans. Si on m’a aidé, je ne l’ai pas demandé”, se défend Bahou. La question n’est pourtant pas illégitime lorsque l’on connaît les pratiques en cours à la région à l’époque, notamment révélées lors du procès de Sylvie Andrieux et étayées par la CRC. Les dossiers signalés sont alors monnaie courante et permettent les interventions d’élus ou de membres de cabinet pour pousser telle ou telle subvention. Mais, à ce jour, aucun document ne permet de lien direct entre Samia Ghali, Franck Dumontel et la subvention accordée à Azdine Bahou.
“Je n’ai suivi ni de près ni de loin ces demandes de subventions, ce n’était pas dans ma délégation. Les gens, qu’ils connaissent ou qu’ils ne connaissent pas Samia Ghali, ont le droit de faire une demande qui est examinée”, se défend l’élue socialiste avec ardeur. Comment expliquer qu’une telle somme ait été versée à une association aussi jeune ? “J’imagine que cela dépend peut-être de ce que faisait la personne avant”, souffle la sénatrice et maire des 15e et 16e arrondissements.
Elle nie aussi toute intervention de sa part ou de son mari dans l’embauche ultérieure de ce cousin à la communauté urbaine de Marseille. Elle détaille ainsi l’arrivée de son cousin comme contractuel : “Je me souviens du moment où on a décidé en groupe politique de le prendre, reprend-elle. Beaucoup d’élus l’ont soutenu et, pour certains, cela m’a surpris. Mais c’est parce qu’on avait vraiment besoin de lui !” “Nous ne sommes pas intervenus, la preuve, son contrat a été renouvelé l’an dernier, car son travail est reconnu, a en outre déclaré Samia Ghali à Mediapart. Les gens ont le droit de vivre leur vie quand même !” À la région aussi, les versements de la subvention accordée en 2007 se sont échelonnés après les départs de Ghali et Dumontel pour être définitivement soldés en 2012. Mais jamais la région n’a, depuis 2007, accordé de nouvelle subvention à Algérie innovation.
Par Jean-Marie Leforestier, le 2 octobre 2013
- Source :
http://www.marsactu.fr/affaires/un-cousin-de-samia-ghali-bien-loti-par-la-region-32197.htmlVous pouvez commander le(s) livre(s) en cliquant sur l’image correspondante :