Folie furieuse ? Effet Charlie ? Rage raciste ? Difficile de qualifier avec précision le comportement ahurissant de cet avocat, professeur de droit à l’école d’avocats de Paris, venu — qui plus est — dispenser un cours de déontologie (sic). Devant cette étudiante dont la tête était couverte d’un foulard, cet étrange professeur a vu rouge et, n’était-ce la réaction spontanée des autres étudiants qui se sont courageusement interposés et ont défendu leur condisciple interloquée, les choses auraient certainement dégénéré. Pourtant, cette étudiante n’a jamais eu de problème jusque-là et cette école n’a jamais eu à connaître un pareil incident. Elle portait son voile en toute légalité, ce qui est toujours le cas dans les établissements d’enseignement supérieur. Pourquoi ce professeur a-t-il violé la loi, alors qu’il est censé la respecter et la protéger ? Alors, que s’est-il passé au juste ce jour-là ? Serait-ce la conjoncture particulièrement difficile et le climat tendu qui ont poussé ce personnage à agir de cette sorte et à violer les règles les plus élémentaires de la déontologie, lui qui était venu faire un cours sur cette discipline ? La possibilité qu’il s’agisse effectivement d’une rage raciste, amplifiée par l’effet Charlie n’est pas à écarter, d’autant que les fréquentations de cet avocat permettent de le présager. Le fait qu’il se soit livré à une séance d’effeuillage en plein amphi et devant ses élèves en vociférant son appartenance à la religion du naturisme, dénote de la gravité de son atteinte psychologique. On observe avec ce cas unique dans les annales universitaires françaises, un tournant majeur car il est malheureusement à craindre que de tels incidents se multiplieront dans les semaines et mois à venir, tant la propagande anti-islamique bat son plein. Est-ce raisonnable ? N’est-ce pas jouer avec le feu ?
La présence d’une étudiante voilée a fortement perturbé un professeur avocat de l’école des barreaux, à Paris. Il a refusé de dispenser son cours et a retiré ses vêtements devant les élèves stupéfaits en revendiquant la «religion du naturisme».
Les élèves de l’école d’avocats de Paris ont assisté à une scène surréaliste, ce vendredi. En début d’après-midi, lors d’un cours de déontologie donné dans un amphithéâtre de l’école et retransmis par vidéoconférence dans deux autres salles, un incident a éclaté entre le professeur et une élève portant le voile.
Grégoire Lafarge, avocat et professeur depuis plusieurs années à l’École de formation professionnelle des Barreaux de la Cour d’Appel de Paris (EFB) a refusé de faire cours et a quitté la salle, s’insurgeant de la présence d’une élève, coiffée d’un foulard.
«En arrivant dans l’amphithéâtre, le professeur regardait avec insistance la jeune fille voilée. Il s’est approché d’elle pour probablement lui demander d’enlever son voile mais d’autres élèves l’ont empêché de terminer sa phrase», témoigne Paul*, de la promotion Henri Leclerc, qui a assisté à l’altercation. «Il a très mal réagi, et a immédiatement quitté l’amphi». Avant de revenir, apparemment en furie: «il s’est déshabillé en retirant son écharpe, sa veste, sa chemise. Et il a hurlé ‘ma religion à moi c’est le naturisme’», poursuit l’étudiant.
Les jeunes élèves avocats sont stupéfaits. Selon les témoins contactés par Le Figaro, «la grande majorité» des étudiants ont défendu et applaudi la fille voilée, qui a pris la parole dans l’amphi à la suite de l’épisode fâcheux. «Il y a toujours eu des étudiantes voilées, mais jamais d’incidents», précise Sébastien. «Elle aurait préféré qu’il lui fasse part de son malaise sans que ça lance le débat». La jeune fille s’est également exprimée sur Facebook. «Je respecte ceux qui trouvent ma tenue offensante, mais je pense avoir le droit d’être ici», a-t-elle commenté, déplorant les «proportions» qu’a pris l’événement. Contactée par Le Figaro, elle n’a pas souhaité s’exprimer davantage.
Maître Grégoire Lafarge, qui compte parmi ses clients le vice-président du Front national Florian Philippot et le député UMP Patrick Balkany, finit par revenir dans l’amphithéâtre, accusant l’école d’avoir failli à sa mission et enfreint «les lois de la République, le principe de laïcité». Il menace de porter plainte contre l’école, le ton monte d’un cran. «Le directeur est ensuite intervenu pour le faire sortir et présenter ses excuses à la jeune fille voilée», relate Charles*, un autre témoin de la scène.
Pour rappel, la loi sur le port de signes religieux dans les établissements scolaires publics, adoptée en 2004, ne concerne pas les établissements d’enseignement supérieur. L’EFB ne fait pas mention dans son règlement intérieur de restriction concernant le port du voile.
Contacté par Le Figaro, le directeur de l’EFB, Maître Jean-Louis Scaringella, n’a pas souhaité commenter l’incident. «C’est une période grave, ce qui s’est passé touche à des questions graves sur lesquelles je ne réagis pas à chaud», a-t-il fait savoir. «Nous allons régler cela entre nous, réfléchir avec le conseil d’administration», déclare-t-il, précisant que c’était la première fois qu’il avait à gérer une telle situation. Jean-Louis Scaringella l’assure: Grégoire Lafarge ne dispensera plus de cours dans son établissement.
De son côté, le professeur avocat est retourné à son cabinet. Il déclare au Figaro qu’il va rédiger une lettre au bâtonnier, sans vouloir préciser le motif de sa requête. Visiblement irrité, il évoque le «contexte actuel»: «être avocat c’est prendre la défense de tout le monde, sans signe distinctif. Il ne doit pas y avoir d’esprit laïc minimal. Les fractures dans toutes les écoles de France se matérialisent». Confirme-t-il avoir enlevé ses vêtements devant les étudiants? Il refuse de répondre.
- Source :
http://etudiant.lefigaro.fr/
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