Nous n’allons pas commenter le décès de ce célèbre franc-maçon très actif et très médiatique car cela n’a pas d’intérêt et il est vrai que nous ne le portions pas en très haute estime étant donné son travail de subversion durant de longues années, surtout chez Calvi sur le service public. C’était un franc-maçon assumé, un véritable mondialiste apatride laïciste. Ce qui nous a choqués c’est le courrier publié par son fils dans le Figaro, à sa gloire, et qui se termine par une drôle de formule : « Que Dieu le garde… Allah Yerhamo » ! Nous voulions juste savoir de quel dieu s’agit-il, car la double allégeance dans les affaires spirituelles ne fonctionne pas trop, surtout quand la mort se présente. Qu’il s’agisse de référence au christianisme en tant que maronite ou d’islam, l’appartenance à la franc-maçonnerie excommunie de fait. À vouloir servir toute sa vie la cause de la maçonnerie humaniste, il a fait un choix lourd de sens et de conséquences. Il nous paraît donc extrêmement malvenu, totalement hypocrite, voire très lâche de venir maintenant demander la clémence du Seigneur Tout-Puissant…
On a tout de même l’impression qu’il est toujours question de la même problématique. On jacte et on papote, on discutaille et on pérore pendant des décennies avec légèreté sur des questions sérieuses concernant Dieu, la spiritualité et la création, se laissant même aller parfois au blasphème, puis d’un coup, dès que les choses se corsent et deviennent un peu plus sérieuses, les certitudes d’hier s’évaporent et le doute s’installe !
Le cousin d’Antoine Sfeir, spécialiste reconnu du Moyen-Orient, rend hommage à un homme de dialogue et de convictions, inlassable promoteur de la francophonie.
Français d’origine libanaise, né en 1986, Antoine Charif Sfeir est fonctionnaire international au sein de l’Organisation des Nations unies. Juriste et historien, auteur d’une Genèse du Liban moderne 1711-1864, il était un cousin de son homonyme et aîné Antoine Sfeir avec qui il échangeait régulièrement.
Les quarante jours
Chez les Maronites de la montagne libanaise et leurs voisins orientaux, il est de coutume d’attendre quarante jours avant de célébrer la mémoire d’un proche. Quarante jours, le temps qui sépare la résurrection de Jésus de sa montée aux cieux. Après cette période, une cérémonie est organisée pour marquer le « passage » de l’être cher « rappelé à Dieu ». Le « mort » est enfin devenu « défunt » et sa mémoire peut être invoquée sans risquer de troubler le départ de son âme vers l’au-delà…
Origines…
Vieille famille maronite enracinée au Mont-Liban depuis des siècles, les Sfeir furent de ceux qui, très tôt, bénéficièrent de l’implantation des écoles catholiques françaises dans la région au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Vecteurs du rayonnement de la France, ces établissements missionnaires accueillirent des générations de Libanais qui s’imprégnèrent de sa culture, sa langue et des idées qu’elles véhiculent.
Grand-père d’Antoine, Moussa Sfeir est un de ces jeunes libanais qui, éduqué par les missionnaires français, quitte sa montagne natale pour Beyrouth où il devient libraire au début du XXe siècle. Intellectuel engagé, il risque la mort en publiant des pamphlets dénonçant l’Empire ottoman, puissance impériale occupant alors toute la région. Le père d’Antoine, Joseph, avocat brillant et érudit, transmettra à son fils sa passion pour l’Histoire et la politique
Ayant grandi dans le Liban insouciant des années 1950 et 1960, Antoine Sfeir se remémorait souvent avec nostalgie sa Beyrouth d’avant-guerre, une ville ouverte sur le monde, en effervescence constante où se côtoyaient Musulmans, Chrétiens et Juifs, dans le respect mutuel et la reconnaissance de la foi et des traditions de chacun…
Le tournant de la guerre du Liban
Alors jeune journaliste de permanence à L’Orient-Le Jour, Antoine Sfeir est kidnappé le 13 juin 1976, par des hommes du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) de Georges Habache, un des chefs palestiniens qui règnent alors sur plus de la moitié de Beyrouth. Soupçonné d’espionnage, il est torturé pendant sept jours avant d’être relâché par ses geôliers. Une semaine de captivité qui, au-delà des blessures, renforcera chez lui son désir d’informer et de transmettre, qui ne l’a plus jamais quitté.
Il restera longtemps discret sur cet épisode douloureux qu’il abordera bien plus tard dans un ouvrage intime, Le jour où ma vie s’est arrêtée, où il raconte avec pudeur la peur, les humiliations, les coups et les blessures, physiques mais surtout morales, qui le décidèrent alors à quitter le Liban et sa guerre absurde, qui avait manqué de l’engloutir…
Que Dieu le garde… Allah Yerhamo.
Antoine Charif Sfeir