Les dernièrs chiffres médiatisés en Algérie concernant le scandale Ali Haddad sont vertigineux ! Il s’agit de 211.000 milliards de centimes, oui vous lisez bien ! 83% de ces sommes faramineuses correspondent à des crédits bancaires de l’état et non son argent propre ! On disait de lui qu’il était milliardaire mais ceci est totalement faux, il servait à piller les caisses des banques nationales afin de les cacher dans les paradis fiscaux le plus vite possible.
Tout était faux, tout était monté de toutes pièces afin de voler l’argent public des pétrodollars ! Les prêts n’ont d’ailleurs pas été remboursés ! Ali Haddad n’était rien d’autre qu’un homme de paille qui a servi à Saïd Bouteflika, un abruti sans compétences, sans conscience, sans morale, un opportuniste, un vautour prêt à tout pour s’enrichir vite et à foison, sans rien faire.
Au moment où il tentait de rejoindre la Tunisie, par le poste frontalier d’Oum Tboul, à Taref, vers 4h, en cette journée du 31 mars 2019, l’influent homme d’affaires Ali Haddad, patron du groupe ETRHB et ex-dirigeant du Forum des chefs d’entreprise (FCE), ne s’attendait certainement pas à ce qu’il soit placé en détention, que son empire s’écroule comme un château de cartes et que son ami et protecteur, Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, ne pourra plus lui être utile.
Son appel à l’aide qu’il lui a lancé à travers un SMS à 4h52, alors qu’il se trouvait bloqué au poste frontalier, est resté sans réponse.
Même si les plus avertis savaient que l’empire financier détenu par l’ex-patron du FCE est en grande partie le résultat de l’hégémonie de ce dernier sur les marchés publics et l’argent des banques (publiques), les conclusions de l’enquête préliminaire ont fait état de révélations hallucinantes, de chiffres à donner le vertige et de pratiques de rapine incroyables. Ainsi, l’on apprend que depuis l’année 2000, coïncidant avec l’arrivée de Bouteflika à El Mouradia, jusqu’à 2019, le groupe ETRHB a bénéficié de 124 marchés publics (dont la plus grande partie entre 2012 et 2018), d’un montant de 78 410 milliards de centimes.
Le secteur des travaux publics occupe la première position avec 99 marchés, pour une enveloppe de 56 430 milliards de centimes, suivi de l’hydraulique avec 23 marchés d’un montant de 21 719 milliards de centimes, puis de l’énergie et des mines avec 2 marchés de plus de 261 milliards de centimes. Pour les enquêteurs, le statut de privilégié accordé à Ali Haddad n’a été possible que grâce à sa relation assez solide avec Saïd Bouteflika, frère du Président déchu. Un statut qui va lui permettre de bénéficier de 452 crédits auprès des banques, pour un montant de 211 000 milliards de centimes, dont 167 000 milliards de centimes, soit 83%, ont été accordés par des banques publiques, à leur tête le CPA (Crédit populaire d’Algérie), avec 73 000 milliards de centimes, soit 43% des montants prêtés.
Comment se fait-il que ni les banques ni les structures de contrôle financier, comme la CTRF (Cellule du traitement du renseignement financier) ou la Banque d’Algérie, n’ont décelé de telles situations, sachant que le rapport préliminaire affirme que le nombre d’incidents de remboursement ont atteint 88, dont seulement 4 ont été remboursés par le groupe ETRHB ? L’enquête s’est attardée sur chaque marché obtenu par Ali Haddad dans des conditions douteuses et explique comment ce dernier s’arrangeait pour être dans des groupements de sociétés avec, comme chef de file, des entreprises étrangères – le portugais Teixeira, les turcs Mapa et Ozgun, les chinois CSCEC et Chec, l’italien Rizzani Todini, les espagnoles Ofcc, Inerica, Enyse – pour qu’elles bénéficient de la plus grande partie des montants transférables à l’étranger.
Les 55 millions d’euros pour l’achat de l’hôtel Palace à Barcelone…
Une pratique qui, selon les enquêteurs, aurait permis à Ali Haddad d’ériger des fortunes à l’étranger et d’acheter à Barcelone, en Espagne, l’hôtel Palace pour un montant de 55 millions d’euros, dont 44 millions proviennent d’un crédit alloué par une banque espagnole, alors que 10 millions d’euros ont été avancés par deux sociétés (5 millions d’euros pour chacune des sociétés Mapa et Teixeira Duarte), des chefs de file dans des groupements avec Haddad en Algérie.
L’enquête révèle en outre que la majorité des projets confiés à Ali Haddad ont vu leur prix augmenter et fait l’objet, par la suite, d’avenants qui ont suscité de lourdes pertes financières. Cité a titre d’exemple, le montant des travaux d’aménagement des gorges de Kherrata, sur la RN9, arrêté à 3 526 333 646 DA et 89 350 880 millions d’euros, a connu, après la signature de l’avenant (02) une hausse de 1 250 954 582 DA et de 8 903 685 euros, soit une augmentation de 59% pour la partie en dinars et de 99,6% pour la partie en devises, avec une prolongation du délai de réalisation de 14 mois.
De nombreuses violations de la réglementation sont relevées en ce qui concerne le marché de réalisation de la ligne de tramway Alger-Est, confié à Haddad, qui a soumissionné avec Meditrail et Alstom comme chef de file, pour un montant de 3263 milliards de centimes, dont une grande partie, soit 2300 milliards de centimes, transférée en devises. Ce marché a connu 19 avenants ayant suscité une hausse de 88% du montant initial, ce qui est contraire à la réglementation qui limite à 10% seulement la hausse par rapport au montant initial, en cas d’avenants. Mieux encore, même les délais de réalisation arrêtés à 32 mois dès le lancement des travaux, en mars 2007, n’ont pas été respectés, puisque le projet s’est terminé en 2018. Autre anomalie relevée : le changement opéré à l’avenant 02 pour ajouter une nouvelle ligne Est, qui aurait dû passer par un nouvel avis d’appel d’offres.
Autre contrat suspicieux, celui de la réalisation de la ligne ferroviaire de 185 km, reliant Relizane-Tiaret-Tisemsilt. Confié au groupement Infrafer-Crgl, le moins disant, ce marché a fait l’objet de recours de la part de l’ETRHB associée avec l’espagnole FCC, mais aussi de Cosider associé à l’italienne Astaldi, qui ont été rejetés par la Commission nationale des marchés en octobre 2009. Non content de ce refus, Haddad saisit, par courrier, le Premier ministre, alors Ahmed Ouyahia, lequel instruit les ministres des Finances et des Transports pour annuler l’attribution provisoire des marchés de réalisation de la ligne ferroviaire Relizane-Tisemsilt ainsi que celle Saïda-Tiaret, attribués à un groupement algéro-chinois et les affecter pour la première ligne à Haddad-FCC et la seconde à Cosider-Astaldi.
Ce contrat, pour un montant de près de 90 milliards de dinars, va connaître six avenants pour atteindre la somme de 102,687 milliards de dinars. En 2016, l’ETRHB introduit une demande de réévaluation à la hausse des prix unitaires, acceptée par le ministre des Travaux publics et des Transports, Boudjemaa Talai, alors qu’un rapport du DG de l’Anesrif (Agence nationale d’étude et de suivi des réalisations ferroviaires) affirme que cette réévaluation a engendré une perte sèche de 8 milliards de dinars et que le reste de l’autorisation du programme a atteint 392 millions de dinars précisant que la hausse des besoins du projet est estimée à 25,700 milliards de dinars. Une situation qui pousse le ministre à saisir Abdelmalek Sellal, Premier ministre, par une correspondance dans laquelle il l’informe que l’exécution de l’accord de réévaluation avec l’ETRHB et l’application des montants de change au moment de la signature du même accord ont causé un préjudice financier de 9,600 milliards de dinars, alors que les travaux ne sont qu’à 28% de leur réalisation, tout en demandant des autorisations de programme complémentaire de 15 milliards de dinars pour financer les avenants signés et les travaux restants.
Les instructions de Ouyahia et les notes de Talai, Bouchouareb, Benyounès et Ghoul
L’enquête évoque aussi le contrat de réalisation de ligne ferroviaire Oued Tlilat-Colonel Abbas, à Tlemcen, décroché après recours, par l’ ETRHB, associé avec FCC, comme chef de file, alors que le groupement turc Alarko-Ozgun, qui a obtenu l’attribution provisoire, était le moins disant avec un montant de 102,224 milliards de dinars. L’enveloppe financière est alors révisée à la hausse pour passer de 123,420 milliards de dinars à 320,859 milliards et le délai de réalisation élargi à 48 mois. Et c’est le ministre…
Photo d’illustration : Ali Haddad, propriétaire du groupe ETRHB (bâtiment et travaux publics), président du FCE (forum des chefs d’entreprises), principale organisation patronale algérienne, le 6 mars 2017, Annaba, Algérie. (Photo by Nacerdine ZEBAR/Gamma-Rapho via Getty Images)
27 janvier 2020