Appel tardif puisqu’il aura fallu attendre la veille du 15e vendredi consécutif de mobilisation de dizaines de millions d’Algériens pour réagir ; mais, il est vrai qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Cette assemblée de chouyoukh a décidé de publier un appel au dialogue et à la concertation ainsi que la mise en place d’une période de transition qui réponde aux desiderata du peuple, notamment l’application des articles 7 et 8 de la Constitution. Il faut bien comprendre que cet appel va à l’encontre de toutes les propositions du patron de l’armée et vice-ministre de la Défense nationale, M. Gaïd Salah qui, lui, se limite à l’application de l’article 102 avec organisation, le plus rapidement possible, de l’élection présidentielle par la bande de truands – comme lui-même les a d’ailleurs nommés – et les faussaires d’hier !
Ce genre d’appel lancé par des personnalités aussi importantes ne peut qu’aller dans le bon sens ; il favorise l’émulation des élites intellectuelles dans la voie d’une sortie de crise politique qui n’a que trop duré
Seize personnalités religieuses connues et Ce genre d’appel par des personnalités aussi importante ne peut qu’aller dans le bon sens et participer à cette émulation intellectuelle des élites afin de sortir de cette crise politique qui n’a que trop duréreconnues, conduites par l’érudit centenaire Cheikh Mohamed-Tahar Aït-Aldjet, ont signé un appel digne d’un vrai parti politique, contenant des propositions pertinentes pour une sortie de crise.
Ils proposent, en premier lieu, d’appliquer les articles 7 et 8 de la Constitution, en considérant que les manifestations organisées chaque vendredi sont autant de référendums populaires.
Deuxième point : les signataires de l’appel insistent sur l’impératif d’une période de transition, qui serait présidée par une ou des personnalités consensuelles, « admises par la majorité du peuple algérien ». Cette nouvelle direction aurait, ensuite, comme tâche prioritaire et urgente de nommer un gouvernement de compétences nationales, à la condition que celles-ci ne traînent pas un passé douteux. La nouvelle présidence serait en même temps appelée à mettre en place une instance indépendante d’organisation des élections, puis à organiser une conférence nationale « inclusive » dont l’objectif est de « jeter les jalons d’une nouvelle politique et de mettre en place les garde-fous susceptibles de prémunir le pays contre toute forme de dépendance ou d’allégeance et de lui éviter de replonger dans des situations de pourrissement politique, économique social ou culturel ».
« Nous appelons notre peuple à maintenir l’unité nationale, un comportement pacifique et la ténacité sur les principes souverains », ont-ils affirmé.
Les Oulémas signataires du document saluent une jeunesse « consciente, qui a prouvé au monde son sens élevé de civisme, à travers son mouvement pacifique », et l’exhorte à « protéger leur mouvement des infiltrés et des opportunistes qui veulent détourner cette déferlante nationale de son cours normal ».
S’adressant à l’élite politique, les seize Oulémas lui rappellent « la nécessité de rompre avec les pratiques du passé, avec tous ses maux et ses corrupteurs, et de consentir des sacrifices pour ouvrir une nouvelle page pour un avenir meilleur ».
Parmi les signataires, on trouve trois personnalités du rite ibadite, un ancien ministre, Saïd Chibane, l’actuel président de l’Association des oulémas, des chefs de zaouïas de Tolga, de Boussâada et de Tizi Ouzou et des universitaires.
Photo d’illustration : les théologiens ne veulent pas rester sans réagir face à la crise. Archives/New Press
R. Mahmoudi.
Algérie patriotique