Annexion en Cisjordanie : que peut la France ?

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L’annexion de la Cisjordanie par l’entité sioniste scélérate ne pourra qu’avoir des conséquences fâcheuses au Moyen-Orient et le silence de l’Occident ne peut que le rendre complice d’un tel acte de négation du droit international, d’une telle agression colonialiste survenant en 2020 !


À quelques jours de la date fixée par Nétanyahou pour enclencher le processus d’annexion de pans de la Cisjordanie, la France s’accroche à ses principes tout en faisant profil bas, laissant à d’autres le soin de mener l’opposition au projet israélien.

Lundi, dans la vallée du Jourdain, potentiellement menacée d’annexion imminente, le Fatah a tenu son plus important meeting contre les velléités territoriales israéliennes. Sous le soleil de plomb de Jéricho, le parti au pouvoir dans les Territoires palestiniens est parvenu à réunir une impressionnante brochette de diplomates, censés incarner l’opposition unanime de la communauté internationale aux desseins de Benyamin Nétanyahou. À l’exception, évidemment, des États-Unis, persona non grata. L’envoyé onusien dans la région Nickolay Mladenov a tenu un discours lyrique (« vous n’êtes pas locataire de cette terre, vous n’avez pas jeté les clés, vous êtes ici chez vous ! ») et les ambassadeurs russe, chinois, jordanien et japonais se sont succédé à la tribune, y allant pour certains de quelques mots d’Arabe.

En jouant à « où est Charlie » dans les rangées de diplomates, les journalistes français n’ont pu que noter l’absence de leur représentant. Nulle trace du consul français à Jérusalem, qui s’est contenté d’assister à un briefing préliminaire avant de s’éclipser. Faisant de lui le seul absent du raout parmi les membres du Conseil de sécurité… avec les Américains, dont les liens avec les Palestiniens sont rompus. Agacé par l’étonnement de plusieurs correspondants, le consulat a souligné qu’il n’y avait aucune lecture politique à tirer de cette chaise vide. Même son de cloche, officiellement, du côté de Ramallah. « Le consul a indiqué qu’il avait un autre rendez-vous, nous avons commencé notre meeting en retard, assure un négociateur palestinien. Ne tirons aucune conclusion, d’autant que la position française est claire à notre égard. »

« Conséquences »

Il ne faut cependant pas pousser l’officiel trop fort pour obtenir un « mais » : « Le problème n’est pas la position de la France, prévisible, mais que dans l’urgence actuelle, elle ne prenne pas le leadership. Sur l’annexion, on entend plus le Luxembourg que Paris, ça veut quand même dire quelque chose ! »

Ventre mou 

En réalité, derrière la façade des « avertissements » européens alors que s’approche la date du 1er juillet fixée par Nétanyahou pour enclencher le processus, les Vingt-Sept sont divisés, non pas en deux mais trois groupes. Il y a d’une part, la minorité de blocage pro-israélienne menée par la Hongrie de Viktor Orbán, le « Bibi » de l’Est, suivie par ses partenaires du groupe de Visegrad (Pologne, Slovaquie, République Tchèque). A ce quatuor s’ajoutent l’Autriche ainsi que la Grèce et Chypre, voisins méditerranéens d’Israël liés par des intérêts stratégiques grandissants. A l’opposé, le Luxembourg s’est imposé en fer de lance inattendu d’une réponse musclée, avec la Belgique, dont le parlement a voté massivement pour la mise en place d’une liste de sanction en cas d’annexion, ainsi que l’Irlande, le Portugal et les Scandinaves. Dans une sorte de ventre mou se terrent la France et l’Allemagne, qui cherchent avant tout à faire « profil bas », comme l’ont rapporté des diplomates bruxellois à l’agence Reuters.

La reconnaissance de la Palestine comme État, envisagé par certains pays, semble en revanche repoussée sine die par la France. « Le moment venu, dans le cadre et le format approprié, lorsque cette décision sera utile », dixit Le Drian. « En faire une sanction enverrait un message terrible, très négatif », confirme une source proche du quai d’Orsay. Opinion relayée par le négociateur palestinien précité : « Si la reconnaissance devient une menace, ça veut dire que notre État est une malédiction, une punition ? »

« Pour le moment, les Européens sont sur la ligne des démocrates américains : l’incantation, avec comme principal argument que l’annexion sera mauvaise pour Israël, pour son image comme pour sa sécurité, décrypte Gérard Araud, ex-ambassadeur de France à Tel-Aviv et Washington. C’est dire, en gros, “pourquoi vous emmerder avec ça ?” On ne parle pas beaucoup des Palestiniens dans cette histoire, on tente plutôt d’utiliser l’intérêt national israélien ». Dit autrement par Le Drian, « l’annexion n’est l’intérêt de personne », jouant sur la fibre morale de l’État hébreu et le spectre de l’État binational voire apartheid, en plus de la déstabilisation d’une région déjà saturée de conflits.

« La France au secours des Palestiniens, c’est fini »

 


Guillaume Gendron
Libération

27 juin 2020

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