Quel clown ce Steve Bannon, un clown triste mais clown quand même. Ce monsieur qui nous avait présenté Donald Trump comme le sauveur des États-Unis vient nous expliquer aujourd’hui que Marine Le Pen sauvera la France. Étant donné la faillite intégrale de son pronostic électoral yankee, nous éviterons de lui faire trop confiance sur celui-ci…
L’idéologue américain était, samedi à Lille, l’invité du congrès du parti d’extrême droite français, après être passé à Zurich.
Il a glorifié la «révolution mondiale populiste et anti-élites» incarnée selon lui par Donald Trump et Marine Le Pen
Il aura fallu attendre l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche pour voir les militants du Front national français se lever et applaudir le drapeau américain, déployé en arrière plan de la scène de leur 16ème congrès à Lille.Au pied de la bannière étoilée, imposante face aux drapeaux français? L’idéologue Steve Bannon, ancien directeur de campagne du président des Etats-Unis et artisan majeur de sa victoire face à Hillary Clinton en novembre 2016. Avec, au programme et comme il l’avait fait lors de son passage à Zurich en citant Christoph Blocher, un rapprochement intellectuel inattendu entre la présidente du FN – qui sera réélue dimanche – et Donald Trump: «L’histoire est de notre coté. Marine Le Pen incarne elle aussi cette révolte des classes moyennes et populaires contre les élites qui va bouleverser la donne politique mondiale. Je suis venu vous dire que vous êtes les représentants d’un mouvement bien plus large. Un mouvement qui permettra aux individus, aux citoyens, de s’affranchir des chaines imposées par les banques centrales, par les gouvernements et par les multinationales telles que Google, Facebook ou Amazon qui s’approprient vos données.»
Pour le FN, un pari risqué
Le pari était risqué pour le Front national, dont les adhérents se prononceront dans les prochains jours par correspondance sur la proposition de nouveau nom pour leur parti que Marine Le Pen va rendre public dimanche. A preuve: le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, exclu de la formation par sa propre fille, avait ironisé dans la journée sur le fait que Steve Bannon n’est guère synonyme de la «dédiabolisation» indispensable pour que le Front parvienne un jour au pouvoir en France.
Qu’importe: à la recherche d’un nouveau souffle après sa sévère défaite contre Emmanuel Macron en mai 2017, Marine Le Pen a choisi de surfer sur la seule vague qu’elle considère désormais capable de briser le «plafond de verre» électoral: le clivage entre «mondialistes et nationaux».
Richard Werly – Le Temps [Suisse]