Cette crise sans précédent, agira comme le révélateur de la gabegie générale qui a régné durant plus d’un demi-siècle en Algérie. Alors que les recettes mirobolantes provenant de l’exploitation forcenée des gisements d’hydrocarbures auraient pu et dû être mises à profit pour créer une économie de substitution en encourageant les investissements productifs et en développant le secteur agricole, les responsables qui se sont succédé depuis 1962 se sont contentés de gérer une rente. Sans compter les effets catastrophiques de la corruption et de la mauvaise gestion de l’argent public parti en fumée dans des détournements faramineux. À quelque chose malheur est bon ! Le mal est profond, mais cette crise aura pour avantage de mettre à nu la médiocrité des responsables politiques qui ont démontré leur incapacité totale à gouverner. Elle fera également prendre conscience de la nécessité de changer complètement de cap et de construire une gouvernance saine et dynamique, avec le concours de toutes les potentialités humaines ; le recours à la planche à billets et au prêt à intérêt ne constitue nullement la solution. Celles-ci existent à profusion. Hélas, les meilleurs des cadres ont été écartés et poussés à l’exil.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a annoncé, mercredi, un plan de renflouement des banques et établissements financiers en activité en Algérie, dans le but de faire face à une grave crise provoquée par l’amenuisement des liquidités.
La Banque d’Algérie prévoit un retour massif des établissements financiers au refinancement auprès de la Banque d’Algérie à partir du mois de février 2016. “Eu égard au choc externe violent, le rythme d’expansion des crédits à l’économie ne semble pas être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie”, expliquait Mohamed Laksaci, se basant sur les termes d’un rapport élaboré par la banque mère.
La situation actuelle vient témoigner de la totale dépendance du secteur bancaire algérien des revenus rentiers générés par les hydrocarbures, dont la régression actuelle ne peut qu’impacter négativement le circuit financier.
Fortement déstabilisées par le recul considérable des revenus pétroliers, la liquidité globale des banques s’est établie fin septembre 2015, à 1.828 milliard de dinars (mds DA) contre 2.730,88 mds DA à la même période en 2014.
Devant cette situation alarmante, le gouverneur de la banque centrale a annoncé la tenue d’une opération d’audit des banques dont l’objectif est d’évaluer la capacité des établissements bancaires à surmonter la crise qui s’annonce.
Massi Mansour / Abdou Semmar