Comment est-il possible de publier un reportage aussi honteux, un tissu de mensonges et de propagande complotiste indigne d’une chaîne de télévision officielle ! RTS veut-elle faire croire à la population que le géant de l’agrochimie Syngenta a caché pendant 20 ans des études qui démontrent que son produit l’Abamectin est en réalité extrêmement dangereux puisqu’il cause des retards de croissance du cerveau chez les rats ! Est-il concevable une seconde d’accuser des médecins et des chercheurs ainsi que d’éminents hommes d’affaires helvètes de vouloir tuer les consommateurs ? Certainement pas, ce n’est pas possible ! Ça voudrait dire qu’ils ont préféré commercialiser ce poison et tuer des gens en gagnant beaucoup d’argent en toute connaissance de cause, ce qui est inacceptable !
On n’en appelle donc au retrait de ce reportage scandaleux et à la censure de cet article de presse honteux dans les plus brefs délais. Il est inacceptable de constater que l’AFP et RTS puissent se rendre complices de la diffusion de propos complotistes irresponsables qui ne font qu’augmenter la défiance envers les autorités.
Deux chercheurs suédois ont accusé jeudi des géants des pesticides, dont Bayer et Syngenta, d’avoir caché la toxicité de leurs produits pour obtenir leur autorisation en Europe. Les entreprises concernées assurent elles avoir respecté leurs obligations réglementaires.
Concrètement, les fabricants n’auraient pas remis aux autorités sanitaires européennes des études sur la toxicité de leurs produits pour le cerveau. L’affaire a été révélée par un consortium de médias européens, dont SRF.
L’attitude de ces firmes semble être un « phénomène récurrent » et remet en cause le sérieux de l’évaluation par l’Union européenne des risques sanitaires associés aux pesticides, indique l’étude publiée dans la revue Environmental Health.
Les instances européennes comparent l’affaire au « Dieselgate », le scandale des moteurs diesel truqués du groupe Volkswagen.
Des informations cachées aux autorités européennes
Pour obtenir une autorisation de mise sur le marché, un pesticide doit être validé aux États-Unis, par l’Environment Protection Agency, et en Europe, par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Les industriels doivent ainsi transmettent leurs études concernant les effets sur la santé avant d’obtenir, ou non, une réponse favorable.
En comparant les dossiers présentés par plusieurs industriels, les scientifiques se sont rendu compte que les informations concernant la toxicité potentielle pour le développement du cerveau étaient présentes dans la demande américaine, mais manquantes dans celle qui a été soumise aux autorités européennes.
Neuf pesticides concernés
Sur 35 études réalisées de 1993 à 2015, neuf sont concernées par la tromperie. C’est par exemple le cas de l’abamectine, un insecticide commercialisé au départ par Syngenta, et l’ethoprophos de Bayer. Chacune des études concernait un pesticide différent et certaines ont mis en avant des problèmes de développement chez les animaux testés, comme une puberté tardive. Les tests ont été menés il y a plus de vingt ans sur des souris de laboratoire et leur progéniture.
Ces études ont bien été transmises aux autorités américaines, mais pas aux européennes.
Ces pesticides ont ensuite été mis sur le marché en 2008 et 2007 et utilisés notamment sur les cultures de tomates, de fraises, de pommes de terre ou encore d’aubergines. Depuis lors, l’autorité européenne a drastiquement réduit l’usage de l’abamectine qui est encore utilisé en Suisse. De son côté, l’ethoprophos a été strictement interdit au sein de l’Union européenne.
Les firmes se défendent
Bayer et Syngenta n’ont pas démenti que certaines études n’avaient pas été remises à l’UE, mais ont assuré que ce choix n’enfreignait pas leurs obligations en matière d’informations à donner aux autorités. Elles assurent aussi avoir scrupuleusement suivi la réglementation européenne. Les entreprises assurent en outre que les études sur le cerveau en développement n’étaient pas explicitement exigées au moment des faits.
Bayer a également justifié son choix par des différences de réglementations entre les Etats-Unis et l’UE, assurant que les études en question « n’auraient pas changé l’évaluation » des autorités européennes et n’auraient eu d’impact sur l’interdiction des produits. Les scientifiques suédois qui ont révélé l’affaire, Axel Mie et Christina Ruden, ne partagent pas cet avis. Selon eux, transmettre cette étude aurait a minima pu limiter l’utilisation de ces produits en jouant sur la quantité autorisée ou sur l’indication des risques encourus.
Pour éviter que cela ne se reproduise, les chercheurs suggèrent de recouper les données disponibles sur ces substances à travers le monde et de commencer à sanctionner la rétention d’information sur la toxicité.
Sujet radio: Foued Boukari
Adaptation web: Julie Marty avec afp